Yotham Baranes Yotham Baranes

Délivrance, par Pierre Feuga

C’est après avoir enchaîné un séminaire de massage cachemoirien avec Bob Lanflure, un atelier de bhastrika non-stop avec Shrî Shrî Shrî Bilobânanda Swâmi, une rando chamanique avec Mijanou Raifort, ex-Claudette initiée par Jimmy Iboga, une sesshin sans boire dans le désert libyen avec Maître Raoul Takaraké, une retraite néo-Bôn de 3 jours 3 heures et 3 minutes avec Freddy Rimpoché, le kiné de la Queue-en-Brie..

C’est après avoir enchaîné un séminaire de massage cachemoirien avec Bob Lanflure, un atelier de bhastrika non-stop avec Shrî Shrî Shrî Bilobânanda Swâmi, une rando chamanique avec Mijanou Raifort, ex-Claudette initiée par Jimmy Iboga, une sesshin sans boire dans le désert libyen avec Maître Raoul Takaraké, une retraite néo-Bôn de 3 jours 3 heures et 3 minutes avec Freddy Rimpoché, le kiné de la Queue-en-Brie, une séance de rap soufi avec Momo, le derviche de la rue des Boulets, un stage de jeûne chrétien pour jeunes mariés avec le Père Kevin Burnes, un week-end solognot d’« uddiyâna-bandha et chasse à courre » avec Marc Titus de Saint-Breuil, un éveil accéléré des chakras (parrainé par Interflora) avec Pat Gooseberry, mieux connue sous le nom de Durga Dum Dum, et Porfirio Glaviotti, ancien garde du corps de Fabien Barthez, une cure d’« urinothérapie et longévité : réalité ou mythe ? », à Beaune, avec Max Gorgeon (disciple du regretté Pipilasparshananda, 1952-1996), et enfin peut-être (car l’ordre ultime m’échappe) une initiation au Tantra du pied gauche (lignée de la balançoire bleue) par Mâ Mahâyonî Devî, dite Chouchou d’Éveil, – qu’une lueur se fit jour en elle : ce qu’elle cherchait depuis si longtemps, y ayant sacrifié tant de temps, tant d’argent, tant de larmes, c’était, ce n’était qu’elle-même et personne ne peut devenir autre que ce qu’il est. D’abord des larmes encore (les dernières ?) lui montèrent aux yeux puis, faible aurore perçant la nuit, un sourire commença de frémir sur ses lèvres, enfin un rire immense, cruel, indéfini, mortel la submergea, l’emporta. Tant d’énergie à chercher ce qu’elle n’avait jamais perdu ! Tant de souffrances infligées à ses proches ! Tant d’illusions entassés et maintenant dispersées comme feuilles mortes au grand vent de sa joie ! De sa joie féroce et éternelle. Avec une tendresse de fauve elle déchira la dernière proposition de stage qu’elle avait reçue : une semaine avec un idiot déplumé dont les initiales PF disaient assez qu’il s’agissait d’un Pauvre Fou.

Pierre Feuga

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Śirśāsana - la posture sur la tête

śirśāsana, c’est une histoire de rencontre entre la terre et le ciel. Une inversion du soleil et de la lune. La sarvāṅgāsana est la reine, śirśāsana est le roi.

Sur le plan énergétique c’est une posture puissante pour éveiller sahasrāra cakra et pour cela est considérée comme l'une de plus grandes postures du haṭha-yoga.

Elle installe un état méditatif instantané.

śirśāsana, c’est une histoire de rencontre entre la terre et le ciel. Une inversion du soleil et de la lune. La sarvāṅgāsana est la reine, śirśāsana est le roi. 

Sur le plan énergétique c’est une posture puissante pour éveiller sahasrāra cakra et pour cela est considérée comme l'une de plus grandes postures du haṭha-yoga.

Elle installe un état méditatif instantané.

Cette posture dirige naturellement le sang vers le cerveau et la glande pinéale, revitalisant ainsi l’ensemble du corps. Elle renverse l'effet de la gravité sur la colonne vertébrale et permet une régénération des espaces intervertébraux mais aussi celle des organes interns.

Bonne pratique !

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

L'alimentation du Yogi (mitâhâra) par Koos Zondervan

Ce troisième article de la série, exposant les instructions sur le yoga données par Jean Klein, explique comment vous pouvez soutenir votre engagement dans la voie du yoga par une alimentation appropriée. Je vous conseille de vous imprégner de ces connaissances tout en les mettant en pratique avec souplesse. Cette souplesse était également présente dans les recommandations de Jean Klein. Par exemple je me souviens que Jean Klein, durant un séminaire en Allemagne, nous expliquait qu'il était sage de rester à l'écart des sucreries et pâtisseries tout en nous glissant que, de temps en temps, exceptionnellement, nous pouvions succomber à un « Apfelkuchen » (tarte aux pommes). Lorsqu'on suit l'approche de Jean Klein, selon ma propre expérience, la sensibilité rapidement se développe et le corps demandera de lui-même la nourriture qui lui convient. Se nourrir ainsi ne sera plus alors vécu comme une discipline imposée mais simplement comme un mode de vie permettant de se sentir bien. Jean Klein donnait les instructions suivantes :

Ce troisième article de la série, exposant les instructions sur le yoga données par Jean Klein, explique comment vous pouvez soutenir votre engagement dans la voie du yoga par une alimentation appropriée. Je vous conseille de vous imprégner de ces connaissances tout en les mettant en pratique avec souplesse. Cette souplesse était également présente dans les recommandations de Jean Klein. Par exemple je me souviens que Jean Klein, durant un séminaire en Allemagne, nous expliquait qu'il était sage de rester à l'écart des sucreries et pâtisseries tout en nous glissant que, de temps en temps, exceptionnellement, nous pouvions succomber à un « Apfelkuchen » (tarte aux pommes). Lorsqu'on suit l'approche de Jean Klein, selon ma propre expérience, la sensibilité rapidement se développe et le corps demandera de lui-même la nourriture qui lui convient. Se nourrir ainsi ne sera plus alors vécu comme une discipline imposée mais simplement comme un mode de vie permettant de se sentir bien. Jean Klein donnait les instructions suivantes :

1. L'alimentation humaine doit être basée sur des céréales complètes.

2. Les boissons et nourritures artificielles doivent être évitées.

3. L'association des aliments au cours d'un repas doit être telle que notre corps soit capable de bien les digérer ensemble.

1 Malheureusement dans notre société les céréales sont souvent « gâchées » (par exemple par l'ajout de sucre) ou affaiblies (par le raffinage). « Le pain blanc est typiquement une invention de l'ego. » (Jean Klein)

2 Exemples de nourriture artificielle : le sucre blanc, la farine blanche, le sel de cuisine, les produits contenant des additifs chimiques tels que certains conservateurs, colorants, exhausteurs de goût, ou des saveurs, parfums, édulcorants artificiels, etc. De même, certains modes de cuisson comme la cuisson au four, la friture, la grillade ou la fumaison peuvent transformer les aliments à tel point qu'ils seront alors considérés comme artificiels. Exemples :

- Le pain grillé : il faudrait gratter les parties trop cuites ou noircies, nocives.

- La nourriture revenue, frite ou cuite au four à l'huile végétale (par exemple l'huile de tournesol), se trouve alors imprégnée de corps gras saturés, nocifs.

- Durant le processus de fumaison comme par exemple du poisson, la nourriture est contaminée par des substances cancérigènes.

- Le café torréfié.

- Notre chocolat ordinaire est fait de cacao torréfié. Il contient du sucre et des graisses cuites, qui selon Jean Klein sont nuisibles pour le foie et la vésicule biliaire. Heureusement, de nos jours on trouve du chocolat cru qui ne produit pas ces effets désagréables.

- De même, les oléagineux (noix, amandes, noisettes, etc.) devraient être consommés crus et non grillés.

- Jean Klein considérait le thé noir ordinaire comme une boisson artificielle. Si je suis à l'écoute de mon corps lorsque je bois de ce thé, je suis effectivement en mesure de reconnaître qu'il contient des éléments que mon organisme n'apprécie pas. En revanche, si je bois du thé noir de type Pu-erh, il ne provoque pas cette réaction négative. Jean Klein conseillait de boire des tisanes au lieu de café et de thé noir. Il disait que, si nous l'apprécions, nous pouvons ajouter un peu de miel. Je considère les thés Pu-erh, vert et blanc comme des tisanes.

En accord avec la tradition du yoga, Jean Klein conseillait d’éviter les boissons alcoolisées. Si vous souhaitez tout de même boire occasionnellement une boisson alcoolisée, il est conseillé de boire du vin rouge biologique et sans sulfites ajoutés.

3 Lorsque dans les débuts je demandais à Jean Klein de me conseiller un régime qui pourrait convenir à la pratique du prânâyâma avec kumbhaka, il me conseilla le suivant :
- Au petit-déjeuner : yoghourt et fruits.

- Au déjeuner : salade de légumes crus, suivie de féculents avec des légumes cuits à l'eau ou vapeur, par exemple du riz complet ou des pâtes de farine complète accompagnés de légumes, ou une potée de pommes de terres et de légumes.

- Au dîner : salade de légumes crus, suivie de protéines accompagnées de légumes cuits. Exemples de protéines :

œufs, fromage (de préférence une certaine sorte de fromage blanc : ce sera expliqué plus tard), poisson.

Il me conseilla d'ajouter un peu de sel marin non raffiné à la nourriture cuite. Bien sûr, on peut aussi ajouter des fines herbes ou des épices comme du curry, du gingembre, etc.

Si nous analysons ce régime spécial prânâyâma, nous pouvons constater qu'il obéit à toutes les règles du régime dissocié promulgué par Herbert Shelton, un médecin américain connu pour sa connaissance des associations alimentaires (voir bibliographie).

 

Instructions concernant les associations alimentaires

1. L'association de féculents et de protéines est difficile à digérer pour notre corps. De ce fait il vaut mieux éviter de manger des féculents (céréales, pommes de terre) et des protéines (œufs, poisson, fromage, oléagineux) au même repas.

2. Les sucres (sucre, miel, fruits sucrés, etc.) s'associent mal avec les féculents, de même qu'avec les protéines. C'est pourquoi Herbert Shelton conseillait de « déserter les desserts ».

Les fruits contiennent de nombreux éléments qui sont bons pour la santé, mais puisque la plupart d'entre eux sont incompatibles aussi bien avec les féculents qu'avec les protéines, Herbert Shelton conseillait de manger les fruits au petit-déjeuner. Dans la tradition du yoga, les produits laitiers fermentés (spécialement les yoghourts et le fromage blanc) sont hautement estimés. Pour cette raison et parce que la plupart des gens digèrent bien l'association de yoghourt et de fruits, le régime spécial prânâyâma propose cette association pour le petit-déjeuner. Quelques fruits qui offrent plus de possibilités d'associations :

  • les tomates ne contiennent presque pas de sucre. C'est pourquoi, si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter des tomates à votre salade de légumes crus. De même, l'association de fromage et de tomates est acceptable.

  • Les avocats ne contiennent pour ainsi dire pas de sucre ni d'acides et de ce fait s'associent bien avec les céréales (par exemple du pain) et des pommes de terre.

  • Les oléagineux s'associent bien avec les fruits acides. (bibliographie 1)

Après cette information importante à propos de la bonne association des aliments, nous allons en détailler les principales catégories :

Les fruits

Les fruits peuvent être classifiés ainsi :

Les fruits sucrés : bananes, raisins, dattes, figues, kakis.

Les fruits semi-acides : pommes, poires, abricots, pêches, nectarines, prunes, cerises, myrtilles, mangues.

Les fruits acides : oranges, mandarines, citrons, pamplemousses, kiwis, ananas, de nombreuses sortes de baies comme les framboises, fraises, mûres, fruits de la passion, litchis, etc.

D'après Jean Klein, les fruits semi-acides sont les mieux adaptés aux humains, tout particulièrement les pommes et les abricots. Même si les fruits secs ne sont pas aussi bons pour la santé que les fruits frais, nous pouvons en manger sans problème (attention toutefois qu'ils n'aient pas été sulfatés). La plupart des fruits secs doivent être mis à tremper dans l'eau pendant quelques heures avant d'être consommés. Jean Klein conseillait de manger seulement des quantités modérées de fruits acides. Il nous disait aussi que les bananes ne conviennent que si elles sont mûres (avec des taches noires sur la peau).

Les légumes

Dans le régime spécial prânâyâma, le déjeuner et le dîner commencent par une salade de légumes crus. Jean Klein nous disait que cela avait un effet bénéfique sur la digestion et sur la santé en général. Il m'avait conseillé d'utiliser un peu de jus de citron pour la sauce à salade (au lieu de vinaigre). Un aspect intéressant du jus de citron est que sa teneur importante en vitamine C permet à l'organisme de mieux absorber certains minéraux contenus dans les légumes comme le fer, par exemple. La plupart du temps, je fais ma sauce à salade avec un peu de jus de citron, du shoyu ou du tamari et de l'huile d'olive pressée à froid.

Jean Klein disait que lorsque nous cuisons des plantes à bulbe (comme l'oignon), à tubercule (comme le céleri-rave) ou à feuilles (comme l'endive), elles libèrent après quelques minutes dans l'eau bouillante certains composants qui, si nous en consommons trop, ont un effet néfaste sur la souplesse de nos muscles et articulations. Pour cette raison il nous conseillait de jeter cette première eau après quelques bouillons et de poursuivre la cuisson avec une nouvelle eau ou à la vapeur. Personnellement je préfère cuire ensuite les légumes à l'étouffée dans une petite quantité d'eau avec un peu de ghee (beurre clarifié) et des herbes ou des épices.

Les légumes secs, qui doivent être mis à tremper pendant quelques heures avant cuisson, contiennent beaucoup de féculents ainsi que des protéines. Pour cette raison ils sont difficiles à digérer. Si vous les digérez mal, il vaut mieux ne pas en manger, ou alors sous la forme adoucie d'une soupe de lentilles. Moi-même je mange de temps en temps des légumineuses en association avec des légumes cuits à l'étouffée (après une salade de légumes crus).

Jean Klein conseillait de manger l'ail seulement cru, en très petite quantité. Lorsqu'il est cuit, l'ail est difficile à digérer. Avec l'oignon, c'est juste l'inverse. Lors d'une conversation privée, Jean Klein me précisa même que l'oignon cru se classe dans la catégorie des nourritures « tamasiques ». Toutefois, les oignons ainsi que les poireaux cuits sont excellents pour la santé.

Les protéines

Vous avez peut-être remarqué que dans le régime spécial prânâyâma les oléagineux ne figurent pas dans la liste des protéines. La raison en est que les oléagineux sont plutôt difficiles à digérer. Toutefois, les oléagineux tels que les noix et les amandes sont très bons pour la santé et vous pouvez, si vous le souhaitez, en ajouter à votre salade de légumes crus lorsque vous mangez des protéines. Il m'arrive maintenant de prendre le soir une petite collation d'agrumes avec quelques oléagineux.

Nous allons maintenant regarder de plus près cette question du fromage blanc. Le fromage blanc est plus doux que le fromage ordinaire. La différence lors de la fabrication est la suivante : après avoir ajouté au lait de la présure et différentes formes de lactobacilles, lors de la procédure standard, le lait fermenté est assez rapidement rincé et les sucres du lait de même que la plupart des lactobacilles sont ainsi éliminés. Lors de la fabrication de la meilleure sorte de fromage blanc, le lait fermenté n'est pas rincé et les différentes formes de lactobacilles agissent pendant plusieurs heures. Un produit complètement différent en résulte. Il y a quelques dizaines d'années, les professeurs de la Fédération néerlandaise de Yoga invitèrent le Docteur Chandra de Londres à donner des conférences lors du Congrès annuel à Elspeet. Au cours d'une de ses conférences, il expliqua que cette sorte de fromage blanc est bien meilleure pour la santé et plus digeste que le fromage habituel. Je me souviens d'un détail, à savoir que par l'action prolongée des différentes formes de lactobacilles, la longueur des molécules de graisse était considérablement réduite.

Lorsqu'il me donna ses instructions pour un régime spécial prânâyâma, Jean Klein me dit que, si je le souhaitais, je pouvais manger du poisson lors de mes repas de protéines. En ce temps-là j'étais strictement végétarien mais, comme je le décrirai à la fin de cet article, cette instruction devint très importante pour moi environ vingt ans plus tard.

En accord avec la tradition du yoga, Jean Klein nous disait que la consommation de viande était néfaste, spécialement la consommation de porc.

Si vous choisissez de manger un repas avec des œufs, le fait de les cuire à la coque (avec le blanc pris et le jaune encore liquide) est excellent pour la santé.

Quelques effets positifs d'une nourriture appropriée

Lorsque nous mangeons de façon appropriée, nous devenons satviques, légers, réceptifs, dans une disponibilité complète. (Jean Klein, bibliographie 2)

Le livre « Anticancer » (David Servan-Schreiber, bibliographie 3) confirme clairement que, si vous suivez les conseils de Jean Klein au sujet de l'alimentation, vous créez des conditions anticancer dans votre organisme. Les produits mentionnés dans ce livre sont, pour leurs importants effets anticancer, à part les fruits et les légumes, le thé vert, le curry (son principal ingrédient est le curcuma, qui doit être associé au poivre noir pour être assimilé) et le cacao. Le livre « The Food Hourglass » (bibliographie 4) explique les aspects positifs du cacao. Il montre que le chocolat cru est un puissant aliment anticancer.

Le fait de suivre les règles concernant les bonnes associations alimentaires n'apporte pas seulement une meilleure digestion, mais évite également les effets négatifs résultant des mauvaise associations : « Les mauvaises associations alimentaires nécessitent un énorme supplément d'énergie pour être digérées. Cette énergie est retirée d'autres sources d 'énergie dans notre organisme. Nous pouvons nous sentir mentalement ou physiquement léthargiques ou au contraire surexcités, déprimés ou nerveux. Nous pouvons rire, parler, agir ou penser de façon impulsive. Il peut y avoir de l'inconfort physique. » (Jean Klein, bibliographie 2)

Il y a longtemps, j'ai eu deux angines dans un court laps de temps. Notre médecin me prescrivit d'abord des antibiotiques et, la seconde fois, me conseilla de me faire opérer des amygdales. Heureusement, je découvris à ce moment-là le livre du Dr Shelton (bibliographie 2) et commençai à suivre ses instructions sur les combinaisons alimentaires. Ce qui eût comme résultat la rapide guérison de mes amygdales, et m'évita l'opération.

En résumé, nous pouvons conclure que le fait de se nourrir selon les bonnes combinaisons alimentaires va nous prémunir de nombreux désagréments physiques et psychiques.

La nourriture devrait être produite selon les lois cosmiques qui soutiennent l'harmonie (ritam)

Nous vivons dans un monde où tout est relié. Un sage agit de façon à ne pas déranger les lois de l’harmonie. Il agit en accord avec les lois cosmiques qui soutiennent l'harmonie (ritam). Quelques aspects de ritam concernant la production de la nourriture :

1. Elle ne doit pas nuire à l'humain, ce qui veut dire que personne ne doit être exploité lors du processus de production.

2. Elle ne doit pas nuire à l'animal. Par exemple, un producteur d’œufs devrait offrir à ses poules des conditions de vie qui leur permettent de se sentir bien. Il devrait leur donner une nourriture saine et non traitée. Jean Klein estimait que, de même que pour les humains, l'alimentation des volailles devrait être basée sur des céréales complètes.

3. Elle ne doit pas nuire à l'environnement. Les plants et les arbres devraient être produits selon les règles de l'agriculture biologique, sans produits chimiques qui empoisonnent l'environnement et souvent aussi les plants et les arbres.

Quelle est la nourriture appropriée pour moi ?

Même si les principaux aspects d'une alimentation saine ont été abordés, je peux imaginer qu'on puisse se poser cette question. L'alimentation idéale pour chacun dépend de nombreux facteurs tels que la constitution, la manière de vivre et aussi l'âge. Jean Klein, en authentique siddha, était clairvoyant à tous les niveaux et ses élèves avaient la chance de pouvoir bénéficier de conseils individualisés. Environ 15 ou 20 ans après qu'il m'eût donné le régime prânâyâma, Jean Klein me conseilla de remplacer le yoghourt et les fruits de mon petit-déjeuner par des céréales complètes. Lorsque je lui demandai pourquoi ce changement était nécessaire, il me répondit que le fonctionnement de mon corps avait changé. Dans mon précédent article au sujet des postures de yoga, l'écoute du corps était prépondérante. En ce qui concerne l'alimentation, l'écoute du corps est également le meilleur moyen pour déterminer ce qui nous convient. Un indicateur important est l'état de la muqueuse nasale au moment du réveil. Si le nez est bouché, il est souvent facile de trouver quel aliment consommé la veille en est la cause.

L'intelligence du corps

Jean Klein nous avait dit une fois que l'approche du yoga telle qu'il nous l'enseignait éveillait l'intelligence corporelle. Il y a quinze ans, je fus atteint d'une maladie intestinale, des colites ulcéreuses. Le diagnostic fut établi par un spécialiste de la ville de Groningen. Il me dit que cette maladie était incurable et que j'aurai à prendre des médicaments jusqu'à la fin de mes jours afin d'en supprimer les symptômes. Je me sentais défait et me mis à méditer sur la situation en laissant de côté mon intellect, puisqu'il n'avait pas été capable de trouver une solution. Pendant ma méditation surgirent soudain très clairement des souvenirs vieux de 40 ans me rappelant à quel point, enfant, j'aimais le maquereau. Je pris cela comme un message de mon intelligence corporelle et décidai de cesser mon style de vie strictement végétarien pour m'autoriser à manger de nouveau des poissons gras tels que le maquereau. Peu de temps après cette décision, l'une de mes élèves de yoga m'apporta un article de Bertine Geerling avec pour titre « Alimentation et maladies intestinales inflammatoires » (en hollandais). Cet article disait que les acides gras de type omega 3 contenus dans les poissons gras sont parfois un bon médicament pour les personnes souffrant de colites ulcéreuses. Dans mon cas cela s'avérait exact. Après avoir mangé deux maquereaux par semaine pendant trois semaines (bien sûr accompagnés de légumes), tous les symptômes disparurent complètement. Lorsque peu de temps après ma guérison je dus me rendre à l'hôpital pour y chercher mes médicaments, je pus dire : « Gardez-les, parce que je n'en ai plus besoin ». La maladie n'est jamais revenue.

Koos Zondervan

Bibliographie

Les combinaisons alimentaires et votre santé, Herbert M. Shelton, Éditions Le Courrier duLivre, 2008

The book of listening, Jean Klein, Non-Duality Press, 2008

Anticancer, David Servan-Schreiber, Éditions Pocket/Robert Laffont, 2007

The Food Hourglass, Kris Verburgh, Harpercollins Publishers, 2014 (traduction Barbara Litzler-Hausheer)

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

La Salutation au Soleil - Sūrya namaskāraḥ

Sūrya namaskāraḥ, la salutation au Soleil ne fait pas partie du yoga traditionnel. Elle a été ajoutée à la pratique classique du yoga tardivement. Néanmoins cette salutation représente un moyen efficace pour s’échauffer et renforcer les systèmes musculaire et cardio-vasculaire. Le meilleur moment de la journée pour pratiquer la salutation au soleil est au soleil levant ou au soleil couchant. Elle peut aussi se pratiquer à d'autres moments de la journée sauf tard dans la soirée. La variante proposée dans cette vidéo est simplifiée et semble être adaptée aux débutants. D'autres variantes existent et nous allons les présenter sur cette chaîne. Bonne Pratique !

Sūrya namaskāraḥ, la salutation au Soleil ne fait pas partie du yoga traditionnel. Elle a été ajoutée à la pratique classique du yoga tardivement. Néanmoins cette salutation représente un moyen efficace pour s’échauffer et renforcer les systèmes musculaire et cardio-vasculaire. Le meilleur moment de la journée pour pratiquer la salutation au soleil est au soleil levant ou au soleil couchant. Elle peut aussi se pratiquer à d'autres moments de la journée sauf tard dans la soirée. La variante proposée dans cette vidéo est simplifiée et semble être adaptée aux débutants. D'autres variantes existent et nous allons les présenter sur cette chaîne. Bonne Pratique !

Les 24 sūrya-mantra

1. Oṃ Hrāṃ mitrāya namaḥ     salut à l’Ami

2. Oṃ Hrīṃ ravaye namaḥ     salut à l’Astre solaire

3. Oṃ Hrūṃ sūryāya namaḥ     salut au Créateur

4. Oṃ Hraïṃ bhānave namaḥ     salut au Resplendissant

5. Oṃ Hrauṃ khagāya namaḥ     salut à Celui qui parcourt le ciel

6. Oṃ Hraḥ pūṣṇe namaḥ     salut à Celui qui fait prospérer

7. Oṃ Hrāṃ hiraṇyagarbhāya namaḥ   salut à Celui qui a un corps d’or

8. Oṃ Hrīṃ marīcaye namaḥ     salut au Radieux

9. Oṃ Hrūṃ ādityāya namaḥ     salut au fils d’Aditi (infini)

10. Oṃ Hraïṃ savitre namaḥ     salut au Stimulateur

11. Oṃ Hrauṃ arkāya namaḥ     salut au Rayonnant 

12. Oṃ Hraḥ bhāskarāya namaḥ     salut à Celui qui illumine 

13. Oṃ Hrāṃ hrīṃ mitrā-ravi-bhyāṃ namaḥ

14. Oṃ Hrūṃ hraïṃ sūryā-bhānu-bhyāṃ namaḥ

15. Oṃ Hrauṃ hraḥ khagā-pūṣa-bhyāṃ namaḥ 

16. Oṃ Hrāṃ hrīṃ hiraṇyagarbha-marīci-bhyāṃ namaḥ

17. Oṃ Hrūṃ hraïṃ āditya-savitṛ-bhyāṃ namaḥ

18. Oṃ Hrauṃ hraḥ arka-bhāskara-bhyāṃ namaḥ

19. Oṃ Hrāṃ hrīṃ hrūṃ hraïṃ mitra-ravi-sūryā-bhānu-bhyo namaḥ

20. Oṃ Hrauṃ hraḥ hrāṃ hrīṃ khaga-pūṣa-hiraṇyagarbha-marīci-bhyo namaḥ  

21. Oṃ Hrūṃ hraïṃ hrauṃ hraḥ āditya-savitṛ-arka-bhāskare-bhyo namaḥ 

22. Oṃ Hrāṃ hrīṃ hrūṃ hraïṃ hrauṃ hraḥ mitra-ravi-sūrya-bhānu-khaga-pūṣe-bhyo namaḥ

23. Oṃ Hrāṃ hrīṃ hrūṃ hraïṃ hrauṃ hraḥ hiraṇyagarbha-marīcy-āditya-savitṛ-arka-bhāskare-bhyo namaḥ

24. Oṃ Hrāṃ hrīṃ hrūṃ hraïṃ hrauṃ hraḥ Oṃ hrāṃ hrīṃ hrūṃ hraïṃ hrauṃ hraḥ mitra-ravi-sūrya-bhānu-khaga-pūṣa-hiraṇyagarbha-marīcy-āditya-savitṛ-arka-bhāskare-bhyo namaḥ  

Oṃ śrī savitṛ-sūrya-nārāyaṇa para-brahmaṇe namaḥ

caturviṃśati-namaskārān samarpayāmi

Hommage à śrī savitṛ sūrya nārāyaṇa, le suprême Brahman

A lui j’offre ces 24 salutations

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Des yogis et des hommes par Pierre Feuga

Il y en a qui yamaniyamisent du matin au soir et il y en a qui se fichent des yama-niyama.

Il y en a qui occupent une heure de yoga avec trois postures et il y en a qui enchaînent soixante postures à la demi-heure.

Il y en a qui inspirent de bas en haut et il y en a qui inspirent de haut en bas.

Il y en a qui se dopent au kapâlabhâti et il y en a qui, au bout de cinq respirations, prennent un air de héros fatigué…

Il y en a qui yamaniyamisent du matin au soir et il y en a qui se fichent des yama-niyama.

Il y en a qui occupent une heure de yoga avec trois postures et il y en a qui enchaînent soixante postures à la demi-heure.

Il y en a qui inspirent de bas en haut et il y en a qui inspirent de haut en bas.

Il y en a qui se dopent au kapâlabhâti et il y en a qui, au bout de cinq respirations, prennent un air de héros fatigué.

Il y en a qui méditent à l’aube, d’autres le soir, certains tournés vers l’est, certains tournés vers eux-mêmes, et d’autres qui ne méditent pas du tout, et d’autres qui croient méditer.

Il y en a qui s’ennuient en méditant et il y en a qui ne savent pas qu’ils s’ennuient en méditant.

Il y en a qui beuglent des mantras, d’autres qui bricolent dans le tantra, d’autres qui dessinent des yantras, et d’autres qui confondent mantras, tantra et yantras.

Il y en a qui savent le sanskrit, d’autres qui font croire qu’ils savent le sanskrit et d’autres qui s’imaginent qu’en Inde tout le monde parle sanskrit.

Il y en a qui sont allés en Inde, je veux dire dans un ashram en Inde, et d’autres qui ont peur d’aller en Inde, des fois que l’Inde ne ressemble pas à l’Inde.

Il y a des gouroulogues, des gourouphones, des gourouphiles, des gouroulâtres, des gouroulacariâtres, des gouroumaniaques, des gourouphobes, des gouroupathes, des gouroucides, des gourouphages, et il y aurait même encore quelques gourous.

Il y en a qui ont lu les Yoga-sûtra et qui regardent de haut ceux qui n’ont pas lu les Yoga-sûtra. Il y en a qui font semblant d’avoir lu les Yoga-sûtra, d’autres qui en ont lu un résumé. Et il y en a qui les confondent avec les Kâma-sûtra.

Il y en a qui sont pour les écoles — écoles du nord, écoles du Sud, écoles du Nord-ouest, du Sud-sud-ouest, Cachemire du XIIe siècle, Bihar du XIVe, tantrisme sikh, jaïnisme de la Main gauche… — et d’autres qui sont contre les écoles (à bas les systèmes, vive la spontanéité !) et d’autres qui disent que toutes les écoles se valent, tout est dans tout n’est-ce pas, et ceux qui changent d’école tous les deux ans et ceux qui ne supportent pas qu’on change d’école.

Il y en a qui ont six chakras, dont trois ouverts, et d’autres sept, quatorze ou soixante-quatre, et tous ouverts, ou bien alternativement, et puis qui peuvent ouvrir les chakras fermés des autres, ou bien fermer leurs chakras ouverts, attention pas de fausse manœuvre. Et puis il y a les malheureux qui n’ont jamais senti en eux le moindre chakra et n’osent pas l’avouer, sauf quand ils font un rebirth.

Il y a ceux qui combinent yoga et rebirth, yoga et psychanalyse, yoga et karaté, yoga et poterie, yoga et chasse à courre.

Il y a ceux qui ne cuisinent qu’au ghee, qui mastiquent cent huit fois leurs graines hypercomplètes ou bien qui les avalent le plus vite possible, bon débarras, il y en a qui jeûnent et qui le font savoir, qui se purifient et vous le font sentir, qui craignent plus que tout de se réincarner en cochons. Et puis ceux qui mangent des côtes de bœuf en cachette et s’envoient un coup de rouge en se demandant avec une angoisse délicieuse si cela alourdira leur karma.

C’est que oui-da il y a des obsédés du karma comme il y a des fanas du mûla-bandha, des fondus de l’uddiyâna, des frappés de jâlandhara, des forcenés de la bhastrikâ, de vieux babas enragés de mudrâs, flottant dans le samsâra et dans l’odeur du gañja.

Comme il y a des yoginîs fumeuses de bidis, frétilleuses de la kundalinî, expertes en nauli, friandes de samâdhi, goûteuses d’amaroli, virtuoses en sahajolî, qui se font appeler Shakti lorsqu’elles s’unissent à leur Shiva, le samedi soir après le yoga, pour faire maithuna, yab-yum et youp-la-la.

(Mais il y en a tant d’autres qui voudraient bien savoir à la fin ce que c’est que maithuna, et cela les énerve.)

Oui, et ainsi va le samsarâ, et vive Mâyâ qui n’existe pas, si l’on en croit Gaudapâda, il y a des hommes qui se prennent pour des yogis, il y a des femmes qui se prennent pour des yoginîs, il y a des souris et des hommes, des souris et des yogis, et puis,

Shiva-Pârvatî soient loués, il y a des hommes et des femmes qui ne se prennent pour rien, et que le yoga prend dans ses bras et porte doucement, tendrement, et emporte, vers là-bas, qui déjà est ici, et c’est si beau alors et c’est si simple, le yoga."

Pierre Feuga

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Dormir dans les postures ? par Pierre Feuga

« Tout professeur de yoga a été ou sera un jour confronté à cette situation: un élève s'endort pendant le cours (il arrive, mais plus rarement, que ce soit le professeur qui s'endorme). Cet incident - qui est surtout gênant quand il s'accompagne de ronflements - se produit d'ordinaire pendant la relaxation finale ou pendant les brèves détentes qui entrecoupent les exercices..”

« Tout professeur de yoga a été ou sera un jour confronté à cette situation: un élève s'endort pendant le cours (il arrive, mais plus rarement, que ce soit le professeur qui s'endorme). Cet incident - qui est surtout gênant quand il s'accompagne de ronflements - se produit d'ordinaire pendant la relaxation finale ou pendant les brèves détentes qui entrecoupent les exercices, sans parler du fameux yoga-nidra que certains mettent à profit pour piquer un petit somme (ce qu'ils nient ensuite farouchement lorsqu'on les réveille). Quand on s'essaie à la concentration ou à la méditation assise, il advient aussi que plus d'un dos se tasse, qu'une tête s'incline ou qu'un brusque sursaut du soi-disant méditant nous révèle que ce dernier vient de sortir d'un état plutôt infra-conscient que supra-conscient.

On considère en général tous ces phénomènes d'une manière assez critique et négative, comme des preuves évidentes que l'élève est sous l'emprise de tamas(l'inertie, la torpeur) alors qu'on ne peut avancer dans le yoga, tout le monde vous le dira, que par la lucidité, la pleine conscience, la maîtrise de soi. Pourtant il est des cas, nous semble-t-il, peu fréquents mais dignes d'être mentionnés où l'endormissement dans une posture est la marque, non pas d'un défaut d'attention, mais tout au contraire d'une très grande intériorisation et devient la voie paradoxale vers un progrès.

J'ai ici le souvenir d'une jeune femme qui s'endormit ainsi - on serait presque tenté d'écrire qui "plongea", qui "s'abîma" - dans un âsana et s'en réveilla différente. Il s'agissait d'une torsion couchée que je décrirai brièvement: au départ, les bras en croix, on pose le pied droit sur le genou gauche (ou l'inversequand on prépare la torsion de l'autre côté), puis on se laisse rouler sur le côté gauche jusqu'à ce que le genou droit touche le sol; ensuite, en laissant ce même genou au sol (au besoin on le maintient avec la main gauche), on ouvre largement le bras droit vers la droite (la tête tournant dans le même mouvement). Dans les cas les plus défavorables, le bras droit reste alors suspendu à une certaine distance du sol. Assez nombreuses cependant sont les personnes dont la main, voire le poignet ou l'avant-bras, vient reposer (tandis que, rappelons-le, le genou droit reste collé au tapis de l'autre côté). Et tout à fait rares ceux ou celles dont l'épaule droite adhère au sol. Cela en tout cas n'était jamais arrivé à la pratiquante dont je parle, même après des années d'entraînement. Or un jour, par l'effet d'une extrême détente, un travail guidé très spécifique sur le souffle et l'espace, il arriva, comme j'ai dit, qu'elle glissa dans le sommeil. Lorsqu'elle reprit conscience, quelques minutes plus tard, elle s'aperçut que, pour la première fois, son épaule droite reposait, naturellement et sans réaction douloureuse, au sol, alors que son genou droit n'avait pas quitté ce dernier (ce qui montre qu'une "rigueur" intérieure était restée présente dans le sommeil). Sensation toute nouvelle dont elle fut à la fois surprise et heureuse. Mais le plus intéressant est le profit qu'elle en tira. Car, ayant goûté une fois, par un passage dans l'inconscient, cette sensation, elle devint désormais capable, à l'état conscient et éveillé, de la retrouver, de la reproduire, sinon immédiatement dès qu'elle avait pris la posture, du moins assez vite. Autrement dit, son corps connaît désormais, expérimentalement, le "but" à atteindre, sait qu'il est à sa portée et donc se laisse en quelque sorte couler vers lui en suivant la pente de moindre résistance. Le corps physique (ou "grossier" comme disent les Hindous) a enregistré le message, mémorisé l'aventure du corps subtil et suit maintenant docilement ses traces.

Nous venons d'employer l'expression "corps subtil". Selon la doctrine commune au yoga, au vedânta et à bien d'autres écoles, on sait que dans l'état de rêve - ou même à un moindre degré dans des états intermédiaires entre veille et rêve - notre conscience est transférée dans l'état subtil (taijasa) essentiellement caractérisé par la lumière et la chaleur. C'est dans le corps subtil que se situent les nâdîs, les chakras, les vâyus ou prânas, etc., tous ces "flux", "roues" et "vents" qui constituent notre réalité (notre "enveloppe") énergétique et ce corps possède une sorte d'"antériorité" et de "supériorité" par rapport au corps grossier fait de muscles, d'os, de nerfs, etc. Tous ce qui est réalisé dans ce corps "prânique" - en positif ou en négatif - est une acquisition permanente pour l'individu, ce qui n'implique pas que l'expérience vécue subtilement doive ensuite toujours être réalisée matériellement. Ainsi nous pouvons rêver que nous accomplissons tel ou tel âsana extrêmement difficile, que nous serions bien incapables d'effectuer à l'état éveillé. Pourtant, au moment de notre rêve, nous obtenons la sensation exacte de cet âsana, nous en goûtons la "saveur" véritable. Ces expériences - lorsqu'elles sont intenses et atteignent un certain "taux vibratoire" - ont une valeur quasi initiatique. L'état de conscience lié à la posture - car toute posture contient, au-delà de sa forme, un état de conscience - fait désormais partie de nous, nous l'avons intégré à notre être et peu importe qu'ensuite il trouve une correspondance corporelle dans notre vie. Une analogie, qui paraîtra peut-être étrange à certains, nous est fournie par les arts martiaux chinois dits "internes" (basés, non sur la force extérieure, mais sur le développement du qi, de l'énergie profonde): on dit ainsi que l'adversaire est vaincu avant d'être touché ou que deux maîtres n'ont pas besoin d'engager le combat ni même de croiser le regard pour savoir lequel, en cas de combat physique (devenu vain), dominerait l'autre: ils se devinent, se "pressentent" à distance. Ou encore, en alchimie, on dit que seuls les médiocres, les tâcherons (le "souffleurs") se donnent de la peine pour fabriquer de l'or. Les vrais adeptes, ceux qui ont réalisé l'Or en eux-mêmes, ne perdent pas leur temps à ces enfantillages.

Le hatha-yoga, tel qu'on l'enseigne habituellement, méconnaît ces extraordinaires possibilités du corps subtil. Certes, dans les manuels ou dans les cours, on nous parle volontiers de nâdîs, de chakras, etc., mais on a souvent l'impression qu'il s'agit d'une superstructure, d'une décoration artificielle, de notions plaquées, un peu académiques et rarement vécues de l'intérieur. On prend d'abord la posture, en se référant à telle ou telle technique selon l'école à laquelle on appartient, et ensuite, éventuellement, on travaille sur les chakras, on se concentre sur un "lotus" ou sur un autre, on transfère, on bricole... Peu de pratiquants explorent la démarche inverse: c'est-à-dire réaliser d'abord la posture subtilement (ce qui présuppose un changement d'état de conscience) et, seulement ensuite, lorsqu'on l'a totalement fait mûrir, lorsqu'on en a extrait l'essence, la réaliser dans et avec son corps physique. Il s'agit pourtant, non d'une fantaisie moderne, mais d'une tradition authentique, même si elle reste très peu divulguée. A ma connaissance, Jean Klein, qui a joué à nous quitter l'année dernière, fut le seul Occidental à avoir enseigné - et encore dans le privé, à des élèves choisis - cette forme de yoga qu'il avait reçue directement en Inde et qui remonte à l'ancien tantrisme shivaïte du Cachemire.

Le corps, selon cet enseignement, n'est rien d'autre qu'un "objet", une notion que nous avons un jour adoptée et à laquelle nous nous tenons pendant toute notre vie sans jamais la remettre en question. La notion que nous avons de ce corps est solide, pesante, réduite, limitée, c'est une sorte de contraction, une défense contre l'environnement. Or il ne tient qu'à nous de changer cette notion, d'opter pour des perceptions beaucoup plus fines, d'aller vers la sensation d'un corps fluide, léger, lumineux, en expansion, capable de s'insérer dans n'importe quel espace, de se fondre dans l'environnement au lieu de s'y opposer. Pour cela on emploie dans le tantrisme du Cachemire une faculté appelée bhâvanâ, qu'il est impossible de traduire d'un seul mot, car elle est à la fois imagination créatrice, sensibilité plastique, pouvoir d'évocation. Par cette faculté habilement guidée et développée, il s'avère possible d'abolir la frontière habituelle entre "extérieur" et "intérieur". On apprend à explorer et à incorporer l'espace, à sentir en soi ce qu'habituellement on perçoit hors de soi. La "vacuité" (shûnyatâ), concept commun aux shivaïtes du Cachemire et aux bouddhistes mahâyânistes, se révèle une réalité "tangible", une expérience vécue, de façon graduelle ou foudroyante, dans une partie précise du corps ou bien dans le corps tout entier. Le hatha-yoga classique - celui des Nâths, bien que peu de personnes le pratiquent encore aujourd'hui sous cette forme radicale - repose avant tout sur la volonté, l'effort, la "tenue", la "tension vers". Le yoga dont nous parlons n'a pas la même approche disciplinaire et violente et, s'il connaît toutes les techniques essentielles du hatha-yoga (âsanas, prânâyâmas, bandhas, mûdras), il les situe dans une autre perspective, les anime d'un esprit beaucoup plus souple, libre et ouvert. Il constate en effet que souvent l'effort, loin de volatiliser l'ego, le renforce. Le schéma de l'ascète s'élevant palier par palier vers une "perfection" idéale (appelée pompeusement "Libération" alors qu'il ne s'agit que d'une projection du mental), ce schéma, avec tous les "renoncements" qu'il implique, lui paraît assez naïf, car pour lui tout est déjà là, il n'y a rien à ajouter, rien à soustraire, il suffit de s'ouvrir à la Merveille éternelle.

Il ne nous est pas possible, dans le cadre de cet article, de développer tous les aspects très riches de cet enseignement. Que l'on sache cependant qu'il ne s'agit en rien d'un "système" qui voudrait se substituer à d'autres systèmes existants. Par exemple, dans ce yoga, on utilise beaucoup les images, les évocations sensorielles de toutes sortes (sonores, lumineuses, tactiles, sapides, olfactives). Mais l'enseignant qui les emploie doit être apte à les renouveler assez souvent, afin d'éviter toute habitude, tout conditionnement nouveau à son élève, tout "encroûtement", puisque le maître mot de cette tradition, avec celui de "vacuité", est celui de "liberté" - non pas une "libération" négative hors du samsâra mais une liberté active au sein de ce dernier. Et il doit éviter que le travail imaginatif ne tourne à l'intellectualisme. En fait, d'après notre expérience, ce ne sont pas les personnes les plus intellectuelles qui progressent le mieux dans cette voie (cette "non-voie", selon l'expression sanskrite: anupâya) mais celles qui sont "en alerte", qui ont un esprit de découverte et une relation intime, juste avec leur corps d'énergie. Entre ceux qui ne conçoivent le yoga que comme un "faire" (et généralement si l'on ne fait pas comme eux l'on n'y connaît rien) et ceux qui croient qu'il suffit de nommer les choses pour les vivre, il existe une place, un espace pour une pratique, une vraie pratique mais recréée de l'intérieur et dès lors coulant de source.

Enfin, s'il ne s'agit pas d'un système, fasse la Shakti qu'il ne s'agisse pas non plus jamais d'un "mode", - chacun se mettant à "cachemiriser" dans son coin en picorant à droite et à gauche des miettes de savoir de seconde main. C'est avec plus d'amusement que d'inquiétude que nous voyons ainsi de plus en plus de gens citer, voire "traduire" des textes dont on se demande s'ils les ont vraiment lus. Ainsi l'admirable Vijñâna-Bhairava - pour n'évoquer qu'un seul joyau de cette tradition - est-il mis désormais à toutes les sauces, - sauces pour la plupart fades ou indigestes hélas, où l'on cherche en vain le goût de la cannelle et du safran. »

Pierre Feuga

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Almora, librairie dédiée au Yoga, située à Paris 20e

Cette librairie réunira à court terme plus de 3000 ouvrages, des traductions du sanskrit aux grands succès de Frédéric Lenoir ou Mathieu Ricard, des ouvrages pratiques de yoga aux méthodes de méditation de pleine conscience, de la philosophie dans son sens premier de sagesse aux rayons jeunesse pour les premiers pas en yoga ou en relaxation de votre enfant . Bref tous les livres ayant un rapport authentique à la spiritualité : des livres sur votre chemin.

Almora publiant depuis 10 ans des livres de sagesse ouvre sa librairie près du Père Lachaise et de la place Gambetta à Paris.

Cette librairie réunira à court terme plus de 3000 ouvrages, des traductions du sanskrit aux grands succès de Frédéric Lenoir ou Mathieu Ricard, des ouvrages pratiques de yoga aux méthodes de méditation de pleine conscience, de la philosophie dans son sens premier de sagesse aux rayons jeunesse pour les premiers pas en yoga ou en relaxation de votre enfant . Bref tous les livres ayant un rapport authentique à la spiritualité : des livres sur votre chemin.

Interview avec Claude Bard, fondateur d'Almora:

  • Comment est née l'idée de créer Almora ?

Par une rencontre, celle de Pierre Feuga avec qui j’apprenais le yoga, et par notre passion commune pour le livre et la spiritualité. Almora (le nom d’une ville indienne, choisi par Pierre pour ses sonorités) est née en 2005, dix ans donc déjà !

  • Quels sont les critères de sélection de vos livres ?

Depuis le départ, nous nous sommes spécialisés dans la spiritualité, plutôt laïque, bien souvent d’inspiration orientale. Aujourd’hui, je partage avec José le Roy le choix de nos publications sur des critères simples : la qualité, l’originalité et, le plus important : un vrai coup de cœur !

  • Alors quel est votre coup de cœur « yoga » pour les fêtes ?

Nous publions « Corps de vibration », le deuxième tome de l’œuvre majeure d’Eric Baret, qui enseigne le yoga dans la tradition de Jean Klein et du shivaïsme cachemirien. C’est une somme imposante et très originale, avec de nombreuses photos. C’est un livre à part de la production habituelle sur le yoga et cela en fait tout son intérêt.

  • Comment envisagez-vous l'avenir dans un monde de plus en plus virtuel ?

Les nouvelles technologies sont une opportunité dans le monde du livre, mais le numérique ne remplacera pas le livre papier.   Il ne faut pas avoir peur de l’avenir. Nous venons de créer notre librairie et recevons beaucoup de clients enthousiastes. Nous publions des livres dont certains se vendront encore dans cinquante ans. L’intérêt pour le yoga, la méditation, la spiritualité ne se dément pas. Oui le monde change et certaines expressions de cette mutation sont inquiétantes. C’est pour cela que nous avons besoin d’une séance de yoga et d’un livre de sagesse pour trouver la paix intérieure.

Pour découvrir la collection de livre de Yoga à Almora cliquez ici!

Librairie Almora – spiritualité et mieux être
www.almora.fr/
43, avenue Gambetta
75020 Paris
01 42 52 24 91
M° Gambetta (sortie place Martin Nadaud)
Bus 69, 61 (arrêt place Martin Nadaud)

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Principes du Yoga du Cachemire, par Koos Zondervan

Par “Yoga du Cachemire”, on entend ici l’approche du yoga de Jean Klein. Comme son nom l'indique, cette approche est originaire du Cachemire.

Jean Klein était considéré comme un maître spirituel entre 1957 et 1998, et son yoga, qu'il préférait appeler approche corporelle, constituait un tout avec son enseignement spirituel.

L’enseignement spirituel de Jean Klein se réfère à la voie directe, laquelle renvoie directement à notre véritable nature et a, en principe, le pouvoir de conduire à la réalisation de notre véritable nature…

Par “Yoga du Cachemire”, on entend ici l’approche du yoga de Jean Klein. Comme son nom l'indique, cette approche est originaire du Cachemire.

Jean Klein était considéré comme un maître spirituel entre 1957 et 1998, et son yoga, qu'il préférait appeler approche corporelle, constituait un tout avec son enseignement spirituel.

L’enseignement spirituel de Jean Klein se réfère à la voie directe, laquelle renvoie directement à notre véritable nature et a, en principe, le pouvoir de conduire à la réalisation de notre véritable nature.

Pourtant la voie directe exige une maturité spirituelle rare, ainsi que le disait Jean Klein :

“Pour un corps-mental conditionné, c’est presque impossible d’être touché par la vérité, d’être ouvert à la grâce”.

Correctement pratiqué, le yoga du Cachemire a le pouvoir d’éliminer les conditionnements du corps et du mental et de déclencher un processus de maturation par lequel le pratiquant s’ouvre à l’enseignement spirituel. À l'inverse, l’enseignement spirituel fait naître l’attitude juste pour une pratique efficace du yoga.

PREMIER PRINCIPE: L’ENSEIGNEMENT SPIRITUEL ET LE YOGA (DE JEAN KLEIN) SE COMPLÈTENT ET SE RENFORCENT L’UN L’AUTRE.

Quelques aphorismes de l’enseignement de Jean Klein:

1. L’homme est destiné à se connaître

2. Finalement vous vous découvrez derrière vous-même

3. Délivrance de la personne, pas pour la personne.

Le premier aphorisme veut dire que dans la création une force active fait que, finalement, chaque être humain va se connaître, va réaliser le Soi.

Dans la tradition du Cachemire cette force est appelée “anugrahashakti” (littéralement: énergie qui saisit l’individu).

Une bonne traduction de “anugrahashakti” est “énergie de grâce”.

Cet aphorisme est très important pour nous, parce que cela veut dire que la création est programmée de telle façon que nous, en suivant tranquillement le courant de la vie, allons atteindre notre destination: la réalisation de notre véritable nature.

Vu dans cette perspective, le yoga n’est là que pour donner un coup de pouce à notre développement humain naturel.

D'autres maîtres ont également énoncé cette idée, par exemple :

“A chaque moment de votre vie, la nature s’occupe de vous conduire à votre destination.” (swami Sivananda)

Le deuxième aphorisme fait référence à la Mundaka Upanishad, qui compare l’homme à deux oiseaux dans un arbre : un oiseau mange les fruits de l’arbre (il agit dans le monde), pendant que l’autre oiseau seulement regarde.

Cela veut dire que nous existons, pour ainsi dire, à deux niveaux.

Notre véritable nature, le Soi, l’oiseau qui seulement regarde, est en dehors du temps et de l’espace, n’est jamais né et ne peut pas mourir non plus.

La personne, le système corps-mental, l’oiseau qui mange les fruits de l’arbre, est une expression dans le temps et dans l’espace de notre véritable nature.

Le deuxième aphorisme signifie que, finalement, notre véritable nature derrière la personne, va se reconnaître.

Le troisième aphorisme indique que, en cas de réalisation du Soi, l’accent qui d'habitude est centré sur la personne, c'est-à-dire sur notre existence dans le temps et dans l’espace, glisse soudainement vers notre axe intemporel, vers notre véritable nature. Alors l’identification avec le corps et le mental s’arrête avec la disparition de l'illusion d'être une personne.

En fin de compte la personne n’est qu’une expression temporelle de notre véritable nature dans le temps et dans l’espace.

Dans la tradition du Cachemire notre véritable nature est appelée Shiva (Dieu).

Shiva est toujours uni à l’énergie, Shakti, même voilé en se manifestant comme être humain.

La différence entre un homme réalisé, un bouddha, et un homme qui n’a pas (encore) réalisé sa véritable nature, est une différence énergétique.

Chez un homme pas encore réalisé une énergie obscurcissante (mayashakti) est active, laquelle est liée à la colonne vertébrale.

Cette énergie obscurcissante fait que notre véritable nature, Shiva, ne se reconnaît plus, que pour ainsi dire, Shiva s’oublie.

Donc, d'un point de vue énergétique, cette énergie obscurcissante doit être transformée.

Des indications dans ce sens sont fournies par le Vîjñana Bhairava Tantra, favori de Jean Klein. Ce Tantra donne par exemple l’indication suivante :

Ô Bien aimée, de même que, grâce à la lumière d’une lampe ou aux rayons du soleil, on peut discerner le monde, c’est grâce à Shakti que l’on peut connaître Shiva.” (shloka 21)

Donc, grâce à notre énergie (de vie), nous pourrions prendre conscience de notre véritable nature. L’énergie dans l’homme se manifeste par le corps d’énergie (prânamayakosha).

Le corps d’énergie vitalise aussi bien le corps physique (annamayakosha) que ses enveloppes (kosha) plus subtiles.

Également il transmet leurs influx dans un sens comme dans l’autre.

De cette indication du Vîjñana Bhairava résulte le principe suivant.

SECOND PRINCIPE : PENDANT LE TRAVAIL CORPOREL ON FAVORISE L’ACTIVATION DU CORPS D'ÉNERGIE.

Activer le corps d’énergie est réalisé comme suit :

  1. Pendant le travail corporel, on se met à l'écoute du corps. Il s'agit d'une écoute ouverte, réceptive, non volitive, sans référence. Jean Klein appelait cette attitude “impersonnelle”, parce que, dans cette écoute, toutes les images liées à la personne disparaissent, ainsi que les ambitions, les efforts, les jugements. Cette attitude impersonnelle fait que les tensions neuro-musculaires diminuent. C'est la condition principale à accomplir. Alors le corps d'énergie peut s'éveiller.

  2. Pendant le travail corporel, on s'ouvre au sens tactile et on “travaille” avec le sens tactile, utilisant la faculté d'évocation.

  3. C'est de cette manière que l'on abordera le travail corporel classique (exercices, postures, bandha, mudrâ).

  4. La pratique de kapalabhâti, bhastrika, prânâyâma, mahâ mudra, occupe une place importante.

Selon Jean Klein et les textes classiques de yoga comme le Goraksashatakam, la Hathayoga Pradipika et la Shiva Samhita, la posture parfaite (siddhasana) et la posture du lotus (padmasana) sont les postures les plus transformantes.

À cause des tensions profondes, des résistances et un usage trop unilatéral des articulations de la hanche, ces postures, pour beaucoup des personnes, sont inabordables.

Par une pratique régulière, on peut surmonter ces obstacles sans faire violence au corps.

En premier lieu, sont importants des exercices et des postures qui libèrent le dos de ses entraves et lui permettent de se redresser.

Alors un flux puissant d’énergie peut se manifester le long du dos.

Ensuite viennent les exercices et les postures qui ouvrent les articulations des hanches.

Quand le corps est suffisamment libre de contraintes pour que l'on soit capable de rester assis, détendu, le dos droit, dans la posture du lotus, on est en mesure de constater clairement que cette posture active le corps d’énergie.

Alors l’expérience tactile du corps devient très spacieuse et “vacante”.

Tant que le corps n’est pas encore capable de rester confortablement dans la posture du lotus, on peut pratiquer le demi-lotus (ardha-padmasana) ou la posture parfaite, éventuellement à l’aide d’un coussin.

Quand le corps d'énergie est activé, quand le corps physique est libéré de ses tensions et entraves, quand l’enseignement spirituel est bien assimilé, l’esprit spontanément devient méditatif. De cela découle le principe suivant.

TROISIÈME PRINCIPE : FINALEMENT SURGIT UN ÉTAT D'ATTENTE SANS ATTENTE.

Du point de vue biologique on peut comparer cet état avec une chenille qui a filé un cocon, dans lequel elle se retire pour se chrysalider.

La chenille ne fait rien, mais s’abandonne intuitivement au processus naturel de transformation, par lequel finalement, elle deviendra papillon.

Ainsi pour le pratiquant de yoga. Ayant complètement assimilé l’enseignement spirituel, il ou elle sait que le bonheur et la plénitude ne peuvent être atteints par les objets. Grâce à cette compréhension, la recherche extérieure et les efforts s’arrêtent.

Le pratiquant s’apaise dans l’état méditatif et la sensibilité et la réceptivité s’accroissent.

Ensuite, quand ce processus de maturation a progressé suffisamment, la source de l’énergie incarnée (kundalini) s’éveille. Alors cette énergie ouvre le canal central dans le dos (sushumnâ nadi) et, montant par ce canal, elle perce et transforme les différents centres d'énergie (chakra).

Pendant ce processus, l’énergie obscurcissante (mayashakti) est transformée, ce qui amène la réalisation.

Cela veut dire que notre véritable nature se dévoile sans l'entremise du mental ou des sens.

Le Bonheur, recherché toujours dans le monde, soudainement est réalisé.

LE CHERCHEUR EST LE CHERCHÉ

Jean Klein appelait cette transformation “notre véritable naissance”.

Cela amène une plénitude permanente.

L’énergie de vouloir/désirer (icchashakti), qui constitue le moteur de l’existence humaine, est alors résorbée dans sa source.

Koos Zondervan 2012, Texte français corrigé par Barbara Litzler

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Aperçus sur le Prānāyāma, par Pierre Feuga

« Yoga, chacun le sait, veut dire « union ». On entend en général par là l’union de l’être humain avec l’Universel (laquelle, soit dit en passant, ne serait nullement possible si elle n’était déjà potentiellement réalisée). Mais, dans les yogas tantriques dont fait partie originellement le hatha-yoga, l’union qui est aussi visée est celle de la Conscience (Shiva) et de l’Energie (Shakti)…

« Yoga, chacun le sait, veut dire « union ». On entend en général par là l’union de l’être humain avec l’Universel (laquelle, soit dit en passant, ne serait nullement possible si elle n’était déjà potentiellement réalisée). Mais, dans les yogas tantriques dont fait partie originellement le hatha-yoga, l’union qui est aussi visée est celle de la Conscience (Shiva) et de l’Energie (Shakti). Ce terme et cette notion d’énergie parlent beaucoup à nos contemporains. Partout, sur tous les plans, il n’est question que d’éveiller, développer, accroître, intensifier l’énergie. Il y a parfois quelque chose de naïf, de stupide, et parfois aussi de dangereux, de terrifiant (si l’on songe aux applications économiques ou militaires) dans cette quête effrénée de « toujours plus » d’énergie, de puissance, comme si la Shakti était d’ordre matériel et quantitatif. Les sages de l’Inde, même tantriques, n’ont cessé en effet de nous mettre en garde contre une recherche de l’énergie pour elle-même, sans l’éclairage, sans l’accompagnement lucide de la Conscience témoin. Mais c’est ainsi : l’être humain est avide de phénomènes et le chemin de l’Energie, flamboyant et fertile en sensations, exerce une séduction beaucoup plus vive que celui, aride et abrupt, de la Conscience pure.

La première erreur est que l’on confond souvent l’Energie et ses manifestations. Par exemple, le souffle, la sexualité, la pensée, la parole sont des manifestations de l’Energie mais ne sont pas l’Energie elle-même. S’attarder sur l’une ou sur l’autre de ces manifestations revient à confondre le flot avec la source, la forme avec le fond, le doigt qui montre la lune avec la lune elle-même. Tant que vous travaillez tel ou tel de ces aspects, vous obtenez sans doute des « expériences », vous gagnez même éventuellement des « pouvoirs », mais vous ne sortez jamais du cercle de l’ego, du désir, du vouloir individuel, vous restez dans le devenir, le samsâra… Tout autre chose est la plénitude d’énergie qui se dégage spontanément de la réalisation de l’Être, sans l’intervention d’aucune méthode, sans manipulation de l’ego.

Précisons encore la notion d’énergie. Les taoïstes chinois ont fait dans ce domaine des distinctions aussi subtiles qu’utiles. Ils reconnaissent d’abord l’énergie naturelle que chaque individu possède et qui est fournie essentiellement par l’alimentation et la respiration. Puis vient l’énergie transformée par une pratique. Elle est de deux ordres : en premier l’énergie transformée extérieure, c’est-à-dire l’énergie naturelle modifiée, renforcée par l’effort volontaire et musculaire et par l’entraînement ; cette sorte d’énergie est considérée comme inférieure, profane, non fondamentale en tout cas dans une recherche d’Eveil. Mais il existe aussi une énergie transformée intérieure qui se développe, s’affine par une pratique initiatique (comme le Tai-ji en Chine ou le hatha-yoga en Inde). Pourtant même cette énergie subtile (jin) n’est pas encore la source, elle n’en est que la manifestation. La véritable source, c’est le « souffle intérieur » (qi), qui est en mouvement avant la naissance et peut être retrouvé par la pratique notamment respiratoire. Mais là encore prenons garde : il ne s’agit pas de la respiration physiologique constituée par l’alternance de l’inspir et de l’expir et qui s’est mise en mouvement dès la naissance. Le véritable souffle est interne : on dit encore « embryonnaire » ou « prénatal ». Chez la plupart d’entre nous, il n’est pas conscient. Il peut le devenir.

Dans la pratique indienne de même, tout prânâyâma commence par la conscience, la prise de conscience. Mais conscience ne signifie pas forcément contrôle. Car les gens obsédés de contrôle ne s’interrogent pas assez sur le contrôleur. Qui contrôle quoi ? Comment l’ego – qui est par nature limité, dysharmonieux – pourrait-il espérer amener un ordre, une harmonie dans le corps et le mental ? Ceux qui poursuivent avec acharnement ces méthodes ne voient pas qu’ils tournent en rond, qu’ils ne font au mieux qu’élargir leur prison. Que vous soyez capable de retenir votre souffle vingt secondes ou vingt minutes ne change pas grand-chose : de toute façon vous atteindrez toujours une limite, qui est celle soit de l’espèce, soit de votre incarnation actuelle.

Est-ce à dire qu’il ne faut rien faire ? Je suggère d’abord de se laisser respirer. Je sais : cette expression, souvent employée dans les cours de yoga, est devenue un cliché. Il n’empêche qu’elle recèle un sens profond. Ne pensez jamais, lorsque vous expirez, que vous « chassez » l’air : pensez plutôt (ou plutôt faites-le sans penser) que vous le donnez, que vous l’offrez. De même, n’associez jamais l’inspiration à un « prendre » : recevez, accueillez, acceptez ce qui vient. Ne laissez jamais intervenir la volonté dans les intervalles, abandonnez l’idée et jusqu’au mot de « rétention » (quelle avarice de vouloir retenir !). Le souffle s’interrompt, se suspend : très bien, observez, contemplez, savourez cette absence, sans projection, sans anticipation. Le souffle reviendra quand il voudra, il vous quittera quand il voudra. Ou encore inversez la perception ordinaire, imaginez que vous êtes le souffle et non pas celui qui reçoit et évacue le souffle. Prenez le point de vue du souffle. Vous allez, à l’inspir, envahir ce corps, ces poumons que vous aviez la mauvaise habitude d’appeler vôtres : quelle exploration fabuleuse ! Vous allez, à l’expir, pénétrer, envahir cet espace paraît-il extérieur, allez loin, aussi loin que votre esprit peut aller, que votre souffle-esprit devienne l’oie migratrice, traversez le ciel, diffusez-vous à l’infini.

Quand vous aurez expérimenté cela, il se peut que les « exercices » traditionnels de prânâyâma, les kapâlabhâti et les bhastrikâ auxquels vous vous shootiez, perdent beaucoup de leur attrait. Peut-être mais peut-être pas. Je ne veux rien préjuger. Il se peut au contraire que vous les redécouvriez avec une nouvelle fraîcheur et que les jeux retrouvés de l’Energie vous plongent, à vous en couper le souffle, dans la Joie véritable. »

Pierre Feuga

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Perspective Spirituelle des Postures de Yoga, par Koos Zondervan

L'esprit et le corps des êtres humains deviennent généralement progressivement conditionnés au cours de leur existence.

Pour l'esprit, cela signifie que nous réagissons progressivement aux événements de manière programmée.

Pour le corps, cela signifie qu'il est progressivement limité dans sa liberté de mouvement, à cause de tensions conditionnées (ce qui veut dire qu'elles sont programmées dans le cortex cérébral)…

Bhadrāsana

L'esprit et le corps des êtres humains deviennent généralement progressivement conditionnés au cours de leur existence.

Pour l'esprit, cela signifie que nous réagissons progressivement aux événements de manière programmée.

Pour le corps, cela signifie qu'il est progressivement limité dans sa liberté de mouvement, à cause de tensions conditionnées (ce qui veut dire qu'elles sont programmées dans le cortex cérébral).

De ce fait, la souplesse graduellement diminue. Ces tensions conditionnées peuvent parfois avoir pour effet de perturber jusqu'à la position des os.

Le corps d'énergie, ou la couche prânique (prânâmâyakosha), qui parmi d'autres choses est responsable de la communication entre l'esprit et le corps physique, souffre également des conditionnements physiques. Généralement ces conditionnements physiques entraînent chez la plupart des gens au cours de leur existence un affaiblissement du corps d'énergie, qui pour ainsi dire s'atrophie. De ce fait, la conscience du corps s'amoindrit, de même que la sensibilité et la vitalité.

Jean Klein nous enseignait qu'il est possible d'inverser ce processus négatif. Par ailleurs, une telle inversion augmenterait les possibilités de notre développement spirituel au cours de cette existence. L'essence de l'approche qu'il recommande peut se caractériser par ce seul mot : “écoute”.

En ce qui concerne l'esprit, cela signifie qu'il vous faut observer votre propre fonctionnement aussi clairement que possible, comme un témoin, sans juger ni vouloir vous améliorer. Vous constatez à partir de quels motifs vous agissez, et aussi comment vous réagissez mentalement et corporellement aux gens et aux événements.

En ce qui concerne le corps, nous pouvons nous référer au texte de mon article “Principes du Yoga du Cachemire”. Ce texte recommande de pratiquer le yoga dans un esprit d'observation ouvert et accueillant, l'attention orientée vers la sensation tactile. Ainsi vous écoutez votre corps par le biais du sens tactile.

  • La première fonction des postures de yoga résulte de cette écoute attentive pendant notre pratique, afin de devenir conscient des résistances et des rigidités inscrites dans notre corps.

Bien qu'un mode de vie non naturel (par exemple une mauvaise alimentation) puisse aggraver les raideurs du corps, la cause la plus importante en sont les tensions musculaires conditionnées. Ces tensions musculaires conditionnées sont dues aux stress, efforts et réactions de notre mental, ce qui s'accompagne du raccourcissement de nos muscles.

Afin d'illustrer cette première fonction des postures de yoga, un exemple :

Je me souviens qu'au cours d'une de mes premières leçons de yoga avec Jean Klein, alors que nous étions assis au sol avec les jambes allongées, il me dit en passant près de moi : “Votre jambe droite a tendance à être trop courte”.

A ce moment-là je n'ai pas su que faire de cette information. Toutefois, lorsque quelques minutes plus tard nous étions dans la posture de bhadrâsana (aussi nommée gorakshâsana) (fig.1), j'ai remarqué une forte résistance dans la hanche droite, qui empêchait le genou droit de descendre aussi bas que le gauche. Je réalisai qu'il était possible que ce soit en lien avec la remarque que Jean Klein m'avait faite quelques minutes auparavant, au sujet de la tendance de ma jambe droite à être trop courte.

Je me suis occupé de ce problème pendant ma pratique quotidienne de yoga, tôt le matin avant le petit déjeuner. Je commençais par stimuler le corps d'énergie en pratiquant kapâlabhâti et du prânâyâma. Ensuite je pratiquais bhadrâsana en donnant toute mon attention au sens tactile, à la sensation corporelle. Afin d'être capable d'éviter de forcer le corps, je posais mes mains au sol devant moi et ensuite je commençais à me pencher en avant à partir des hanches, très lentement et soigneusement. En même temps, j'écoutais le corps, car il est essentiel de gérer le corps de façon amicale. Il n'est pas permis que ce genre de pratique devienne réellement douloureux. Il est important aussi de prendre le temps nécessaire pour procéder ainsi.

Je restais souvent dans la posture pendant 5 ou 10 minutes, tout en stimulant le corps d'énergie en ralentissant l’expire à l'aide d'ujjâyî. Pendant l'inspiration, l'évocation par la sensation tactile que l'avant du corps devenait plus spacieux a également contribué à la libération de la zone de la hanche droite, car cela a permis au tronc de descendre davantage.

Siddhāsana

Padmāsana

Après avoir pratiqué pendant quelques semaines de cette façon, à un certain moment lors d'une séance, soudainement et avec un certain bruit le genou droit est descendu en même temps que j'expérimentais le relâchement de tensions dans les muscles près de la hanche droite. Bien que le problème fût résolu, afin de stabiliser cet acquis, j'ai continué à pratiquer ainsi pendant deux semaines. Le résultat : lorsque je pratiquais bhadrâsana, les deux genoux touchaient presque par terre et la résistance avait disparu. “La tendance de ma jambe droite à être trop courte” avait disparu également. J'eus la preuve à cette occasion-là que des tensions musculaires conditionnées pouvaient aller jusqu'à causer un dérangement dans la position des os.

Lorsque ce problème fut résolu, il s'en suivit un gain important : la capacité de mon corps à pratiquer padmâsana et siddhâsana était devenue bien meilleure qu'avant. Il m'apparut qu'il était maintenant possible de rester confortablement pendant longtemps dans ces postures. Assis dans ces postures, je réalisai alors qu'elles étaient conformes aux critères formulés par Patanjali lorsqu'il précise qu'une posture doit être stable (sthira) et agréable (sukha).

Maintenant vous pourriez penser que ceci était un succès, que les muscles autour de la hanche droite étaient désormais déconditionnés, libérés. Ce n'était pourtant que partiellement vrai. Lorsque, deux ans plus tard, pendant une séance de yoga, je restai plus longtemps que d'habitude dans une torsion assise (matsyendrâsana), mon corps se mit à réagir d'une façon qui était nouvelle pour moi. A un moment donné, mon corps se mit soudainement à se raidir puis à trembler, en même temps qu'il se couvrait de transpiration. Là-dessus, dans la région de la hanche droite, pour la seconde fois une énorme tension se relâchait. Puis tout mon corps se détendit complètement dans la posture.

Après cette séance, je réalisai que j'avais reçu la preuve par l'expérience des deux points suivants énoncés par Jean Klein :

“Les conditionnements sont programmés dans le cerveau par couches (comme les pelures d'un oignon).”

“Je peux constater que ceux de mes étudiants qui ont l'habitude de tenir les postures plus longtemps en bénéficient plus que les autres.”

C'est seulement parce que je suis resté dans matsyendrâsana plus longtemps que d'habitude que cette posture a pu déclencher le relâchement de tensions.

  • Comment prendre conscience de tensions musculaires conditionnées : recherchez quelles sont les postures ou exercices que vous n'aimez pas. Souvent vous n'aimez pas une certaine posture parce qu'elle révèle des problèmes corporels. Je me rappelle qu'il y a longtemps, je n'aimais pas du tout me pencher en avant dans la posture assise avec les jambes allongées en ouverture. La raison en était qu'un certain nombre de muscles étaient trop raides pour permettre un bon étirement.

Ce problème avait été résolu de la façon suivante :

Dans la posture de départ j'orientais mon attention vers le sens tactile, vers la sensation corporelle. Si vous réalisez que le cerveau humain ne peut s'intéresser qu'à un sens à la fois, il vous apparaîtra clairement que le fait de fermer les yeux facilite les choses. Je déposais les paumes de mes mains au sol devant moi. Ensuite, pendant 10 ou 20 secondes, je portais mon attention sur les points de contact de mon corps avec le sol. Puis je portais mon attention sur la sensation globale du corps, ce qui me permettait de sentir mon corps continuellement dans sa totalité. Je gardais les jambes légèrement fléchies. Je régulais mon souffle en allongeant chaque expiration à l'aide d'ujjâyî.

Ensuite de quoi je laissais lentement glisser mes mains vers l'avant jusqu'au moment où l'étirement était sur le point de devenir douloureux. Je m'arrêtais là et, tout en continuant à réguler mon souffle, je travaillais avec mon sens tactile de la façon suivante : pendant l'inspiration j'évoquais la sensation que la partie avant de mon corps ainsi que le visage s'étalaient dans l'espace, et en même temps j'évoquais la sensation que mes plantes de pieds poussaient quelque objet imaginaire vers la gauche et vers la droite. Pendant l'expiration, qui était freinée par ujjâyî, je m'accordais à l'espace devant le corps. Je continuais à pratiquer ainsi pendant à peu près une minute. Ensuite je remontais lentement avec le tronc et j'observais les changements au niveau de la sensation corporelle, jusqu'à ce que toutes les réactions se dissolvent dans la sensation globale du corps.

Je commençai à pratiquer cet exercice quotidiennement, et tout comme j'avais procédé avec le premier problème que j'ai décrit, je stimulais le corps d'énergie avec kapâlabhâti et du prânâyâma chaque matin avant le petit déjeuner. Après quelques semaines il y avait encore beaucoup de résistances dans les muscles des cuisses, mais je remarquais qu'il y en avait déjà moins.

Quelques semaines plus tard, l'état musculaire s'était clairement amélioré et l'exercice lui-même devenait moins désagréable, et à certains moments il devenait même très agréable. Alors un jour je ressentis pendant l'exercice le relâchement soudain d'une importante tension dans la région du pelvis, et au même instant, à ma grande surprise, il me devint possible “d'embrasser” le sol devant moi avec les deux bras et de déposer le tronc et le menton au sol. Je réalisai lors de cette expérience que d'importants conditionnements s'étaient dissous.

  • La seconde fonction des postures de yoga découle de la première fonction. Jean Klein décrivait cette seconde fonction de la manière suivante : “L'intention est de travailler régulièrement avec les postures jusqu'à ce que toutes les résistances et tensions présentes soient dissoutes, tout comme un pianiste joue de nombreuses fois sa partition jusqu'à maîtriser sans effort tous les passages qui au début posaient problème.”

Ceci nous ramène à nos propres désirs, car dès lors que vous devenez conscients de tensions et résistances importants dans votre corps, émerge un désir naturel de le libérer de ces problèmes. Il apparaît que la clé du succès est d'éveiller le corps d'énergie tout en travaillant les postures, ainsi que je l'ai indiqué dans l'article “Principes du yoga du Cachemire” et élaboré dans mon livre “Le yoga tantrique”. Une fois que le corps d'énergie est bien activé, il va fonctionner comme un catalyseur dans le processus de déconditionnement du corps physique.

Suite à mes premières leçons de yoga avec Jean Klein aux Pays-Bas (1975-1976), je fus tellement touché par son approche que je commençai à suivre ses séminaires dans plusieurs pays d'Europe. Sous sa guidance, le corps d'énergie fut bientôt activé au point qu'il était perçu directement et que le corps physique commençait à se libérer de lui-même de ses résistances et rigidités. Je me souviens qu'en ce temps-là, Jean Klein nous faisait pratiquer de nombreuses séries de kapâlabhâti et de prânâyâma (sans rétentions). Il nous expliquait qu'il était essentiel d'ouvrir les canaux d'énergie (nâdis) et de renforcer la circulation de l'énergie.

L'entraînement au prânâyâma de Jean Klein était caractérisé par :

  1. L'importance donnée à une assise correcte.

  2. Le fait de “filtrer” le flux de l’inspire et de l’expire en réduisant le passage de l'air dans une ou les deux narines.

  3. La pratique constante de uddiyâna bandha.

Il insistait sur la nécessité d'une maîtrise complète des muscles abdominaux afin d'être capable de pratiquer kapâlabhâti et le prânâyâma de manière correcte.

Cette maîtrise s'acquiert progressivement en s'entraînant à rétracter la paroi abdominale tandis que tous les autres muscles (visage, langue, gorge, épaules) restent complètement relaxés.

Inspiré et éveillé énergétiquement par ces séminaires, qui pour la plupart s'étendaient sur une semaine, je commençai chez moi à travailler de manière sélective sur les parties problématiques de mon corps jusqu'à ce que toutes les rigidités et résistances dont j'étais conscient se dissolvent.

Le fait de devenir conscient des rigidités et résistances du corps et par la suite leur élimination, peut être considéré comme un “travail préparatoire”.

  • La troisième et la plus importante fonction des postures peut apparaître à son plein avantage seulement lorsque ce travail préparatoire est accompli et que l'énergie de vie peut circuler de façon optimale. À ce sujet, Jean Klein disait que le but ultime du yoga qu'il enseignait était la transformation du “corps réel”. Il disait aussi que les postures avaient un effet psychologique et spirituel.

Le corps réel est constitué des couches plus profondes (koshas), qui déterminent notre constitution psychologique et spirituelle. Ce que nous nommons “l'esprit humain” est en fait le fonctionnement de ces koshas. Dépendant de notre niveau spirituel, différentes voies ou moyens (upâyas) existent pour aller plus loin. Depuis quelques dizaines d'années, d'excellents livres sur la tradition spirituelle du Cachemire ont été publiés en français, anglais et allemand. Une sélection en est donnée dans la bibliographie.

Ainsi qu'il a été mentionné dans l'article “Principes du yoga du Cachemire”, padmâsana et siddhâsana sont les postures les plus importantes. Selon Jean Klein, parmi les postures, siddhâsana est la plus transformante. Il disait aussi de siddhâsana qu'elle était la plus purifiante. Ce qui correspond à ce qu'en dit la Hatha Yoga Pradîpikâ :

De même qu'une alimentation mesurée (mitâhâra) est pour les sages la première des observances (yama), et la non violence (ahimsâ) la première des disciplines (niyama), de même les sages considèrent siddhâsana comme la principale d'entre toutes les postures (asana).” (chapitre 1, verset 38)

Parmi les 84 postures, siddhâsana devrait toujours être pratiquée, car elle purifie les 72'000 nâdi de toute impureté.” (chapitre 1, verset 39)

Comme je l'ai décrit précédemment, le fait d'activer le corps d'énergie est d'une importance vitale dans le processus d'élimination des résistances et des rigidités, à travers lequel le corps devient capable de rester dans les postures importantes de façon plus juste et plus détendue. L'effet transformant d'une posture est transmis aux couches plus profondes (koshas) par le corps d'énergie. Ceci signifie que si le corps d'énergie devient plus puissant, alors l'effet transformant des postures augmente, y compris au niveau spirituel. Le fait d'élever notre niveau spirituel peut être considéré comme un “capital spirituel”. Ce capital spirituel va automatiquement vous accompagner dans votre prochaine incarnation.

Koos Zondervan
 

Bibliographie

En anglais

  • The book of Listening, Jean Klein, Non-Duality Press, Salisbury 2008

  • Kashmir Saivism, The Central Philosophy of Tantrism, Kamalakar Mishra, Rudra Press, Portland 1993

En français

  • Le Vijñâna Bhairava, Lilian Silburn, Édition-Diffusion de Boccard, Paris 1961 (plusieurs réimpressions)

  • Le Paramârthasâra, Lilian Silburn, Édition-Diffusion de Boccard, Paris 1957 (plusieurs réimpressions)

En allemand

  • Abhinavagupta, Wege ins Licht, Bettina Bäumer, Benziger Verlag, Zurich 1992

  • Trika: Grundthemen des Kashmirischen Sivaismus, Bettina Bäumer, Salzburger Theologische Studien 21, Tyrolia Verlag, Innsbruck-Wien 2003

traduit de l'anglais par Barbara Litzler

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Méditation Sans Objet, par Pierre Feuga

« Ne choisissez aucun thème de méditation. N’utilisez aucun mantra. Ne vous fixez sur aucun point précis du corps. Ne vous concentrez même pas sur le souffle.Voyez simplement ce qui apparaît. Ce peut être une image mentale. Ce peut être un mot. Ce peut être rien.

Si c’est une image, ne la travaillez pas, n’allez pas vers elle, ne la nourrissez pas, ne la dilatez pas, ne cherchez ni à la retenir ni à l’expulser. Laissez-lui une totale autonomie. Soit elle se dissoudra d’elle-même, soit elle se transformera en une autre image, que vous regarderez de la même façon.

« Ne choisissez aucun thème de méditation. N’utilisez aucun mantra. Ne vous fixez sur aucun point précis du corps. Ne vous concentrez même pas sur le souffle.
Voyez simplement ce qui apparaît. Ce peut être une image mentale. Ce peut être un mot. Ce peut être rien.

Si c’est une image, ne la travaillez pas, n’allez pas vers elle, ne la nourrissez pas, ne la dilatez pas, ne cherchez ni à la retenir ni à l’expulser. Laissez-lui une totale autonomie. Soit elle se dissoudra d’elle-même, soit elle se transformera en une autre image, que vous regarderez de la même façon.

Si c’est un mot qui apparaît, ne cherchez pas à l’analyser, à le comprendre intellectuellement. Ecoutez-le tel qu’il vient, tel qu’il résonne. Soit il va sombrer dans le silence, soit il va déclencher une série d’autres mots. Lambeaux de phrases ou phrases complètes. Idées cohérentes ou fragments d’idées. Opinions, souvenirs, projets, peu importe. Ne triez pas, n’organisez pas et surtout ne rejetez pas. Ecoutez, laissez parler.

Si c’est « rien » qui apparaît, si c’est une impression de « rien », soyez sûr que c’est encore quelque chose puisque vous en avez conscience. C’est un vide de pensées, un vide de discours, un vide d’images ou de sensations. C’est encore un objet puisque vous le percevez, puisque vous le ressentez comme absence, manque, attente, perplexité. Ne vous dites pas : c’est la Vacuité, et encore moins : c’est l’Eveil. Voyez ce « rien », aucun traitement de faveur : faites-lui face.

Mais tout cela se mêlera, formant une trame insaisissable, un filet quasiment impossible à déchirer. Vous n’aurez pas à affronter que des mots ou que des images ou que des vides : tous ces « objets » alterneront, se chevaucheront, du moins en apparence. Car en fait, si vous regardez bien, votre conscience ne peut appréhender qu’un seul objet à la fois. Si votre esprit est très agité ou très rapide, vous aurez sans doute l’impression de simultanéité. Mais c’est un leurre. Les objets frappent la conscience un à un : ceci puis ceci puis ceci. Même quand il y aura retour d’un objet, sur un mode plus ou moins obsessionnel, percevez cet objet comme entièrement nouveau. Il l’est, dans l’instant.

Car il n’y a que des instants. Des « points », si serrés parfois qu’ils donnent l’impression d’une « ligne ». Mais chaque point, chaque instant est nouveau et, dans la lumière de la conscience, aucun ne « succède » à l’autre.

Ce qui fait (quelle belle chose !) que vous êtes toujours dans le présent, car il est rigoureusement impossible d’être ailleurs.

Pourtant vous dites : je n’arrive pas à être dans le présent, je pense toujours soit au passé, soit à l’avenir. Et alors ? Faux problème. Le passé n’existe jamais en tant que tel. Il n’existe plus qu’en tant que souvenir et, lorsque ce souvenir vous frappe en passant par l’eau claire de votre conscience, c’est du présent tout frais et tout vif. Donc où est la gêne ? Quand le souvenir se « présente », observez-le dans son actualité. Comme vous observez une statue qui a trois mille ans : elle est bien là, elle est bien pleine, vous pouvez la toucher, elle n’a trois mille ans que parce qu’on vous l’a dit, c’est une notion culturelle, non un fait d’expérience ; un singe qui gambade dans les ruines d’un temple ne se dit pas : ce sont des ruines de l’époque Gupta, voici une vieille statue d’Hanuman… De même, le futur n’existe jamais en tant que tel, c’est une image présente, une pensée présente, une projection de crainte ou d’espoir faite à partir du présent. Vraiment tout est présent, quelle misère d’imaginer le contraire !

Ce qui complique la méditation, c’est que non seulement on la vit – ou on essaie – mais on la juge. Et la juger, d’ailleurs, empêche de la vivre vraiment. Par exemple on ressent de l’ennui et on se culpabilise, on s’estime peu doué et on décide soit d’abandonner, soit de se reprendre en main ou encore de changer de méthode. Ou bien on éprouve du bien-être, de la joie, de l’apaisement et on s’autocongratule : j’ai progressé, qu’est-ce que je suis fort quand même ! Toutes ces évaluations sont également vaines. Nos réactions émotionnelles à l’activité méditative (aussi longtemps que nous concevons la méditation comme une « activité »), tout ce discours intérieur, tout ce fatras psychologique surimposé au travail spirituel, tout cela fait bel et bien partie des « objets », alimentant la suprême fiction : celle de croire qu’il existerait un « expérimentateur » distinct de ses expériences.

La méditation sans objet déjoue tous ces pièges. Elle ne comporte ni but ni stratégie, ni progression ni méthode, ni complaisance ni sévérité envers soi-même. Ce n’est pas un exercice mais ce n’est pas un état non plus, si le mot état évoque quelque chose de « statique » (et du statique au stagnant le glissement est insensible), – alors qu’ici on est dans une perpétuelle nouveauté, un renouvellement sans fin, un printemps qui n’aspire à aucun été. En outre, tout état spirituel est provisoire ; si vous croyez au paradis vous finirez par créer un paradis, vous irez même au paradis, mais un jour vous serez bien étonné d’en revenir.
L’Eveil – si l’on veut à tout prix donner un nom à cet insaisissable – n’est pas un état. On n’y entre jamais, on n’en sort jamais. En fait il n’existe pas et c’est quand on voit cela qu’il éclate comme un soleil ».

Pierre Feuga

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Lexique de Yoga

Abhinavagupta : grand Maître tantrique du XIème siècle. Il a codifié la philosophie et les techniques des grandes écoles du Shivaïsme du Cachemire. Son ouvrage majeur est le Tantrâloka.

Advaita-vedanta : courant non dualiste du vedanta.

Agama : au sens large, toute la tradition littéraire tantrique.

Agni : l’élément feu.

Ahamkara : principe d’individuation, l’égo.

Ajnâ-chakra : centre intersourcilier.

A

Abhinavagupta : grand Maître tantrique du XIème siècle. Il a codifié la philosophie et les techniques des grandes écoles du Shivaïsme du Cachemire. Son ouvrage majeur est le Tantrâloka.

Advaita-vedanta : courant non dualiste du vedanta.

Agama : au sens large, toute la tradition littéraire tantrique.

Agni : l’élément feu.

Ahamkara : principe d’individuation, l’égo.

Ajnâ-chakra : centre intersourcilier.

Akasha : l’espace.

Amrita : breuvage d’immortalité, félicité suprême.

Ananda : béatitude.

Apana : souffle inspiré, flot descendant de l’énergie vitale.

Asana : posture utilisée dans le yoga pour mettre fin à l’agitation corporelle et rassembler les énergies.

Atman : « soi-même », le principe éternel qui anime l’individu.

Ashvini-mudra : Le geste de la jument qui consiste à contracter et à relâcher le rectum.

B

Bandha : « ligature » musculaire utilisée dans le hatha-yoga.

Bhastrika : le « soufflet », type de pranayama.

Bhavana ; imagination active, élan puissant de l’imagination.

Brahaman : l’absolu, la totalité.

Bhujangasana : posture du Cobra.

Bhrâmari : respiration de l’abeille.

Bija : mantra monosyllabique n’ayant en général aucun sens mais éveillant des énergies.

Buddhi : faculté d’éveil, intelligence, intellect.

C

Chakra : litt. « roue », « disque », un des centres du corps énergétique.

Chakrasana : la posture de la Roue.

Cit : la Conscience.

Citta : principe de l’activité psychique.

D

Darshana : « point de vue », manière de voir. Nom générique attribué aux six approches de la Réalité selon l’hindouisme : nyaya, vaisheshika, samkhya, yoga, mimamsa, vedanta.

Dhanurasana : la posture de l’Arc.

Dharana : concentration.

Dharma : conformité à l’ordre cosmique, loi qui maintient l’univers dans l’existence et chaque être dans sa juste fonction, un des « quatre sens de la vie » avec Artha Kama et Moksha.

Dhyana : recueillement, contemplation, phase de réalisation spirituelle succédant au stade technique dedharana.

Diksha : initiation.

Drsti : fixation oculaire.

G

Garudasana: la posture de l’Aigle.

Gheranda samhita : un des textes de base du hatha-yoga.

Gomukhâsana : la posture de la tête de vache.

Goraksha-shataka : un texte important u hatha-yoga.

Granthi : nœud dans le corps énergétique.

Guna : qualité ou propriété de l’énergie.

Guru : maître spirituel.

H

Halasana : la posture de la Charrue.

Hatha-yoga : yoga de la violence, mettant l’accent sur les techniques corporelles et énergétiques. Bien qu’on le présente souvent comme une préparation à d’autres yogas, il peut se suffire à lui-même quand il est pratiqué dans son intégralité. Il vise à éveiller l’énergie kundalinî.

Hatha-yoga-pradipikâ : un des textes principaux du hatha-yoga.

I

Idâ : canal énergétique parcourant le côté gauche du corps de la base de la colonne vertébrale au chakra du front. Représente la lune et le féminin.

J

Jalandhara-bandha : contraction de la gorge.

Jiva : conscience individuelle.

Jnana : connaissance de l’ultime réalité.

Jnana-mudra : technique du yoga consistant à joindre pouces et index, le geste de la sagesse.

K

Kama : désir, amour. Un de « quatre sens de la vie » ou un des quatre buts de l’homme avec DharmaArtha etMoksha.

Kapalabhati : « clarification de la tête », type de pranayama.

Karma : 1. action sous toutes ses formes. 2. Action rituelle. 3. Acte et ses effets, acte générateur de transmigration.

Karma-yoga : yoga de l’action désintéressée, accomplie sans attachement au résultat.

Khechari-mudrâ : geste de la langue que l’on retourne dans la bouche pour toucher la partie molle du palais.

Kriya : action, pratique.

Kumbhaka : rétention du souffle, phase décisive du pranayama.

Kundalini : la « Lovée », l’ « Enroulée », l’Energie sous sa forme statique, du moins tant qu’elle n’est pas « déployée ». Elle se situe dans Muladhara-chakra.

M

Manas : le « mental ».

Manipura-chakra: « cité de joyaux ». Nom du chakra situé au niveau du nombril.

Mantra : parole ou formule sacrée.

Maya : principe de limitation puis d’illusion qui est à l’origine du cosmos lui-même.

Mayurasana : la posture du Paon.

Moksha : délivrance des renaissances, déconditionnement absolu de l’être. Opposé de samsara.

Mudra : litt. « sceau », empreinte, cachet, marque opposée pour sceller ou authentifier. Positions ou gestes qui « scellent » de façon inviolable le souffle à l’intérieur du corps.

Mula-bandha : contraction du périnée et de l’anus.

Muladhara-chakra : « support de la base », le chakra le plus bas, localisé dans la région coccygienne. Correspond à l’élément sensible le plus grossier, la Terre.

Murccha : technique de respiration dite de l’évanouissement.

N

Nadi : courant, flux, ligne de circulation du prana dans le corps.

Nadi-shodhana : « purification des nadi », type de pranayama.

Nirvana : « extinction » du souffle ou de l’agitation ou de l’ignorance ou de l’individualité, selon les écoles.

Nasagra-drishti : fixation oculaire du bout du nez les yeux ouverts ou fermés.

Niyama : les réfrènements du râja-yoga.

P

Padmasana : posture du Lotus.

Paschimottasana : posture de l’extension dorsale, dans le hatha-yoga.

Patanjali : sage indien qui composa les « Aphorimismes du yoga » (Yoga-Sutra) au IIe s. avant notre ère.

Pingala : canal énergétique parcourant le côté droit du corps de la base de la colonne vertébrale au chakra du front. Représente le soleil et le masculin.

Prakriti : dans le samkhya, principe féminin, plastique, pôle substantiel de la manifestation (en complémentarité de purusha). Le tantra l’identifie à Shakti.

Prana : souffle, énergie vitale.

Pranayama : contrôle et « développement » du souffle, qui fait suite à la maîtrise des asanas dans le yoga classique et que les tantriques utilisent pour éveiller la kundalini.

Pratyahra : retrait des sens, abstraction totale du monde extérieur, comparée à l’attitude de la tortue qui rentre sa tête et ses pattes sous sa carapace. Degré du yoga de Patanjali faisant suite au pranayama.

Prthivi : l’élément terre.

Purusha : « homme ». Dans le samkhya, principe masculin, immuable, lumineux, inaffecté par les jeux de la Nature (prakriti). Identifié à Shiva dans le tantrisme.

R

Raja-yoga : yoga royal. Correspond au yoga de Patanjali.

Rajas : un des trois guna. Impulsion expansive, force dynamique et passionnelle qui permet de surmonter l’inertie (tamas) et, par un travail bien dirigé, de manifester la lumière (sattva).

Rasa : saveur, ravissement, ivresse, jouissance.

S

Sadhana : méthode d’accomplissement spirituel, ascèse.

Samadhi : terme intraduisible qui, chez Patanjali, désigne l’aboutissement suprême du yoga.  M. Elida a proposé comme traduction le terme « enstase ».

Samhita : recueils, ensemble de textes considérés comme révélés, auxquels se réfèrent les Tantras vishnouites.

Samkhya : un de six darshana traditionnels, très tôt associé au yoga dont il représente la base spéculative.

Samsara : ensemble de la manifestation universelle, comportant une indéfinité d’états et de degrés d’existence ; transmigration. Briser ce cercle est la délivrance (moksha).

Samskara : agrégats d’impressions qui se déposent dans le corps subtil et s’organisent en tendance ou en « complexes » psychologiques. C’est en quelque sorte tout notre héritage inconscient.

Sarvangasana : posture du « corps tout entier » ou « de tous les membres.

Sahasrara : lotus aux mille pétales. Chakra situé au sommet de la tête.

Sat : ce qui est, l’être conscient et plein de béatitude.

Sattva : la première des trois qualités constitutives (guna) de la Nature, celle qui est pure, lumineuse, pacifiée et qui caractérise l’être « divin » ou « de connaissance ».

Shakti : Puissance de Shiva qui crée le mouvement et la multiplicité. La Déesse.

Shalabhasana : la posture de la Sauterelle.

Shambhavi-mudra : le geste du bonheur. Consiste à fixer les yeux sur le point entre les sourcilles.

Samkalpa : souhait, désir.

Shanti : la paix mentale.

Sat-cit-ananda : Etre-Conscience-Béatitude.

Shirshasana : posture où l’on se tient sur la tête.

Shiva : le Réalité suprême, la Conscience absolue, sans différence ni degré.

Siddha : initié accompli, adepte tantrique du plus haut rang qui possède les siddhi (pouvoirs supranormaux.

Siddhasana : la posture parfaite.

Siddhi : pouvoirs surnaturels.

Surya : dieu du soleil.

Suryabhedana : type de pranayama.

Shiva-samhitâ : un des textes important du hatha-yoga.

Sushumna : nadi central et principale de la structure énergétique s’étendant de Muladhara-chakra à sahasrara, du périnée à la fontanelle.

Svadhishthana-chakra : « son propre fondement », nom du chakra situé au niveau des organes génitaux.

T

Tamas : ténèbre, ignorance, inertie, le plus bas des trois guna.

Tantra : la « chaîne » d’un tissu ; puis un livre inspiré dans lequel est exposée la doctrine tantrique.

Turya : le quatrième état de la conscience englobant la veille, le rêve et le sommeil.

U

Uddiyana-bandha : contraction abdominale.

Ujjayi : type de pranayama dans lequel on sert partiellement la glotte ce qui produit un son sourd et continu.

Upanishad : nom générique des textes sacrés formant la dernière partie de la révélation védique.

Ushtrasana : la posture du Chameau.

V

Vayu : nom donné aux cinq principaux « souffles » subtils.

Veda : la Connaissance par excellence, telle qu’elle fut « vue » et transmise par les premiers rishi.

Vedanta : fin du Veda. On entend par là les Upanishads védiques et aussi l’un des six darshana orthodoxes traitant essentiellement de la Délivrance.

Vira : « homme », au sens éminent, « héros » digne de se consacrer au tantra.

Vijnana : connaissance, prise de conscience discriminatrice.

Vajrasana : la posture du diamant.

Y

Yoga : « jonction ». Etat d’union parfaite avec le divin et méthode pour y parvenir.

Yama : interdits moraux constituant le premier degré du raja-yoga de Patanjali.

Yantra : figure géométrique servant de support de méditation.

Yoga-sutra : texte de Patanjali codifiant un yoga ascétique décliné en huit étapes.

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Lecture de Yoga

Pour pratiquer:

Baret Eric. (2007), Yoga : Corps de vibration, corps de silence selon le shivaïsme tantrique cachemirien, Almora

Iyengar B.K.S. (1976), Yoga Dipika Lumière sur le yoga, Buchet-Chastel Editions.

Kuvalayananda Swami, (1933), Asanas, Yoga Mimamsa Publications, 1993.

Kuvalayananda Swami. (1966), Pranayama, Yoga Mimamsa Publications, 2005.

Milliat Rodolphe, La pédagogie des asanas, India Universalis Editions.

Satyananda Swami. (1969), Asana Pranayama Mudra Bandha, Yoga publications Trust, 2002.

Pour pratiquer:

Baret Eric. (2007), Yoga : Corps de vibration, corps de silence selon le shivaïsme tantrique cachemirien, Almora

Iyengar B.K.S. (1976), Yoga Dipika Lumière sur le yoga, Buchet-Chastel Editions.

Kuvalayananda Swami, (1933), Asanas, Yoga Mimamsa Publications, 1993.

Kuvalayananda Swami. (1966), Pranayama, Yoga Mimamsa Publications, 2005.

Milliat Rodolphe, La pédagogie des asanas, India Universalis Editions.

Satyananda Swami. (1969), Asana Pranayama Mudra Bandha, Yoga publications Trust, 2002.

Satyananda Swami. (1974), Méditations tantriques, Editions Satyanandashram France, 2004.

Tikhomiroff Christian. (2000), Le Banquet de Shiva. Pratiques et philosophie du yoga tantrique des Natha-Yogin, Dervy.

Van Lysebeth André. (1968), J’apprends le Yoga, Flammarion, 1992.

Van Lysebeth André. (1977), Ma séance de Yoga, Flammarion.

Vishnu-Devananda Swami. (1978), Meditation and Mantras, Om Lotus, 2003.

Vishnu-Devananda Swami. (1960), The complete illustrated book of Yoga, Three rivers press, 1988.

Zondervan Koos. (2010), Le Yoga TantriqueAlmora.

Yoga, spiritualité:

Baret Eric. (2003), Le Yoga tantrique du Cachemire, Editions du Relié, 1995.

Baret Eric. (2006), Le seul désir : Dans la nudité des tantraAlmora.

Bayle de Jessé Bruno. (1991), Initiation tantrique, Fayard.

Dubois David. (2010), Abhinavagupta, la liberté de la conscienceAlmora.

Eliade Mircea. (1954), Le yoga, Payot, 1991.

Evola Julius. (1971), Le yoga tantrique, Fayard, 1989.

Feuga Pierre. (1988), Cent douze méditations tantriques : Le vijnana-Bhairava tantra, Accarias L’originel, 1996.

Feuga Pierre. (1989), Cinq visages de la déesse, Le Mail.

Feuga Pierre. (2010), Fragments TantriquesAlmora.

Feuga Pierre. (2003), Tantrisme : doctrine, pratique, art, rituel…, Dangles, 1994.

Feuga Pierre et Michaël T. (2004), Le Yoga, Puf, 1998.

Guénon René. (1946), Aperçus sur l’initiation, Editions traditionnelles, 1964.

Klein Jean. (1977), La joie sans objet Almora, 2009.

Lakshman Jee. (1991), Kashmir Shaivism, Sri Satguru Publications.

Maharshi Ramana. (1998), Sois ce que tu es, Adrien Maisonneuve.

Michaël Tara. (1979), Corps subtil et corps causal, Le courrier du livre.

Michaël Tara. (1974), Hatha-Yoga-Pradipika, Fayard.

Michaël Tara. (2007), La centurie de Goraksa, Almora.

Papin Jean. (2000), Joyau des Tantra ou la Symphonie cosmique, Dervy.

Papin Jean. (2005), Gheranda Samhita : Traité classique de Hatha-Yoga, Almora.

Silburn Lilian. (1983), La Kundalini, Les deux Océans Paris.

Shankaracharya Shri. (2001), Connaissance de Soi, Adyar.

Taimni I.K. (1974), La science du Yoga, Paris, Editions Adyar, 2002.

Varenne Jean. (1971), Upanishads du Yoga, Gallimard/UNESCO, 2000.

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Haṭha-yoga pradīpikā

CHAPITRE 1

1) Que la Gloire illumine Adinâtha qui enseigna la science du Hatha-Yoga. Celui-ci brille comme une échelle pour qui désire accéder à l’éminent Râja-Yoga.

2) Après avoir rendu hommage à la Conscience par l’intermédiaire de son propre guru, Le Yogi Svâtmârâma expliqua la science du Hatha-Yoga dans le seul but de pouvoir atteindre le Râja-Yoga.

3) Svâtmârâma, compatissant, offre cette petite lumière sur le Hatha à ceux qui errent dans l’obscurité produite par la multiplicité des opinions car ils ne connaissent pas le Râja-Yoga.

4) Matsyendra, Goraksha connurent en premier lieu la science du Hatha-Yoga. Le Yogi Svâtârâma pu ensuite l’apprendre grâce à eux.

Traduction: Christian Tikhomiroff

CHAPITRE 1

1) Que la Gloire illumine Adinâtha qui enseigna la science du Hatha-Yoga. Celui-ci brille comme une échelle pour qui désire accéder à l’éminent Râja-Yoga.

2) Après  avoir rendu hommage à la Conscience par l’intermédiaire de son propre guru, Le Yogi Svâtmârâma expliqua la science du Hatha-Yoga dans le seul but de pouvoir atteindre le Râja-Yoga.

3) Svâtmârâma, compatissant, offre cette petite lumière  sur le Hatha à ceux qui errent dans l’obscurité produite par la multiplicité des opinions car ils ne connaissent pas le Râja-Yoga.

4) Matsyendra, Goraksha connurent en premier lieu la science du Hatha-Yoga. Le Yogi Svâtârâma pu ensuite l’apprendre grâce à eux.

5) Les Sages Adinâtha, Matsyendra, Shâbara, Anandabhairava, Caurangî, mîna, Goraksha, Virûpâksha, Bileshaya.

6) Les Yogi Manthâna, Bhairava, Siddhi, Buddha, Kanthadi, Korantaka, Surânada, Siddhapâda, carpati.

7) Kânerî, Pûjyapâda, Nityanâtha, Niranjana, Kapâlin, Bindunâtha, Kâkacandishvara.

8) Allâma, Prabhudeva, Ghodâcoli, Tintini, Bhânukî, Naradeva, Khanda-Kâpâlika,

9) Tous les Yogi parfaits, à commencer par ceux-ci, parcourent librement l’Univers, ayant vaincu la mort grâce à la puissance du Hatha-Yoga.

10) Le Hatha-yoga est un refuge, tel une cellule, pour ceux qui sont affligés par toutes sortes de souffrances. Le Hatha-Yoga est comme la tortue qui soutient les mondes pour ceux qui pratiquent toutes formes de Yoga.

11) le Yogi qui veut atteindre la perfection doit tenir secret, de la façon la plus absolue, la science du Yoga. Cette science tenue cachée est puissante, mais divulguée perd toute sa vigueur.

12) Celui qui désire pratiquer le Yoga doit se mettre au centre d’une petite cellule isolée, sans pierre, ni eau, ni feu ayant la dimension dans son rayon d’un arc, dans un pays bien gouverné, qui soit exempt de catastrophes et de conflits, dans lequel la loi est observée et où÷ les aumônes sont prodiguées avec largesse.

13) Les caractéristiques de cette cellule, décrites par les Siddha qui pratiquent le Hatha-Yoga sont les suivantes: elle doit avoir une petite porte, aucune fenêtre, elle doit être sans trou ni creux au sol, ni trop haute ni trop basse, bien badigeonnée de bouse de vache, propre, sans insecte. L’extérieur doit comporter un pavillon, un espace réservé, un puits et être entouré d’un mur d’enceinte.

14) Immobile dans la cellule précédemment décrite, le yogi, abandonnant tous soucis, doit pratiquer sans cesse et exclusivement le Hatha-Yoga enseigné par son Maître.

15) Il y a six causes qui rendent inefficace la pratique du Yoga: une nourriture trop abondante, des efforts trop violents, les bavardages inutiles, l’observation d’obligations religieuses particulières , les relations avec les gens, l’inconstance.

16) Le Yoga réussi parfaitement grâce à six qualités: la détermination inébranlable, l’ardeur, la persévérance, la connaissance du réel, la certitude, l’abandon de la fréquentation des gens.

17) Pour commencer nous allons décrire les âsana qui constituent le premier membre du Hatha-Yoga. Les âsana rendent le corps stable, sain et ses diverses parties légères .

18) Je vais décrire quelques âsana adoptés par les sages, tel Vasistha, et les Yogi , tel Matsyendra.

SVASTIKASANA
19) Après  avoir placé correctement chaque plante de pied entre le genou et la cuisse opposé, on doit se tenir le plus droit possible et correctement assis: cette posture est appelée svastika.

GOMUKHASANA
20) Mettre le talon gauche sur le côté droit de la base du dos et le droit sur le côté gauche: ceci est gomukhâsana, semblable au museau d’une vache.

VIRASANA
21) Mettre fermement un pied sur la cuisse opposée et cette cuisse sur l’autre pied: ceci est appelé virâsana (la posture du héros).

KURMASANA
22) S’asseoir de façon stable, en comprimant l’anus avec les deux talons mis en ordre inverse: ceux qui connaissent le Yoga savent que cela est kûrmâsana (la tortue).

KUKKUTASANA
23) Après  s’être assis en padmâsana (le lotus), le yogi place fermement les sur le sol, après  les avoir faites passées entre les genoux et les cuisses, et il se soulève ve, restant ainsi en l’air: ceci et le kukkutâsana (le coq).

UTTANAKURMASANA
24) Partant du kukkutâsna, après  avoir solidement entouré le cou avec les deux bras, on se met sur le dos comme une tortue renversée: ceci est appelé uttânakûrmasana (la tortue renversée).

DHANURASANA
25) Saisir les orteils avec les mains et les tirer vers soi jusqu’aux oreilles en tendant le corps comme un arc: ceci est appelé dhanurâsana (l’arc).

MATSYENDRASANA
26) Après  avoir saisi le pied droit posé à la base de la cuisse gauche et le pied gauche posé contre l’extérieur du genou droit, se redresser le buste tourné dans la direction opposé: ceci est l’âsana enseigné par Sri Matsyendranâtha.

27) Matsyendrâsana est l’arme qui détruit quantité de terribles maladies: grâce à une pratique assidue de celle-ci, le feu digestif des hommes est ranimé, la kundalinî réveillée et le nectar lunaire stabilisé.

PASCIMATANASANA
28) Que l’on allonge les jambes au sol, droites comme des bâtons, et que l’on attrape l’extrémité des pieds avec les mains; après  avoir posé le front contre les genoux, que l’on reste ainsi: ceci s’appelle pascimatâna.

29) Ce paschimatâna, réputé entre tous les âsana, fait circuler le prâna dans toute la colonne, ravive le feu gastrique, maintient svelte et procure la santé.

MAYURASANA
30) Que l’on pose fermement les mains au sol, en plantant les coudes sur les côtés du nombril, s’élevant en l’air, que l’on reste dans cette position surélevée, rigide comme un bâton. Ceci est appelé mayûra (le paon).

31) Mayûrâsana détruit rapidement toutes les maladies, à commencer par la dilatation de la rate et l’hydropisie; elle vainc les troubles des trois humeurs dans le corps; Elle brûle complètement  la nourriture prise en exagération et celle qui est nocive; elle ravive le feu digestif et permet de digérer jusqu’aux poisons mortels (kâlakûta).

SHAVASANA
32) S’étendre à terre sur le dos comme un cadavre: ceci est le Shavâsana. Le Shavâsana élimine la fatigue et repose l’esprit.

33) Shiva a décrit 84 âsana: d’entre ceux-là je vais expliquer les quatre essentiels.

34) Le groupe des quatre meilleurs est composé comme suit: siddha, padma, simha et bhadra. D’entre eux ils est bien de pratiquer le plus fréquemment possible le confortable siddhâsana.

SIDDHASANA
35) Le siddhâsana: que l’on place un talon contre le périnée et l’autre fermement appuyé sur le pénis; après  avoir pressé le menton sur la poitrine, le yogi ferme et stable, avec ses sens maîtrisés, concentre son regard immobile sur l’espace intersourcilier. Ceci est appelé siddhâsana, qui ouvre la porte pour la libération finale.

36) Après  avoir placé la cheville gauche sur le sexe, appuyer dessus celle-ci l’autre cheville: ceci est siddhâsana.

37) Certains l’appelle siddhâsana, d’autre la connaissent comme vajrâsana; certains la dénomment muktâsana; certains autres la définissent comme guptâsana.

38) Les siddha savent aussi que de la même manière  qu’une nourriture modérée est le plus important des yama et l’absence du désir de nuire le meilleur des niyama, siddhâsana est la posture la plus importante.

39) D’entre les 84 âsana, siddhâsana doit être continuellement pratiquée, elle qui purifie les 72 000 nâdî.

40) Le yogi qui médite sur l’âtman et qui se contente d’une nourriture peu abondante durant 12 ans, obtient la réalisation finale grâce à la pratique continuelle de siddhâsana.

41) Quel besoin d’autres âsana quand la perfection est atteinte dans siddhâsana? Quand le prâna est contrôlé de façon habille grâce au kumbhaka (arrêt du souffle) absolu, le stade unmanî (non mental) se produit de lui-même, sans effort.

42) D ès que l’unique siddhâsana est maîtrisé, les trois bandha (contractions) viennent d’eux-même, spontanément.

43) Il n’y a pas d’âsana pareil à siddhâsana, pas de kumbhaka supérieur à kevala (spontané), pas de mudrâ (geste) égal à khecharî, pas de laya (dissolution) équivalente à celle en nâda (son).

Padmâsana
44) On place le pied droit sur la cuisse gauche et le gauche sur la cuisse droite, on saisi fermement les orteils avec les mains préalablement passées dans le dos; on appui ensuite le menton sur la poitrine et on fixe la pointe du nez: ceci est appelé padmâsana, qui détruit complètement  les maladie pour ceux qui observent les yama.

45) Après  avoir collé, avec la puissance voulue, les pieds avec les plantes retournées en l’air sur les cuisses opposées et, simultanément, après  avoir placé les mains les paumes retournées vers le haut sur le cuisses,

46) Que l’on dirige le regard sur le bout du nez, et que l’on mette la pointe de la langue contre la base des incisives, que l’on appui le menton sur la poitrine et que l’on fasse remonter lentement le prâna:

47) Ceci est appelé padmâsana, qui détruit définitivement toutes les maladies. Celui-ci est difficilement réalisable par une personne ordinaire, seuls les sages y arrivent sur terre.

48) Après  avoir atteint la stabilité dans padmâsana et avoir également mis les paumes de mains en position concave, que l’on presse avec force le menton contre la poitrine; que l’on immobilise le mental dans la contemplation du Brahman et que l’on dirige maintes fois le souffle descendant vers le haut, tandis que l’on pousse vers le bas le prâna inspiré. Grâce à cela, à la puissance de la Shakti, l’homme obtient l’éveil impérissable.

49) Le Yogi assis en padmâsana qui rend stable le souffle inspiré à travers les nâdî atteint la libération. Il n’y a aucun doute la dessus.

Simhâsana
50) Le Yogi doit placer les chevilles sous les testicules, de part et d’autre du périnée, la cheville gauche sur le côté droit et la droite sur le côté gauche.

51) Après  avoir placé les mains, avec les doigts largement Écartés, sur les cuisses respectives, qu’il ouvre tout grand la bouche et fixe la pointe du nez avec un mental très  concentré.

52) Ceci est simhâsana, honoré comme étant parmi les meilleures postures par ceux qui pratiquent le Yoga. Cette posture doit être accomplie avec les trois bandha fait ensembles.

Bhadrâsana
53) Le Yogi place ses chevilles sous les testicules, sur les deux côté du périnée, la cheville droite sur le côté droite et la gauche sur le côté gauche.

54) Il saisi ensuite fermement avec les mains, de façon très  stable, les côtés des pieds: ceci s’appelle bhadrâsana qui détruite toutes les maladies. Les siddha et les yogi la nomment gorakshâsana.

55) Alors le meilleur d’entre les yogi, libéré de la fatigue accumulée dans la pratique des âsana et des bandha ainsi décrits, exécute la purification des nâdî , les mudrâ, etc ... et l’exercice du souffle vital, prânâyâma.

56) Les âsana, les divers types de kumbhaka, la pratique des mudrâ, l’écoute attentive du son intérieur: ceci est l’ordre dans lequel les exercices doivent être exécutés dans le Hatha-Yoga.

57) Celui qui observe le voeu de chasteté, ainsi qu’une nourriture modérée, qui a renoncé à la vie mondaine, qui se consacre entièrement  au Yoga, devient un siddha au bout d’une année, il ne peut y avoir aucun doute là dessus.

58) Un régime est dit modéré s’il est constitué par une nourriture assez grasse et douce en quantité qui laisse libre le quart de l’estomac et qui est mangée pour les délices de Shiva.

59) La nourriture am re, acide, piquante, salée, qui surchauffe le corps, la verdure, la soupe de farine d’avoine acide, l’huile de sésame, les graines de sésame, la moutarde, les boissons fermentées, les poissons, la viande à commencer par celle de la ch èvre, le lait caillé, le petit lait, la variété de légumes dits kulattha (pois doliques), les jujubes, les gâteaux de sésame, l’ail, sont contre-indiqués.

60) On doit savoir qu’il y a des aliments contraires pour un yogi: les plats réchauffés, ce qui est sec (sans ghî), trop salé, acide, avarié, les légumes en trop grande quantité, doivent être Évités.

61) D ès le début de la pratique du Yoga il faut s’abstenir d’utiliser ou de manipuler le feu, de fréquenter les femmes et d’entreprendre des voyages. Selon l’enseignement de Gorakhsa: on doit éviter la proximité des gens malveillants, le feu, la femme, les voyages, le bain à l’aube, le jeûne et les paroles inutiles, ainsi que les observances religieuses qui sont cause de souffrance pour le corps.

62) les meilleures céréales sont: le blé, le riz, l’orge, la variété de riz appelée sastika, le lait, le beurre clarifié, le sucre non raffiné, le sucre candi, le miel, le gingembre sec, le fruit du patolaka, les cinq sortes de légumes, le lØgume mudga, l’eau pure, sont renommés comme étant le meilleur pour les yogi.

63) Le Yogi doit se nourrir d’aliments nourrissants, donnant une nourriture très  douce, grasse, mélangée avec du lait et du ghî, en proportions correct permettant de nourrir les éléments constitutifs du corps, appétissante et appropriée.

64) Que l’on soit jeune, dans l’âge mûr ou âgé, malade ou faible, on obtient la réalisation grâce à la pratique infatigable des exercices et de tous les aspects du Yoga.

65) Celui qui pratique les actes prescrits dans le Yoga obtient la réalisation ultime: comment pourrait-on l’obtenir si l’on s’abstient d’agir? La réalisation du Yoga ne s’obtient pas la simple lecture des textes.

66) Ce n’est ni le fait de s’habiller en yogi, ni le fait de parler du Yoga qui est la cause de la réalisation finale, mais c’est bien la pratique et elle seule qui est cause de cette réalisation. Ceci est vrai, sans aucun doute.

67) Les âsana, les différentes sortes de kumbhaka et les autres excellentes techniques, toutes doivent être utilisés dans la pratiques du Hatha, jusqu’à l’obtention du fruit, le Râja-Yoga.

 

CHAPITRE II

1) Maintenant le Yogi qui a dominé ses passions intérieures et qui a une alimentation équilibré et modérée, après qu’il ait acquis la stabilité dans l’âsana, doit pratiquer selon les enseignements de son Maître le Prânâyâma.

2) Quand la respiration est instable, le mental est instable; quand la respiration est stable, le mental est stable et le Yogi atteint l’immobilité. C’est pour quoi l’on doit maîtriser la respiration.

3) On dit qu’il y a la vie dans le corps tant qu’il y a le souffle vital; la mort correspond au départ du souffle vital: <c’est pourquoi il faut enfermer le souffle vital.

4) Lorsque les nâdî sont obstruées par des impuretés, le prâna ne peut circuler dans la sushmna: comment peut-on alors atteindre l’état non-mental? Comment peut-on atteindre la réalisation finale?

5) Quand le circuit entier des nâdî obstruées par les impuretés devient pur, alors le Yogi devient expert dans le prânâyâma.

6) C’est pour cela que le Yogi doit pratiquer constamment le prânâyâma avec le mental imprégné de l’élément Sattva, jusqu’à ce que les impuretés qui se trouvent dans la nâdî sushumnâ soient éliminées.

7) Le Yogi s’étant assis en padmâsana doit inspirer le prâna avec la narine gauche et, après l’avoir retenu le plus longtemps possible, qu’il l’expire avec la narine droite.

8) Ensuite il doit inspirer lentement le prâna par la narine solaire jusque dans son ventre; Après avoir effectué la rétention de souffle comme il a été dit, il doit expirer par la narine lunaire.

9) Ainsi doit-on inspirer avec la narine par laquelle on vient d’expirer, puis retenir le prâna le plus longtemps possible et ensuite expirer doucement par l’autre narine, sans acoup.

10) Si l’on inspire le prâna par Idâ, après l’avoir retenu, on doit expirer par l’autre nâdî. Après avoir inspiré avec Pingalâ, et avoir retenu le souffle, on doit l’expirer par la nâdî gauche. Chez ceux qui savent se dominer et qui pratiquent continuellement de la façon prescrite l’exercice de respiration alternée à travers idâ et pingalâ, l’ensemble des nâdî est purifié en trois mois.

11) Il faut pratiquer les rétentions de souffle (dans le prânâyâma) quatre fois par jour: à l’aube, à midi, au crépuscule et à minuit, progressivement jusqu’à en faire 80 à chaque fois.

12) Cette pratique produit au stade initial un grande chaleur, au stade intermédiaire des tremblements et au stade ultime elle permet d’atteindre le lieu appelé la porte de brahma (Brahmarandhra): C’est pour cela que l’on doit contrôler le prâna.

13) On doit se frotter avec la transpiration produite par cet effort: grâce à cela le corps obtient force et légèreté.

14) Au début de la pratique une nourriture riche en lait et en beurre clarifié est prescrite; Quand la pratique est bien installée cette prescription devient inutile.

15) Comme un lion, un éléphant, un tigre ne peuvent être domptés que très progressivement, de la même façon doit-on faire avec le prâna, autrement il détruit celui qui le pratique.

16) Toutes les maladie disparaissent grâce au prânâyâma correctement exécuté. Par contre une pratique incorrecte engendre toutes sortes de maladies.

17) Le hoquet, l’essoufflement, la toux, les douleurs de tête, d’oreilles, d’yeux et d’autres maladies viennent du dérèglement du prâna.

18) On doit inspirer le prâna, l’expirer et le retenir selon la méthode correcte: ainsi obtient-on la parfaite réalisation de ses pouvoirs.

19) Quand les nâdî sont nettoyées apparaissent sans aucun doute des signes extérieurs: minceur et beauté du corps.

20) En conséquence de ce nettoyage des nâdî naît la capacité de retenir son souffle à volonté, le feu digestif se ravive, le son intérieur se manifeste et la bonne santé s’installe.

21) Celui qui souffre d’un excès de graisse ou de flegme doit, avant de commencer le prânâyâma, pratiquer les six actes purificatoires; les autres n’ont pas besoin de les accomplir parce que les trois éléments sont déjà équilibrés en eux..

22) Ces six actes sont: dhauti, vasti, neti, trâtaka, nauli et kapâlabhâti.

23) Ces six actes qui sont des moyens pour purifier le corps doivent être tenus secrets; Doués de qualités extra-ordinaires, ceux-ci sont considérés comme étant parmi les meilleures pratiques par les Yogi.

Dhauti: nettoyage interne.
24) On doit avaler lentement, selon les directives du Maître, une bande d’étoffe humide longue de 15 hasta (+/- 50 cm) et large de 4 doigts; ensuite on doit la ressortir. Cet acte est appelé dhauti.

25) La toux, l’essoufflement, le dérèglement de la rate, la lèpre ainsi qu’une vingtaine de maladies dues au flegme sont éliminées grâce au pouvoir du dhauti-karman, il n’y a là-dessus aucun doute possible.

Vasti: lavement.
26) On se met dans l’eau jusqu’au nombril dans la posture utkatâsana, on insère une canule dans l’anus; puis on contracte le rectum et on exécute le lavement: ceci est vasti-karman.

27) Par le pouvoir de vasti-karman on peut vaincre toutes les maladies issues du vent, du feu et du flegme; le dilatation de la rate, toutes formes de maladies abdominales et l’hydropisie.

28) Le vasti pratiqué dans l’eau pure, effectué régulièrement, améliore le fonctionnement des constituants du corps (rasa, rakta, mâmsa, medas, asthi, majjâ, sûkra) , donne la beauté et détruit l’évolution de toutes les affections morbides.

Neti
29) On introduit un petit cordon long de 40 cm, bien lubrifié, dans une narine et on le fait sortir par la bouche: ceci est appelé neti par les siddha.

30) Neti purifie la tête, procure la vision divine (subtile) et élimine rapidement toutes les sortes de maladies qui peuvent se manifester au dessus des épaules.

Trâtaka.
31) On doit fixer avec les yeux immobiles et l’esprit très concentré un petit objet jusqu’à ce que les larmes coulent: ceci est appelé par les Maîtres trâtaka.

32) Trâtaka libère des maladies oculaires et barre la porte à l’indolence: c’est pour cela qu’il doit être tenu secret avec détermination, comme s’il était un coffret plein d’or.

Nauli.
33) Les épaules étant inclinées, on doit agiter le ventre de gauche à droite avec la puissance d’un tourbillon: cela est appelé nauli par les siddha.

34) Ce nauli, couronnement des exercices du Hatha-Yoga, ranime le feu gastrique affaiblit, augmente la puissance de la digestion, donne une joie continuelle et détruit tous les malheurs.

Kapâlabhâti.
35) Lorsque l’expiration et l’inspiration sont rapides comme un soufflet de forgeron, cette pratique est connue comme étant le kapâlabhâti qui détruit les maladies issues du flegme.

36) Après avoir éliminé l’obésité, les désordres causés par le flegme, les impuretés, etc. grâce aux six actes, il faut pratiquer le prânâyâma: alors le succès sera obtenu sans effort.

37) Toutes fois certains Maîtres disent que toutes les impuretés sont détruites par le prânâyâma et ne conseillent aucune autre action.

Gajakaranî: l’acte de l’éléphant.
38) Après avoir fait monter apâna jusque dans l’oesophage, il faut vomir les substances contenues dans l’estomac. Ceux qui pratiquent progressivement cette technique peuvent connaître et maîtriser le circuit des nâdî. Ceux qui sont experts en Hatha-Yoga appellent cette technique gajakaranî.

39) Même Brahmâ et les trente dieux à cause de la terreur que leur inspirent la mort pratiquent intensément le contrôle du souffle vital: C’est pourquoi on doit pratiquer le prânâyâma.

40) Quand le prâna est arrêté dans le corps, quand le mental est parfaitement concentré, quand le regard se fixe dans la shambavi, qui peut avoir peur de la mort?

41) Quand le circuit des nâdî est nettoyé par la pratique correcte du prânâyâma, le souffle vital pénètre aisément dans la sushumnâ après en avoir percé l’ouverture.

42) Quand le souffle vital est entré dans cette voie du milieu le mental devient stable et paisible: cet état d’immobilité mentale est le stade appelé manonmanî.

43) Ceux qui en connaissent les règles pratiquent les différents types de kumbhaka afin de réaliser l’état non mental. On obtient divers pouvoirs par la pratiques de ces diverses kumbhaka.

Kumbhakabheda
les différents types de kumbhaka.44) Les kumbhaka sont huit: sûryabhedana, ujjâyin, sîtkârin, shîtalî, bhastrikâ, bhrâmarin, mûrcchâ et plâvinî.

45) La fin de l’inspiration doit être suivie par le bandha appelé jâlandhara. La fin de la rétention et le début de l’expiration doit être accompli uddîyâna-bandha.

46) Contractant simultanément la gorge et la partie basse du corps (périnée) et tirant vers le dos la région abdominale, le prâna peut pénétrer dans brahmanâdî.

47) Le yogi qui tire le souffle descendant (apâna) vers le haut et qui pousse le souffle montant (prâna) à la gorge vers le bas est libéré de la vieillesse et retrouve la vigueur d’un enfant de 16 ans.

Sûryabhedana
48) le yogi, s’étant mis en posture sur un siège confortable, inspire lentement l’air extérieur avec la narine droite.

49) Il retient son souffle jusqu’à la limite de ses propres capacités de sorte que le prâna arrive jusque dans ses cheveux et au bout de ses ongles. Puis, le plus lentement possible, il doit expirer le souffle vital par sa narine gauche.

50) Sûryabhedana doit être pratiqué continuellement car il purifie la tête, détruit les malheurs issus d’un dysfonctionnement du vent ainsi que les maladies causées par les vers.

Ujjâyin.
51) La bouche étant fermée, on inspire lentement l’air par les deux narines, de façon à ce qu’il parcoure le corps de la gorge au coeur en produisant un son.

52) On doit retenir le prâna comme indiqué précédemment pour l’expirer ensuite par la narine gauche. Ceci élimine les maladies de la gorge dues au flegme et augmente le feu gastrique dans tout le corps.

53) Cela aboutit à l’élimination des troubles dans les nâdî, de l’hydropisie et des maladies qui concernent les constituants du corps (dhâtu). La rétention de souffle appelée ujjâyin peut être exécutée aussi bien en étant immobile qu’en marchant.

Sîtkârin.
54) Il faut émettre le son "Sît" avec la bouche durant l’inspiration et expirer avec les seules narines: grâce à une pratique constante (de sîtkârin) on devient un deuxième Dieu de l’amour (Kâma).

55) Celui qui pratique sîtkârin est vénéré par l’ensemble des yoginî. Il est Maître de l’émission et de la résorption (les siennes et l’équivalent sur le plan universel). Ni la faim, ni la soif, ni le sommeil, ni la paresse ne se manifeste désormais en lui.

56) Grâce à cette pratique le yogi, libéré de toutes infortunes, acquierre une puissance inouïe et devient sans aucun doute le meilleur de tous les yogi du monde.

Shîtalî.
57) Il faut inspirer l’air avec la langue, puis accomplir la rétention du souffle comme indiqué précédemment, et enfin expirer lentement l’air avec les deux narines.

58) La kumbhaka nommée Shîtalî détruit complètement toutes les maladies de l’estomac, les désordres de la rate, etc., la fièvre, les crises de bile, la faim, la soif et tous venins ingérés.

Bhastrikâ.
59) Quand on place ensembles les plantes des pieds, de la façon correcte, sur les cuisses, cela s’appelle Padmâsana qui élimine tout empêchement (dans la voie du yoga).

60) Après avoir pris impeccablement Padmâsana, le mental stabilisé, le coup et le dos parfaitement alignés, on ferme la bouche et on expire avec force par une narine.

61) Ainsi doit-on faire circuler le prâna dans la poitrine, la gorge, jusque dans la tête en produisant un son. Puis l’on doit inspirer l’air avec force jusque dans le lotus du coeur.

62) Ensuite on expire de nouveau, comme précédemment indiqué, et on inspire, et ainsi sans arrêt. De la même façon que le soufflet est utilisé violemment par le forgeron,

63) de la même façon doit on faire méthodiquement avec l’air qui est dans le corps. Quand le corps se fatigue, on doit inspirer par la narine droite.

64) On ne doit pas attendre que la cage thoracique se remplisse, et fermer puissamment les narines, sans utiliser l’index et le majeur.

65) Après avoir exécuté kumbhaka comme il est prescrit, on expire le prâna par idâ nâdî. Ceci augmente le feu du ventre dans le corps et détruit les maladies qui leur origine dans la perturbation des éléments vâta, pitta et kapha.

66) Ce bhastrikâ est auspicieux, il réveille rapidement kundalinî, nettoie, donne du plaisir. Il élimine le blocage de kapha qui se trouve à la base du brahmanâdî.

67) Il perce les trois noeuds (granthi) qui se trouvent immuablement le long de la Sushumnâ. C’est pour cette raison que ce kumbhaka appelé bhastrikâ doit être pratiqué sans faille.

Bhrâmarin. 
68) L’inspiration, particulièrement violente, doit produire un son similaire au bourdonnement d’une abeille mâle. L’expiration, très douce, doit produire un son pareil à celui d’une abeille femelle. Grâce à la pratique de cet exercice, béatitude et plaisir apparaissent dans la conscience des meilleurs parmi les Yogi.

Mûrcchâ.
69) A la fin de l’inspiration, jâlandhara étant fermement mis, on expire lentement: Ceci est appelé mûrcchâ qui donne joie te évanouissement de l’esprit.

Plâvinî.
70) Le yogi qui a le ventre plein de l’air qu’il a abondamment inspiré dans tout son corps flotte avec facilité sur une eau profonde, comme une feuille de lotus.

71) Le prânâyâma est connu comme triple: composé de recaka, pûraka et kumbhaka. Kumbhaka est considéré comme double, l’un est sahita et l’autre kevala.

72) Il faut pratiquer sahita kumbhaka jusqu’à ce que l’on obtienne le succès dans kevala kumbhaka qui est la suspension, plein d’aisance, du prâna après que inspiration ou expiration aient disparus.

73) Kevala kumbhaka: c’est lui seul qui doit être appelé prânâyâma. Une fois que le Yogi est devenu expert dans kevala kumbhaka, sans inspiration ni expiration,

74) il n’existe pour lui plus aucune chose difficile à obtenir dans les trois mondes. Celui qui est capable , grâce à kevala kumbhaka, de retenir son souffle autant qu’il le désire,

75) atteint le stade du Râja-Yoga, il n’y a aucun doute. Grâce au kumbhaka s’éveille kundalinî; grâce au réveil de kundalinî susumnâ est débarrassé de ce qui l’obstruait et le succès dans le Hatha-Yoga est atteint.

76) Le Râja-Yoga ne réussit pas sans le Hatha-Yoga, pas plus que le Hatha-Yoga sans le Râja-Yoga; C’est pour cela qu’on les pratique ensembles jusqu’à la réalisation finale.

77) A la fin de la rétention du souffle réalisée grâce au kumbhaka le mental doit être sans support: En fait, au moyen de cette pratique, on se hisse au niveau du Râja-Yoga.

78) Les indices du succès dans le Hatha-Yoga sont la minceur du corps, le teint lumineux, l’audition du son intérieur, une vision extrêmement claire, la santé, le contrôle du sperme, l’accroissement du feu intérieur et le nettoyage complet du circuit des nâdî.

 

Chapitre III

1) De même que le Seigneur des serpents est le soutien de la terre avec ses montagnes et ses forêts, de la même façon Kundalinî est le support de toutes les pratiques du Yoga.

2) Lorsque la belle kundalî endormie est éveillée par la grâce du Maître, à ce moment tous les Chakra et les Granthi sont perforés.

3) Le sentier qui était vide devient alors la voie royale du Prâna: le mental n’a plus de support et la mort cesse d’exister.

4) Sushumnâ (le nâdî central), shûnyapadavî (le chemin des 7 vides), brahmarandra (la porte de l’absolu), mahâpatha (la grande voie), smashâna (le lieu de crémation), shambhavî (celle qui donne le bonheur), madhyamârga (la voie du milieu) sont tous synonymes.

5) Pour cela il faut s’adonner avec force à la pratique des Mudrâ afin de réveiller la Déesse endormie à la porte de Brahmâ.

6) Mahâmudrâ, Mahâbandha, Mahâvedha, khecarî, Uddîyânabandha, Mûlabandha ainsi que le bandha appelé Jâlandhara,

7) Karanî connu comme viparîta, Vajrolî, shakticâlana sont les dix Mudrâ qui détruisent vieillesse et mort.

8) Ces Mudrâ révélés par Adinâtha, d’origine surnaturelle, confèrent les huit pouvoirs du Yoga. Ils sont chéris par les Siddha et difficiles à maîtriser, même pour les êtres célestes.

9) Ceux-ci doivent être tenus impérativement secrets comme s’il s’agissait d’un coffre à bijoux. Il ne faut en parler à personne comme on le ferait d’une relation intime avec une femme mariée.

Mahâmudrâ
10) On comprime le périnée avec le talon du pied gauche et après avoir allongé devant soi la jambe droite, on saisi fermement le pied droit avec les mains.

11) Tandis que l’on fait la contraction de la gorge, il faut essayer de faire remonter le Prâna vers le haut dans Shusumnâ. Grâce à cela, tel un serpent dérangé par un coup de bâton se réveille et se dresse comme une baguette,

12) La Shakti enroulée s’érige subitement: à cet instant ceci génère pour les deux nâdî (courcircuités) - Idâ et Pingalâ - un état de mort.

13) Puis on expire très lentement et sans violence: voilà en vérité comme est décrit Mahâmudrâ par les puissants Siddha.

14) Toutes les afflictions sont détruites particulièrement les grandes causes de douleur (klesha) et la mort. C’est pour cette raison que les meilleurs parmi les sages la nomment Mahâmudrâ.

15) Après l’avoir pratiqué avec côté lunaire du corps, il faut la pratiquer de suite avec le côté solaire. Quand on a fait un nombre de fois égal à gauche et à droite, on peut arrêter de pratiquer cette Mudrâ.

16) Il n’y a plus de nourriture indiquée ou contre-indiqué pour qui la pratique. tous les aliments ayant n’importe quelle saveur, et même sans saveur, jusqu’aux poisons les plus dangereux, sont digérés comme s’il s’agissait d’une ambroisie.

17) Les maladies de celui qui pratique Mahâmudrâ sont éliminées, à commencer par la consomption, la lèpre, la constipation, les maladies abdominales, l’indigestion.

18) Voilà comment est décrite cette Mahâmudrâ qui confère les grands Pouvoirs aux hommes. Elle doit être réellement tenue secrète et ne pas être révélée à qui que ce soit.

Mahâbandha.
19) Il faut placer le talon du pied gauche contre le périnée et le pied droit sur la cuisse gauche.

20) Il faut alors inspirer le Prâna et appuyer fermement le menton contre la poitrine, contracter l’anus et diriger le mental dans le Nâdî central.

21) Après avoir maintenu le souffle le plus longtemps possible, il faut expirer lentement. Une fois exécuté du côté gauche, cet exercice doit être fait du côté droit.

22) Toutefois certains pensent que dans cette occasion la contraction de la gorge doit être évitée et qu’il est possible de faire Jihvâbandha qui consiste à presser la langue contre les incisives.

23) Ceci arrête le mouvement ascendant du Prâna dans tous les Nâdî (sauf Susumnâ). Ce Mahâbandha permet surement d’obtenir les Siddhi.

24) C’est un moyen supérieur pour se libérer du lien produit par le lasso de la mort. Il provoque l’union des trois Nâdî et permet au mental d’atteindre le Keradâ (Ajnâ chakra).

Mahâveda
25) Comme la beauté et le charme d’une femme sont vains sans homme, ainsi Mahâmudrâ et Mahâbandha sont sans résulta s’il manque Mahâveda.

26) Le Yogi étant assis en Mahâbandha, le mental bien concentré, doit faire une inspiration et arrêter fermement avec Jâlandharabandha le cours des souffles vitaux.

27) Après avoir mis les paumes de mains au sol, il frappe délicatement le sol avec les fesses. Le Prâna quitte les deux Nâdî et parcours en vibrant le canal central.

28) Ainsi se produit l’union de la Lune, du Soleil et du Feu qui donne l’immortalité. Quand l’état de mort (dans Idâ et Pingalâ) est atteint, le Prâna doit être expiré.

29) Quand il est pratiqué Mahâveda donne les Siddhi, élimine les rides, les cheveux blancs et les tremblements. C’est pour cela qu’il est pratiqué par les meilleurs d’entre les Yogi.

30) Cette triade est le grand secret qui élimine la vieillesse et la mort, augmente le feu digestif et donne les pouvoirs surnaturels, tel animan.

31) Elle doit être exécutée tous les jours, huit fois, toutes les trois heures. A chaque fois elle donne plus de puissance et élimine les obstacles. Ce premier moyen de réalisation constitué par les trois Mudrâ peut être rapidement maîtrisé par ceux qui ont reçu un enseignement correct.

Khecarî
32) Quand la langue retournée à l’intérieur pénètre dans la cavité du crâne et que le regard est concentré entre les sourcils, ceci est Khecarî-mudrâ.

33) On allonge progressivement la langue en l’incisant, en la manipulant et en la tirant jusqu’à ce qu’elle puisse atteindre l’espace entre les sourcils. Alors Khecarî est réalisée.

34) Quand on a pris une lame polie, propre et assez coupant comme la feuille du Snubî, on entaille avec prudence le frein qui se trouve sous la langue sur la dimension d’un cheveu.

35) Il faut ensuite appliquer sur la coupure du sel gemme et du myrobolan jaune en poudre. Au bout de sept jours il faut de nouveau tailler de l’épaisseur d’un cheveu.

36) Il faut faire cela correctement et régulièrement pendant six mois. A la fin des six mois le frein de la langue est coupé.

37) Après avoir retourné la langue vers l’intérieur, il convient de l’appliquer sur les trois Nâdî: ceci est Khecarî-mudrâ, appelée également Vyoma-chakra.

38) Le Yogi qui peut rester ainsi la langue tournée vers le haut durant la moitié d’un Kshana, évite les poisons, les maladies, la mort, la vieillesse.

39) Pour celui qui connaît Khecharî-mudrâ il n’y a plus ni maladie, ni mort, ni fatigue, ni sommeil, ni faim, ni soif, ni torpeur.

40) Celui qui connaît Khecharî-mudrâ n’est plus oppressé par les maladies, n’est plus concerné par le Karma, n’est plus emprisonné par le temps.

41) Cette Mudrâ est appelée Khecarî par les sages parce que le mental se meut dans l’espace entre les sourcils et que la langue a atteint cet espace.

42) Le sperme du Yogi qui a scellé la partie supérieure du palais avec la Khecarî ne se répand plus, même s’il est caressé par une jeune femme pleine de désirs.

43) Même si le sperme se met en branle et qu’il a déjà bougé dans les testicules, il peut être encore arrêté par la Yoni-mudrâ et aspiré avec puissance prendre le courant ascensionnel (Urdhvaretas).

44) Un tel maître en Yoga, qui peut rester immobile avec la langue tournée vers le haut, qui peut boire le Soma, peut sans aucun doute vaincre la mort au bout d’une quinzaine de jours.

45) Le Yogi dont le corps est saturé par le nectar lunaire devient éternel. Même s’il est mordu par Takshaka en personne, le poison ne peut se répandre en lui.

46) Tout comme le feu n’abandonne pas le combustible, ni la flamme la mèche imbibée d’huile, ainsi la conscience incarnée ne lâche pas le corps plein de cette ambroisie lunaire.

47) Celui qui se nourrit régulièrement de viande de vache et boit la liqueur divine, je le considère comme un homme de haute lignée. Les autres gâchent leurs origines.

48) Le mot "vache" signifie la langue et son positionnement dans la partie postérieure du palais signifie "se nourrir de viande de vache". Ceci enlève les obstacles.

49) La "liqueur divine" est cette essence distillée par la lune qui est produite directement par la chaleur qui vient de l’insertion de la langue au fond du palais.

50) Si la langue touche constamment cette grotte qu’est le fond du palais, faisant ainsi couler la liqueur d’immortalité, elle expérimentera le goût salé, amer, acide, lacté, sucré, et celui comparable au beurre clarifié. Ceci guérit des maladies, détruit la vieillesse, protège de toute agression armée, donne l’immortalité, les huit Siddhi ainsi que celui de fasciner les jeunes filles célestes aux formes parfaites.

51) La bouche positionnée en hauteur et la langue fermant la grotte du palais, le Yogi qui médite sur la superbe Shakti et qui boit la liqueur lunaire composée de cette onde qui coule goutte à goutte de la tête vers le lotus à seize pétales, libérée grâce au Prâna, par la puissance même du Hatha-Yoga, est délivré des maladies et vit très longtemps avec un corps lumineux et beau comme la tige d’un lotus.

52) Une grotte couverte de neige se trouve au sommet du mont Meru. Les sages affirme que la Réalité s’y trouve. Celle-ci est la source des tous les courants descendants. De la Lune s’échappe le nectar suprême, essence du corps, de qui vient la mort pour les hommes. Il faut donc l’immobiliser avec ce moyen merveilleux parce que d’aucune autre façon on ne peut obtenir la perfection du corps.

53) Cette grotte est le point de confluence des cinq énergies qui procurent la connaissance. Dans la pureté de ce vide se trouve la Khecarî.

54) Il y a une seule vibration à l’origine de la création; un seul Mudrâ, la Khecarî; Une unique conscience qui est sans support; un seul état, le manomanî.

Uddîyâna-bandha
55) Uddîyâna est ainsi appelé par les Yogi parce que grâce à lui le Prâna, après qu’il soit immobilisé, s’élève le long de la Susumnâ.

56) Parce que le grand oiseau est prêt à s’envoler, le bandha qui va maintenant être décrit se nomme Uddîyâna.

57) Attirer l’abdomen qui se trouve sous le nombril vers l’intérieur, contre la colonne vertébrale: voilà l’Uddîyâna-bandha qui, tel le lion, vainc l’éléphant de la mort.

58) Lorsque Uddîyâna est enseigné par un Maître il se réalise toujours naturellement. Celui qui le pratique sans arrêt, même s’il est vieux, redevient jeune.

59) Le Yogi doit rétracter vers l’intérieur avec violence la région supérieure et inférieure du nombril. Qui pratique cela pendant six mois vainc sans aucun doute la mort.

60) Uddîyâna est le bandha le plus important. Lorsque Uddîyâna-bandha est maîtrisé, la libération a lieu spontanément.

Mûla-bandha
61) En pressant les talons sur le périnée, on contracte l’anus en tirant Apâna vers le haut: ceci est nommé Mûla-bandha.

62) Ou bien on force à aller vers le haut Apâna, lequel a un cours descendant, grâce à la contraction: ceci est appelé par les Yogi Uddîyâna-bandha.

63) Après avoir serré l’anus avec les talons on doit comprimer avec puissance et à maintes reprises le Prâna, jusqu’à ce que le souffle vital aille vers le haut.

64) Quand Prâna et Apâna, Nâda et Bindu sont unifiés grâce à Mûla-bandha, on peut atteindre la perfection absolue du Yoga, il n’y a aucun doute.

65) Grâce à l’union entre Prâna et Apâna on obtient une diminution de l’urine et des excréments. Avec une pratique continuelle de Mûla-bandha, même celui qui est vieux redeviendra jeune.

66) L’Apâna, après qu’il ait pris son cours ascendant, rejoint la région du feu. Alors la point de la flamme, pénétrée par le souffle vital, rentre en expansion.

67) Quant l’Apâna et le feu réunis atteignent le Prâna, chaud de nature, se développe alors dans le corps un feu particulièrement brûlant.

68) Surchauffée par cela, la kundalinî endormie se réveille entièrement. Elle se redresse en sifflant à la manière réelle d’un serpent heurté par un bâton.

69) De la même façon que le serpent rentre ensuite dans son trou, Kundalinî pénètre dans Susumnâ-nâdî. Voilà pourquoi les Yogi doivent pratiquer jours et nuits Mûla-bandha.

Jâlandhara-bandha
70) On contracte la gorge en pressant solidement le menton contre la poitrine. : Ce bandha destructeur de la vieillesse et de la mort est appelé Jâlandhara.

71) Ainsi est bloqué le filet des Nâdî ainsi que l’écoulement descendant de la liqueur qui vient goutte à goutte de la voûte céleste. Ce bandha qui élimine tous les troubles de la gorge est dit Jâlandhara.

72) Grâce à l’exécution de Jâlandhara-bandha qui est caractérisé par la contraction de la gorge, Amrta ne tombe plus dans le feu du ventre et Prâna devient calme.

73) Avec la contraction déterminée de la gorge les deux Nâdî se ferment puissamment.On doit savoir que cette contraction est identique au Chakra du milieu qui contrôle les seize Adhâra.

74) Après avoir correctement contracté le périnée, on fait Uddîyâna-bandha. Ayant ainsi bloqué Idâ et Pingalâ, on peut faire monter le Prâna le long de la colonne vertébrale.

75) Grâce à cela le Prâna devient stable et c’est pour cela que ne survient plus la maladie, la vieillesse et la mort.

76) Ceux-ci sont les trois meilleurs bandha, pratiqués par ceux qui ont des pouvoirs. Les Yogi savent que ce sont les moyens pour obtenir la réussite dans toutes les pratiques du Hatha-Yoga.

77) Quelque soit le fluide qui coule de cette Lune à l’aspect merveilleux, tous seront dévorés par le Soleil. C’est la raison pour laquelle le corps s’use.

78) Il existe pourtant un excellent moyen pour abuser la bouche du Soleil. Celui-ci ne peut être appris même par l’intermédiaire d’innombrables textes sacrés mais seulement par l’enseignement du Maître.

79) Celui qui met son ventre en haut et son palais en bas, le Soleil se trouve en hauteur et la Lune en contre bas. Ceci, qui est dit position inversée, ne peut être appris que par l’enseignement du Maître.

80) Celui qui fait ce geste tous les jours voit son feu digestif ravivé et il est nécessaire de préparer une grande quantité de nourriture pour un tel pratiquant.

81) S’il a peu de nourriture, le feu digestif la consumera en peu de temps. Le premier jour il doit rester les pieds en l’air et la tête en bas pour quelques instants seulement.

82) Puis, jour après jour, on doit le pratiquer un peu plus. Après six mois les rides et les cheveux blancs disparaissent. Celui qui peut le pratiquer trois heures tous les jours vainc la mort.

Vajrolî
83) Celui qui connaît bien Vajrolî, même s’il agit selon ses envies sans suivre les prescriptions du Yoga, celui- ci est un Yogi, réceptacle des Siddhi.

84) Pour cela, je dirai les deux choses difficiles à obtenir pour quiconque: une c’est le lait, l’autre c’est une femme qui soit soumise à sa volonté.

85) Une homme ou une femme qui pratiquent correctement avec le sexe une contraction progressive vers le haut, atteignent la perfection dans Vajrolî.

86) En utilisant un tube adéquat, on souffle avec précaution et graduellement dans l’urètre, de façon à libérer le passage pour l’air.

87) Par la répétition de cette pratique on peut faire remonter le sperme qui serait dans le lieu des délices féminins. On peut ainsi préserver sa propre énergie qui a commencé à bouger en la faisant remonter.

88) Le connaisseur du Yoga qui préserve son sperme vainc la mport. La mort vient de l’émission du Bindu, la vie de la rétention du sperme.

89) Des odeurs voluptueuses émanent du corps du Yogi qui retient son sperme. Tant que le Bindu est immobile dans le corps quelle raison y-a-t-il d’avoir peur de la mort?

90) Chez les hommes le sperme dépend du mental et la vie du sperme. C’est la raison pour laquelle il faut contrôler avec force le sperme et le mental.

91) Celui qui connaît le Yoga, par la pratique intense de Vajrolî, doit faire remonter son sperme avec son sexe. Ainsi préserve-t-il sa propre énergie et celle de sa compagne.

Sahajolî
92) Sahajolî et Amarolî sont deux types de Vajrolî qui ont des résultats identiques. Il faut mélanger à de l’eau de la cendre consacrée de bouse de vache.

93) Après avoir pratiqué l’union sexuelle selon la méthode de la Vajrolî, dès qu’ils ont fini, l’homme et la femme, encore sous le charme de l’état de félicité, doivent masser leur splendide sexe avec ce mélange.

94) Ceci est nommé Sahajolî, pratique que les Yogi doivent connaître comme efficace et bénéfique, qui donne la libération grâce à l’unification produite par le plaisir sexuel.

95) Cette pratique réussit seulement avec ceux qui en ont une parfaite maîtrise, qui sont résolus, qui voient la Réalité, qui sont libérés de l’égoïsme et non avec ceux qui sont avides.

Amarolî
96) Que l’on jette le premier flux du sperme à cause de son excès de bile et le dernier qui n’a plus de substance pour ne garder que la partie du milieu qui est fraîche. Voilà l’Amarolî prisé par les Khanda-Kâpâlika.

97) Boire régulièrement le nectar d’immortalité en l’aspirant chaque jour du milieu de la région nasale et pratiquer correctement Vajrolî est également appelé Amarolî.

98) Le fluide lunaire qui circule grâce à cette pratique doit être unit à la puissance de la conscience et maintenu dans la partie supérieure du corps. Ceci développe la vision absolue.

99) Si la femme, grâce à la maîtrise acquise par une pratique correcte, arrive à aspirer le sperme de l’homme tout en préservant sa propre énergie sexuelle par le moyen de Vajrolî, elle est reconnue comme une vrai Yogini.

100) Elle ne perd sans aucun doute la moindre parcelle de son énergie sexuelle et dans son corps la résonance intérieure (Nâda) est devenue Bindu.

101) Ce Bindu et cette énergie sexuelle, après qu’ils se soient unis et stabilisés dans son propre corps grâce à la pratique continue de vajrolî, procurent tous les Siddhi.

102) Celle qui préserve son énergie sexuelle avec la contraction vers le haut est assurément une Yogini. Elle connaît le passé et le futur et a obligatoirement la capacité de se mouvoir dans l’espace.

103) Grâce à la pratique ininterrompue de Vajrolî on obtient la perfection du corps. Cette pratique confère tous les mérites et aboutit à la libération en jouissant aussi du plaisir.

Shakticâlana
104) Kutilangî, Kundalinî, Bhujangî, Shakti, Ishvarî, Kundalî, Arundhatî sont tous des nmns synonymes.

105) Comme quelqu’un ouvre une porte avec une clé en utilisant la force, de la même façon avec le Hatha-Yoga, grâce à Kundalinî, le Yogi débloque la porte de la libération.

106) La Suprême Déesse est endormie. Avec sa tête elle ferme l’ouverture du chemin à travers lequel la résidence de Brahmâ - libre de toute souffrance - doit être atteinte.

107) La Shakti Kundalî est endormie au dessous du Kanda. Ceci est soit pour la libération du Yogi , soit pour l’esclavage de l’imbécile. Celui qui la connaît, connaît le Yoga.

108) La Kundalî est décrite par tout le monde comme enroulée à la façon du serpent. Celui qui met en mouvement cette Shakti est libéré, il n’y a aucun doute.

109) Il faut s’emparer avec violence de cette jeune veuve ascétique qui se trouve entre Gangâ et Yamunâ. Ceci conduit à la demeure suprême de Vishnu.

110) Idâ est le vénérable Gange (Gangâ). Pingalâ est le fleuve Yamunâ. La jeune veuve qui se trouve entre Idâ et Pingalâ est Kundalinî.

111) Il faut réveiller ce serpent endormi en le saisissant par la queue. Après avoir abandonné son sommeil à cause des pratique du Hatha-Yoga la Shakti fuse vers le haut.

112) Matin et soir il faut agiter ce serpent qui demeure là par mouvement circulaires, pendant environ une heure et demi, l’ayant saisie par la méthode du Paridhâna, après avoir inspiré par le Nâdî solaire.

113) Le Kanda mesure douze doigts en hauteur et quatre en largeur. On dit qu’il est doux, blanc et ayant l’apparence d’une étoffe enveloppante.

114) Se tenant en Vajrâsana, on saisit fermement les pieds avec les mains. Le Kanda se trouve alors près des chevilles et doit être pressé contre elles.

115) Le Yogi, assis en Vajrâsana, après avoir fait bouger Kundalî, devra enchaîner immédiatement après le Bhastrikâ pour réveiller dans l’instant Kundalî.

116) Celui qui fait la contraction du Soleil et qui met en mouvement Kundalî ne doit pas avoir peur de la mort, quand bien même tomberait-il entre ses griffes.

117) Ainsi il faut quelle soit agitée sans appréhension durant deux Muhûrta. Dès qu’elle a pénétré un peu dans Susumnâ il faut la tirer vers le haut.

118) Grâce à cela Kundalinî libère obligatoirement la bouche de la Susumnâ et ainsi le Prâna peut-il pénétrer spontanément dans Susumnâ.

119) Voilà pourquoi il faut secouer continuellement Arundhatî tranquillement endormie. La mise en action de son mouvement est la cause réelle par laquelle le Yogi est libéré des maladies.

120) Le Yogi qui met en route la Shakti détient les Siddhi. Quel besoin a-t-il d’autres discours. Il se défait de la mort comme si c’était un jeu.

121) Le Yogi qui observe constamment la maîtrise sexuelle et la nourriture conseillée en quantité modérée, grâce à la pratique continue de l’ébranlement de Kundalinî obtient le succès au bout d’un cycle d’une quarantaine de jours.

122) Après avoir mis en mouvement la kundalinî, il est conseillé de pratiquer le Bhastrikâ. Comment pourrait-il y avoir peur de la mort pour le disciple qui pratique sans arrêt cette méthode?

123) Pour remuer les impuretés des 72 000 Nâdî, quel autre moyen de purification existe-t-il si ce n’est de continuer la pratique de l’ébranlement de Kundalinî?

124) Le Nâdî central du Yogi devient droite grâce à une ferme et continuelle pratique des Asana, du Prânâyâma et des Mudrâ.

125) A ceux qui se sont libérés du sommeil par cette pratique assidue et qui ont le mental arrêté grâce au Samâdhi, Shambhavî et les autres Mudrâ leur accordent une réalisation parfaite.

126) Sans le Rajâ-Yoga la terre ne brille plus, sans le Rajâ-Yoga la nuit est inutile, sans le Rajâ-Yoga les Mudrâ, pourtant si merveilleux, ne resplendissent pas.

127) C’est avec le mental concentré que l’on doit s’adonner à toutes les pratiques concernant le Prâna. Le sage ne doit pas laisser vagabonder ailleurs le flux mental.

128) Ainsi ont été exposés par Adinâtha Shambu les dix Mudrâ. Chacun d’eux amènent de grands pouvoirs à qui possède la maîtrise du soi.

129) Celui qui transmet l’enseignement des Mudrâ selon la tradition de l’enseignement de Maître à Disciple, celui-ci en vérité est un grand Guru, un Maître spirituel, il est l’Absolu personnifié.

130) Celui qui est complètement absorbé dans l’enseignement de son Maître, qui est profondément concentré sur la pratique des Mudrâ, acquière le pouvoir de jouer avec la mort ainsi que tous les autres pouvoirs surnaturels à commencer par celui de devenir aussi petit qu’un atome.

 

CHAPITRE IV

 

1) Hommage à Shiva, le Maître, source de Nâda, bindu et kalâ. Celui qui se donne entièrement à lui atteind l’état libre et lumineux.

2) Maintenant je vais expliquer la méthode supérieure qui permet d’atteindre le Samâdhi, celle qui permet de dépasser la mort, qui conduit à la félicité et procure la suprême béatitude du Brahman.

3) Râja-yoga (Yoga royal), Samâdhi, unmanî (état au-delà du mental), manonmanî (abandon du mental), amaratva (immortalité), laya (résorption intérieure), tattva (réalité), shûnyâshûnya (vide pur et non vide), para-pada (lieux suprême),

4) amanaska (arrêt du mental), advaita (non dualité), nirâlamba (état sans support), niranjana (état lumineux), jîvanmukti (libéré vivant), sahaja (état spontané) et turya (quatrième état au-delà la veille, le rêve et le sommeil), sont tous des mots synonymes.

5) De la même façon que le sel dans l’eau devient une seule et même chose avec l’eau au moment de leur union, quant l’Atman et le Manas fusionnent se produit le Samâdhi.

6) Quant le souffle a disparut et que le mental est absorbé immobile à l’intérieur, une unité de vibration - s’apparentant à une saveur unique et immobile - se produit: elle est appelée Samâdhi.

7) Cette immobilité, cette union entre le Soi Universel et le Soi Individuel qui éclôt quant se produit la cessation de toutes les activités mentales est nommée Samâdhi.

8) Qui connaît en vérité l’immensité du Râja-Yoga? La connaissance, la libération, les pouvoirs surnaturels et l’immobilité sont acquis grâce au travail avec le Maître.

9) Sans l’amour du Maître il est difficile de renoncer à l’attachement sensoriel, de réaliser la vision de la Réalité et d’atteindre l’état de spontanéité naturelle.

10) Lorsque la Déesse Kundalinî a été éveillée par différentes postures et divers gestes ou arrêts de souffle, alors l’énergie subtile de la respiration à son tour se dissout dans le Grand Vide (Brahmarandhra, la porte de l’Absolu).

11) L’état spontané est atteint sans effort par le Yogi qui a renoncé au devenir et qui a éveillé en lui la Shakti.

12) Quand le prâna perce la Sushumnâ et que le mental se dissout dans le Vide, alors celui qui connaît le Yoga atteint le Non-faire.

13) O immortel je te salue, Toi qui a même vaincu le Temps Dévoreur dans la gueule de qui tout cet Univers ainsi que l’ensemble de tout ce qui existe, mobile et immobile, est englouti.

14) Quant la pensée est immobile et que le prâna coule dans la Sushumnâ, alors se réalisent Amarolî, Vajrolî et Sahajolî.

15) Comment la connaissance peut-elle surgir dans le manas tant que le prâna bouge et que le mental n’est pas immobile? Seul l’homme qui amène prâna et manas à se dissoudre atteint la libération.

16) Le Yogi doit toujours se tenir dans un lieu adapté à son mode de vie, Ensuite, lorsqu’il a apprit à ouvrir la Sushumnâ et à y conduire le prâna, il doit l’amener à la dissolution dans le Brahmarandhra.

17) Le Soleil et la Lune délimitent le temps, formé des jours et de nuits. Sushumnâ dévore le Temps. Voilà le Secret.

18) Les 72 000 portes de la cage sont les nâdî. Sushmnâ est la Shambhavî-Shakti, tandis que les autres nâdî sont inutiles.

19) Quant on obtient la connaissance absolu et donc le contrôle de l’énergie du souffle, après avoir éveillé kundalinî en même temps que le feu intérieur du ventre, on fait pénétrer cette énergie du souffle vital dans la Sushumnâ sans que plus rien ne l’obstrue.

20) Manonmanî est réalisé lorsque cette énergie du souffle vitale circule librement dans Sushumnâ. Si ce n’est pas le cas toutes les autres pratiques deviennent vaine pour le Yogi.

21) Celui qui a immobilisé le souffle a également immobilisé le mental. Celui qui a immobilisé le mental a également immobilisé le souffle.

22) Le mental fonction grâce à deux causes: les Vâsanâ et le prâna. Quand l’un des deux ne fonctionne plus, tous les deux s’immobilisent.

23) Dans le point où le mental s’absorbe se dissout le souffle. Dans le point où se dissout le souffle le mental s’absorbe.

24) Manas et prâna sont unis comme l’eau et le lait le sont, et leurs mouvements sont égaux. Où est le souffle le mental est en activité; où est le mental le souffle est en activité.

25) Quand l’activité de l’une des deux devient nulle, celle de l’autre devient nulle également. Quant l’un des deux est activé, l’autre aussi. Tant qu’ils sont en mouvement il en est de même de l’activité des organes d’action et de connaissance. Lorsque manas et prâna sont immobilisé, l’état de libération peut survenir.

26) L’instabilité est la qualité essentielle commune au mercure et à manas. Quant le mercure a été fixé et que le manas est fermement immobilisé, il n’y a rien sur terre que l’on ne puisse réaliser.

27) O Pârvatî, lorsque le mental et le souffle vital se sont évanouis toute forme de maladie l’est également. Morts (manas et prâna) ils permettent une nouvelle vie (celle de l’éveillé, le deux fois né).Ainsi bloqués ils donnent le pouvoir se se mouvoir dans l’espace.

28) Quant manas atteint l’arrêt, prâna fait de même: grâce à cela le sperme (bindu) lui-même atteint l’immobilité. L’énergie sexuelle maîtrisée ce bindu génère une énergie purifiée qui assure une parfaite santé dans le corps.

29) Manas est le Maître des sens et le souffle vital est le Maître de manas. La résorption intérieure - laya - est le Maître de prâna. Celle-ci (laya) dépend du son primordial (Nâda).

30) Que, selon les points de vue, cette résorption à l’intérieur de soi soit appelée ou non délivrance (Moksha) l’évanouissement de manas et de prâna n’en confère pas moins une béatitude indescriptible.

31) Quant l’inspiration et l’expiration ont cessé et que les perceptions sensorielles ont complètement disparu, que le corps et le mental sont absolument immobiles, alors le Yogi peut atteindre la Résorption (laya).

32) Quant toutes les productions mentales ont été arrêtées et qu’il n’y a plus trace d’aucune activité, une dissolution indescriptible surgit, compréhensible uniquement pour qui l’a expérimenté, inexprimable en mots.

33) Le manas devient ce sur quoi l’on se concentre. La Nature éternelle (Prakriti) de qui proviennent les éléments et les sens ainsi que Shakti qui anime les êtres vivants, toutes deux se dissolvent également dans Cela qui est sans marque distinctive.

34) On s’écrit: "Laya! Laya!". Mais quelle est la caractéristique de laya? Laya est l’oubli de toutes les impressions sensorielles dû à l’arrêt des pensées (vâsanâ).

35) Les Veda, les Shâstra et les Purâna sont comme une putain. Seule la Shambhavî-mudrâ est précieuse, comme une femme modèle.

36) Diriger son attention vers un point intérieur et bien que les yeux soient ouverts les paupières doivent rester immobiles et la vision extérieure disparaître: ceci est la Shambavî-mudrâ, inconnue des Veda et des Shâstra.

37) Quant le Yogi reste ainsi le mental et le souffle vital absorbé dans la cible intérieure, avec les yeux immobiles ouverts ou même dirigés vers le bas le regard vers l’extérieur mais ne voyant pas, voilà en vérité ce qu’est la Shambavî-mudrâ. Lorsque celle-ci est obtenue par la grâce du Maître, se manifeste l’état de Shambhu qui est suprême Réalité indescriptible, ni comme vide ni comme non-vide.

38) Bien que les inestimables Shambhavî et Khecharî soient différentes par la position ou le point de concentration, Dans l’une et dans l’autre se trouve la béatitude du mental qui se dissout dans le Vide, dont la nature propre est félicité de la Conscience.

39) Après avoir dirigé le regard vers la lumière, on soulève légèrement les sourcils et l’on concentre l’esprit comme dans la mudrâ précédente: ceci provoque instantanément Unmanî.

40) Certains sont pris dans les pièges des doctrines traditionnelles, d’autres dans la masse des prescriptions védiques, d’autres encore dans la logique: aucun ne connaît le moyen d’éveil.

41) Avec les yeux mi-clos, le mental stable, le regard dirigé sur la pointe du nez, celui qui parvient à la résorption de la Lune et du Soleil par l’immobilité physique et mentale atteint ce lieux illuminé, germe de toutes les causes, essence suprême, qui est la totalité, resplendissant, qui est la superbe réalité. Qui a-t-il de plus à dire?

42) La véritable adoration du Linga ne se fait ni de jour ni de nuit, mais seulement quand le jour et la nuit ont été détruits: alors l’adoration est continue.

Khecarî 
43) Quand le prâna qui se trouve dans les nâdî de droite et de gauche pénètre dans la voie du milieu, Khecarî-mudrâ est établie en ce lieu, il n’y a pas de doute.

44) Le vide qui se trouve au centre, entre Idâ et Pingalâ dévore le prâna. Là est établie la Khecarî-mudrâ: de nouveau c’est la vérité.

45) Au centre entre Sûrya et Chandra est un espace sans support. Cette mudrâ établie ici dans le vyoma-cakra s’appelle Khecharî.

46) Cette Khecharî dans laquelle coule le flot produit par la Lune est la bien-aimée de Shiva lui-même. On doit accéder à la divine et incomparable Sushumnâ par son ouverture arrière et la remplir.

47) Mais il faut faut également remplir l’ouverture antérieure. C’est alors que la Khecharî devient stable. La Khecharî-mudrâ régulièrement pratiquée procure l’état unmanî.

48) La demeure de Shiva est entre les sourcils: C’est là que le mental est définitivement absorbé. Cet état est connu comme Turya dans lequel le temps n’existe plus.

49) On doit pratiquer Khecharî jusqu’à ce qu’on réalise le sommeil yogique. Il n’y aura plus jamais de mort pour celui qui a obtenu ce Yoga-nidrâ.

50) Après qu’il ait déconditionné le mental de chacun de ses support, le Yogi ne pense plus à rien. Il se tient fermement immobile dans l’espace comme un vase immergé dans l’espace à l’intérieur et à l’extérieur.

51) Le mouvement du souffle extérieur et intérieur s’arrête, c’est une certitude. Le souffle en même temps que le mental atteignent l’immobilité dans leur cible commune.

52) Le prâna de celui qui s’exerce jour et nuit, dans une pratique continue, à faire circuler son souffle dans la Sushmnâ finit par disparaître et par se dissoudre avec le mental dans le Brahmarandhra.

53) Il faut inonder le corps de la tête aux pieds avec l’Amrita. Ainsi peut-on acquérir un corps parfait, plein de force et d’énergie. C’est de cette façon que se termine la description de la Khecarî.

54) Après avoir fixé le mental au coeur de la Shakti et conduit celle-ci dans le centre supérieur, contemplant l’esprit au moyen de l’esprit, il faut se concentrer sur le lieu suprême.

55) Il faut alors placer le Soi au centre de l’Espace (kha) et l’Espace au centre du Soi. Après avoir réalisé que tout n’est qu’Espace, Il faut arrêter la pensée.

56) Vide à l’intérieur et vide à l’extérieur, comme est vide une jarre dans l’espace. Plein à l’intérieur, plein à l’extérieur, comme plein est une jarre dans l’océan.

57) Il ne faut alors ne plus se préoccuper ni de ce qui est extérieur ni de ce qui intérieur à soi. Renoncant ainsi à toutes les pensées, il ne pense plus à quoique ce soit.

58) L’Univers entier n’est que le fruit des projections mentales. Le jeu incessant des pensées n’est aussi que création des projections mentales. Abandonne, O Râma, l’intellect fait de concepts: après avoir atteint la source de toutes ces modifications mentales, tu atteindras sans nul doute l’immobilté.

59) Comme le camphre dans le feu, le sel dans l’eau, ainsi fait le mental (Manas) quand il atteint la conscience incarnée (Atman) en se fondant en elle.

60) Tout ce qui est connaissable est support de connaissance et la connaissance est le Manas. Quand connaissance et connaissable sont neutralisés en même temps, la voie de la dualité n’a plus de support.

61) Tout ce qui existe, tout ce qui est mobile ou immobile, n’est qu’une vision mentale. Quand Manas atteint l’état unmanî la dualité n’est plus perceptible.

62) C’est par le renoncement de la perception de tout objet de connaissance que le mental se dissout. Quand cette dissolution se maintient l’isolement final se produit.

63) C’est comme cela qu’on été précisément décrites par les Grands Maîtres des temps passés les différentes méthodes conduisant au Samâdhi, toutes basées sur leurs propres expériences.

64) Salut à toi Sushmnâ, à toi Kundalinî, au nectar lunaire, à manonmanî, à mahâshakti, qui est la source de la conscience.

65) Nous allons maintenant décrire la méditation sur le son intérieur, enseignée par Goraksha, qui est accessible même pour ceux qui sont dans la confusion et qui sont incapables d’appréhender ce qui se cache au-delà du visible.

66) Adinâtha a enseigné un très très grand nombre de méthode, toutes efficaces, pour atteindre la résorption (laya). De toutes, l’écoute du son intérieur (nâda-anusandhâna) est la meilleure.

67) Le Yogi, assis en muktâsana, après qu’il ait fait Shambhavî-mudrâ, doit écouter, très concentré, le son intérieur perceptible dans l’oreille droite.

68) Les oreilles, les yeux, le nez et la bouche doivent être fermés avec les mains: on entend alors un son très clair et distinct dans la Sushumnâ purifiée.

69) Pour toutes les formes de Yoga il existe quatre stades distincts: ârambha, ghata, paricaya et nispatti.

L’ârambha-avasthâ qui est le stade initial: 
70) Lorsque le noeud de Brahmâ (brahmagranthi) est percé la béatitude surgit du vide et à l’intérieur du corps des tintements variés deviennent audibles ainsi que le son non-frappé (anâtha-dhvani).

71) Quand le son commence à être perceptible dans le vide le Yogi obtient un corps divin qui devient superbe, émanant un parfum exquis et libéré de toutes les maladies. Son coeur est comblé de joie et d’énergie.

Le ghata-avasthâ, stade des unions dans le souffle arrêté: 
72) Dans le second stade, lorsque l’union (prâna et apana) est réalisée, le souffle vital pénètre dans le chakra de la gorge. Le Yogi se pétrifie dans la posture, il acquière la connaissance et devient semblable à un dieu.

73) Ainsi, après la perforation du noeud de Vishnu, dans le vide supérieur du chakra vishuddha surgit comme une rumeur similaire au son des timbales qui annonce la béatitude suprême.

Le paricaya-avasthâ, stade de la connaissance: 
74) Au troisième stade on entend dans l’espace du cakra Ajnâ le son du tambour appelé mardala. Le souffle vital atteind alors le Grand-vide (mahâshûnya) (dans ce cakra) qui est le lieux de tous les pouvoirs (Siddhi).

75) Alors, lorsque la béatitude mentale est dépassée, une béatitude spontanée s’installe d’elle-même. Le Yogi se trouve libéré de l’altération des constituant du corps, de la souffrance, de la vieillesse, de la maladie, de la faim et du sommeil.

Le nispatty-avasthâ, le stade ultime: 
76) Un fois que le souffle vital a perforé le noeud de Rudra Rudragranthi), il peut atteindre le siège de Sharva (Shiva). C’est à ce stade ultime, celui de la réalisation, que surgit un son de flûte, et que résonne la note de la vinâ.

77) Ce stade de l’unification mental est nommé Râja-Yoga. Détenant la puissance d’émettre et de résorber son univers le Yogi devient semblable à Shiva.

78) Que cet état soit ou ne soit pas la délivrance,il y a en lui une félicité continue. Celle-ci, produite par la résorption (laya) est le fruit du Râja-Yoga.

79) Je considère que ceux qui pratiquent seulement le Hatha-Yoga sans la connaissance du Râja-Yoga n’obtiendront jamais des résultats proportionnels à leurs efforts.

80) Selon ce que je sais, la méditation sur le point intersourcillier permet d’atteindre rapidement l’état unmanî: c’est le moyen le plus facile pour arriver au stade du Râja-Yoga. La résorption (laya) dans le son intérieur se produit rapidement, donnant ainsi une preuve convainquante.

81) Il n’y a que Gurunâtha qui connaisse la béatitude unique, au-delà des mots, qui croît dans le coeur des meilleurs yogi immergés dans le Samâdhi pendant la concentration sur le son intérieur (nâda).

82) C’est sur ce son, que le yogi entend lorsqu’il a bouché ses oreilles avec ses mains, qu’il faut se concentrer jusqu’à ce que le mental s’immobilise.

83) Lorsque l’on se baigne continuellement dans ce son intérieur, les bruits extérieurs ne sont plus entendus. En quinze jours, le yogi qui a éliminé toutes formes de distraction atteint la félicité.

84) Pendant la phase initiale de la pratique on entend un son sourd et varié. Puis quant la pratique s’affine, on entend un son de plus en plus subtil.

85) Au début il semble que les sons viennent de la mer, d’orages impétueux, de timbales ou du tambour appelé Jharjhara. Au stade intermédiaire il semble que les sons sont produit par le tambour appelé mardala, par la conque, le gong ou le son du cor.

86) Au stade final on entend des sons qui ressemblent à des cloches, une flûte, à la vinâ ou aux abeilles. Telles sont les différents sons audibles à l’intérieur du corps.

87) Même lorsque l’on entend des sons puissants qui ressemblent à ceux produits par des nuages d’orages, par des timbales, etc., on doit chercher à appréhender en eux un son toujours plus subtil.

88) Bien que la pensée, qui est de nature instable, puisse s’amuser en abandonnant un son grossier pour un son subtil ou en passant d’un son subtil à un son plus grossier, il faut tout de même qu’elle ne se dirige pas ailleurs.

89) Ou alors quelque soit le son sur lequel le mental se focalise au départ, sur celui-ci il doit se tenir stable et ensuite disparaître avec lui.

90) Comme l’abeille qui suce le nectar de la fleur ne prête pas attention à son parfum, de la même façon le mental fixé sur le son intérieur ne désire plus les objets sensoriels.

91) Ce son intérieur est le crochet capable de contrôler cet éléphant en rut qu’est le mental habitué à errer dans le jardin des objets des sens.

92) Le mental, capturé par le lien du son intérieur, devient stable: il atteind l’immobilité parfaite, tel l’oiseau aux ailes coupées.

93) Celui qui désire être un maître absolu du Yoga, après avoir abandonné toutes les formes d’activités mentales, doit méditer uniquement sur le son intérieur, la pensée puissamment concentrée.

94) Le nâda est le filet qui permet de capturer le cerf intérieur (mental), il est aussi le chasseur qui tue le daim intérieur.

95) Le nâda est le verrou qui permet de tenir immobile le cheval fou qu’est le mental. C’est pourquoi le Yogi doit s’adonner continuellement à la méditation sur le nâda.

96) Le mercure du mental, fixé, abandonne sa mobilité grâce à la combustion engendrée par le soufre qu’est le nâda et obtient de circuler dans l’espace qui est appelé "sans support" (nirâlamba).

97) Grâce à l’écoute du son intérieur le mental, pris de mouvements saccadés comme un serpent, quand il a éliminé toutes autres causes et qu’il est absorbé uniquement dans ce son atteint l’immobilité parfaite.

98) Le feu s’empare d’une bûche et disparaît avec elle une fois qu’elle s’est consumée entièrement. De la même façon le mental (citta) s’empare du son intérieur et disparaît en même temps que lui.

99) Lorsque l’organe interne est paralysé à l’image d’un daim fasciné par le son des cloches, il est facile de le mettre à mort si l’on est habile au tir à l’arc.

100) La résonance qui est entendu est celle du son non frappé (anâhata). A l’intérieur de ce son se trouve ce qui est à connaître (jneya). A l’intérieur de ce qui est à connaître se trouve le Manas. C’est là où il s’immobilise, c’est là la demeure de Vishnu.

101) Tant que l’on entend le son intérieur non-frappé on se trouve dans le plan de l’espace (âkâshâ). Au-delà on atteind le Brahman privé de son qui le Soi suprême.

102) Toute chose qui est entendu sous la forme du son primordial est en réalité la Shakti. Ce en quoi tous les éléments universels (Tattva) se dissolvent, qui est sans forme, c’est Shiva. Ainsi se termine la description de l’écoute du son intérieur.

103) Toutes les techniques du Hatha et du Laya sont seulement des moyens pour atteindre la réalisation du Râja-Yoga. L’homme qui a atteind le niveau du Râja-Yoga a déjoué la mort.

104) Le mental est la semence, le Hatha est le champ et le détachement est l’eau. Grâce à ces trois, unmanî, la liane qui exauce tous les désirs, surgit spontanément.

105) L’ensembles des obstacles personnels est détruit par la pratique continue de la concentration sur le nâda. Il n’y a pas de doute que le mental et le souffle vital se fondent dans la conscience sans attributs.

106) Dans le stade unmanî le Yogi n’entend plus ni le son de la conque ni celui des timbales et son corps devient rigide comme un bout de bois.

107) Le Yogi est alors libéré de tous les conditionnements de l’existence et sans pensées il reste immobile ayant l’apparence d’un mort. Il a atteind la libération, sans aucun doute.

108) Le Yogi immergé dans le Samâdhi n’est plus dévoré par la mort, ni lié par le Karman, ni dominé par quiconque.

109) Le Yogi immergé dans le samâdhi n’est plus concerné ni par l’odeur, ni par la forme, ni par le touché, ni par le son, ni par lui-même ou quelqu’un d’autre.

110) Celui dans lequel le mental n’est ni endormi ni éveillé, qui est libre de souvenirs et d’oubli, qui ne meurt ou ne vit est en vérité un être libéré.

111) Le Yogi immergé dans le samâdhi ne distingue plus ni chaud ni froid, ni douleur ni plaisir, ni honneur ni déshonneur.

112) Celui qui au centre de lui-même se trouve dans un état de veille mais semble endormi, qui n’a plus ni inspiration ni expiration, est certainement un être libéré.

113) Le Yogi immergé en samâdhi est invulnérable quelque soit l’arme, aucun être incarné ne peut le vaincre et il n’est asservit ni par les mantra ni par les yantra.

114) Tant que le souffle vital parcourant la Sushumnâ n’a pas pénétré la porte de l’Absolu (Brahmarandra) tant que le sperme n’est pas devenu immobile grâce à l’arrêt du souffle, tant que le mental n’a pas atteint l’état spontané grâce à la méditation, toutes les palabres sur la Connaissance ne sont que des discours faux et hypocrites.

Ici se termine le quatrième chapitre de la Hatha-yoga-pradîpikâ composée par l’illustre Yogi Svâtmârâma, aussi appelé Cintâmani, fils du très vénérable Sahajânanda (félicité spontanée)

Lire la suite
Yotham Baranes Yotham Baranes

Shiva-Samhitâ

La Shiva-Samhitâ est un texte relativement récent dont l'auteur nous est inconnu. Complémentaire des autres classiques du Hatha-Yoga, à savoir la Hatha-Yoga-Prâdîpikâ, la Gheranda-Samhitâ et le Gorakshasatakam, ce texte traite plus particulièrement de l'aspect philosophique, du fondement métaphysique du Hatha-Yoga ainsi que de la structure subtile de l'être humain et des pratique s'adressant à ce corps énergétique et mental. C'est l'un des textes fondamentaux, pour ne pas dire le texte fondamental, du hatha-yoga et de ses dérivations tantriques.


Traduction et commentaires de C. Tikhomiroff

La Shiva-Samhitâ est un texte relativement récent dont l'auteur nous est inconnu. Complémentaire des autres classiques du Hatha-Yoga, à savoir la Hatha-Yoga-Prâdîpikâ, la Gheranda-Samhitâ et le Gorakshasatakam, ce texte traite plus particulièrement de l'aspect philosophique, du fondement métaphysique du Hatha-Yoga ainsi que de la structure subtile de l'être humain et des pratique s'adressant à ce corps énergétique et mental. C'est l'un des textes fondamentaux, pour ne pas dire le texte fondamental, du hatha-yoga et de ses dérivations tantriques.

La Shiva-Samhitâ décrit la trame et propose les moyensde pénétrer les formes secrètes de la matière, de l'Univers et de l'être humain. . Il propose également de s'infiltrer dans la nature intrinsèque du mental, dans l'écheveaux des pensées pour atteindre et dépasser la source de l'erreur: Avidyâ, l'ignorance.

Ce texte se situe directement dans la lignée classique des textes hatha-yogiques, même si quelques colorations bouddhiste ou vedantine apparaissent.  Il se différencie du Râja-yoga classique codifié par Patanjali par le fait qu'il donne une place secondaire au valeurs morales et vertueusespréférant considérer le monde, l'humain et les pratiques ascétique sous l'aspect de l'énergie. Danscette optique les Yama et Niyama qui codifient le "à faire" et le "à ne pas faire", le bien et le mal, si chers à l'orthodoxie brahmanique et aux religions en général ne sont pas mentionnés.

Le sommaire suivant, détails tirés du texte lui-même, indique clairement le cheminement qu'a voulu suivre l'auteur.
Premier chapitre.
- La réalité.
- Différence des opinions sur les méthodes.
- Le Yoga comme méthode supérieure.
- Section sur le rite.
- Section sur la connaissance.
- La Conscience.
- Yoga et Mâyâ.
- La création.
- La résorption.

Deuxième chapitre.
- Le microcosme.
- Kundalinî, nâdî et Cakra.
- La conscience individuelle incarnée.

Troisième chapitre.
- Les énergies.
- Le Maître.
- Le renoncement.
- Les moyens. 
- Le prânâyâma.
- Les pouvoirs du souffle.
- Ce qui s'immobilise.
- La connaissance.
- Sâdhana du souffle.
- Les postures.

Quatrième chapitre.
Le réveil de kundalinî:
- Yonimudrâ.
- Mahâmudrâ.
- Mahâbandha.
- Mahâvedha.
- Khecharîmudrâ.
- Jâlandharabandha.
- Mûlabandha.
- Viparîtakaranîmudrâ.
- Uddîyânabandha.
- Vajronîmudrâ.
- Shaktichâlamudrâ.

Cinquième chapitre.
- Les obstacles au Yoga:le plaisir, le ritualisme, la connaissance.
- Les quatre formes de Yoga.
- Les caractéristique du pratiquant: tiède, moyen, ardent, très ardent.
- Les mystères de l'ombre.
- Le son intérieur.
- Dhâranâ.
- Les sept Cakra: Mûlâdhâra, Svâdhisthâna, Manipûra, Anâhata, Vishuddha, Âjnâ, Sahasrâra.
- Le Brahmarandhra.
- Trivenî: le confluent.
- Chandra: la Lune.
- Râja-yoga: la voie royale.
- Râjâdhirâja-Yoga: le Yoga du Roi des Roi, celui de Shiva.
- Le mantra.

La traduction.

La recherche a été celle du fond et non de la forme. De la même façon que le yogi soucieux de boire le nectar d'immortalité s'occupe fort peu du récipient, de la même façon ces "sages codificateurs" des enseignements oraux se sont souvent fort peu souciés de la qualité grammaticale de leurs traités. Leur but a été de semer ça et là des signes pouvant ouvrir les portes d'un enseignement direct pour le chercheur sincère et très ardent. Il n'a pas été d'être reconnu plus tard comme des modèles du genre sanskrit par les Docteurs en Études Orientales de la Sorbonne, ou d'ailleurs... Ils ont voulu léguer un enseignement pratique permettant de dépasser l'intellect ce qui est juste le contraire de la raison de vivre et d'exercer leur art de nos Maîtres Universitaires...

Cette traduction se veut libre de toute limitation de ce genre. Le seul respect qu'elle s'est attachée à maintenir est envers le fond et la rigueur des enseignement oraux. 

Quelques commentaires succincts sont notés en italique. Ils ne sont que des Linga, des signes,  disposés au gré des croisements ou des impasses.

Chapitre I 

1) Il n'y a que la connaissance qui soit éternelle car elle n'a ni début ni fin.
Il s'agit de la connaissance absolue, non atteignable par les sens, l'intellect ouune quelconque activité mentale.  Sa position en dehors du temps et de l'espace oblige le Yogin à trouver une méthode lui permettant de dépasser la limitation de sa structure matérielle et corporelle. C'est l'exposé  systématique de cette méthode   que se propose de faire la Shiva-Samhitâ. 

2) Il n'existe aucune autre réalité essentielle, bien qu'elle ne soit pas perçue dans notre monde à cause de la limitation des sens. Cette limitation n'apparaît qu'à celui qui a la connaissance et non aux autres.
La limitation des sens est la forme manifestée, à notre niveau, de la magie de Mâyâ. Le contrepoison est la connaissance 

3) C'est pourquoi, Moi, Îshvara, qui aime ceux qui suivent ma voie et qui accorde aux êtres vivants la libération de l'esprit, je vais expliquer les principes du Yoga. Ceci est pour l'affranchissement spirituel des êtres qui ne suivent que ma voie et qui laissent de côté les croyances de ceuxqui passent leur temps à la controverse et qui répandent des opinions produisant la fausseconnaissance.
Une des obsessions du Hatha-Yoga est la négation de l'intellect, instrument qui asservi l'être humain dans sa condition d'animal intelligent. Cet intellect est l'arme de prédilection qu'utilise Mâyâ pour enfermer le chercheur dans l'impasse de la raison et du calcul. Il est le doute et la certitude, deux qualité inutiles pour atteindre la connaissance mais sur lesquelles s'édifient les théories et le pathologies.

4) Certains louent la vérité, d'autres l'ascèse et la pureté, d'autres encore la patience, d'autres enfin l'équanimité et lavertu.

5) D'autres louent la charité, d'autres les sacrifices aux ancêtres, d'autres encore l'action, d'autres enfin retiennent comme valeur absolue l'indifférence aux plaisirs du monde.

6) D'autres louent les devoirs du chef de famille, d'autres considèrent le sacrifice comme essentiel, à commencer par celui du feu.  

7) Certains louent le Mantra-Yoga, d'autres les pèlerinages. En fait il est possible de montrer de multiples voiesde salut.
Toutes ces méthodes entretiennent l'espoir, le conditionnement, l'implication dans le monde, la croyance dans la valeur des oeuvres bonnes ou mauvaises. C'est justement tout cela qui est le lien.

8) En étant ainsi impliqué dans le monde, même ceux qui savent distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux tombent dans les griffes de la confusion, bien qu'ils soient purs. 

9) Ceux qui suivent toutes ces voies commettentde bonnes et de mauvaises actionsqui les font errer aveuglés dans ce monde, pris dans le cycle des naissances et des morts. 
C'est l'action bonne ou mauvaise qui crée le karma. L'action étant inévitable pour tous les êtres vivants elle doit être vécu comme acte de pure énergie et non comme acte duel. Le bien et le mal enferrent l'humain dans la dualité.

10) D'autres sages honorables, entièrement voués à la recherche de l'invisible, déclarent que les consciences sont multiples, éternelles et omniprésentes.

11) D'autres en vérité sont fermement convaincus qu'il n'existe que ce qui est perceptible par les sens et rien d'autre. Ilsse demandent où sont le paradis et l'enfer.

12) D'autres encore croient que l'univers est un flux de conscience, d'autresque l'essence unique est le vide, d'autres que la réalité est une réplique parfaite de Prakriti et de Purusha.

13) Certains, ayant des opinions très diverses, entièrement détournésde la recherche suprême,  d'après leurs propres expériences et ce qu'ils ont entendu, disent que cet univers existe sans Dieu,

14) Tandis que d'autres affirment, en se basant sur de bons arguments,  que Dieu existe. En fait le doute est permis sur son existence à cause de la multitude des affirmations à son sujet.

15)  Il est dit dans les écritures que tous ces gens et d'autres ascètesencore, appelés de différentes façons et enseignant d'autres théories, ont amené la confusion dans le mental des hommes. 

16) Il n'est pas possible dese baser sur les opinions de ceux qui sonthabituésà discuter sans fin à propos de toutes ces théories. C'est pourquoi tous les hommes errent ainsi dans le monde,  se fourvoyant longtemps pour trouver le voie de la connaissance.
Du point de vue philosophique ou métaphysique on peut tout imaginer et tout croire. Cela est sans valeur et ne fait qu'entretenir la confusion. Celui qui dit par exemple: "Oui Dieu existe" l'affirme-t-il par conviction (besoin de penser qu'il existe), par croyance religieuse ou par expérience? Dans ce dernier casl'a-t-il vraiment rencontré ailleurs que dans sa sphère d'illusion? Lui a-t-il parlé, a-t-il déjeuner avec lui sans équivoque? L'intellect, la raison, le mental sont capable d'échafauder les plus belles croyances pour dispenser de l'effort qui permet d'atteindre la Connaissance qui est au-delà d'eux. Le Yoga, voie éminemment pratique, dispense de toutes ces théorie car son but est d'amener la pratiquant au silence et à l'immobilité afin de mettre dans l'être entier la disponibilité nécessaire à la rencontre intérieure.

17) La science du Yoga, unique méthode pour atteindre la connaissance, est née de l'examende tous les Shastra et de lavision intérieure concentrée.

18) Le Yoga, une fois appris,  procure une connaissance profonde de tout mais pour cela il faut s'en imprégner complètement afin de le maîtriser.  Arrivé à ce niveau de maîtrise il n'est plus utile de connaître d'autres théories.

19) Nous allons enseigner cette science secrète du Yoga qui ne doit êtrerévélée qu'à ceuxqui se dévouent à cette recherche et dont le coeur est pur dans les trois mondes.

Karmakânda

Maintenant le Sage de la S.S. (Shiva-Samhitâ) explique la méthode classique prescrite par l'orthodoxie brahmanique.

20) On considère que le Veda est double et qu'il se divise en Karmakânda et en Jnânakânda. Tous deux se divisent également en deux parties.

21) Le Karmakânda est double: prescriptions et interdits.

22)  Si l'on accomplit une action interdite on faitsans aucun doute une faute. Si l'on accomplit une action prescrite on acquière sans nul doute des mérites.

23) Les prescriptions fondamentales sont de trois sortes: obligatoire - occasionnelle - facultative. Si l'on n'accomplit pas ce qui est obligatoire on s'enfonce dans la confusion. Si l'on accomplit au moins ce qui est occasionnel ou facultatif on en obtientles fruits correspondants.

24) Il faut savoir que les fruits sont de deux sortes: ceux qui mènentau ciel et ceux qui mènent à l'enfer. Les uns et les autres sont à leur tour de différentes sortes.

25) L'actionvertueuse mène au ciel, la mauvaise actionen enfer. Il existe d'autres créations qui ne sont produites que par les liens du karman.

26) Dans le ciel les hommes éprouvent toute la palette des plaisirs. Par contre la peine et la souffrance sont le lot de ceuxqui se fourvoient en enfer.

27) La conséquence d'une mauvaise action est la douleur, la conséquence d'une bonne action est la joie, c'est pourquoi celui qui désire atteindre avec certitude la félicité ne doit accomplir que des actes purs. 

28) La conséquence des mauvaises actions est la renaissance dans le monde, mais il en est de même pour les bonnes actions. 
Ceci illustre ce que nous disions tout-à-l'heure: quand l'action est considérée sur le plan duel du bien et du mal elle engendre le karma qui lie l'être humain dans cette vie et dans les autres. Ce que nous considérons comme bonne action - qui ne peut être qu'un point de vue, le nôtre - produit des effets similaires à ce que nous considérons comme mauvaise action.

29) Ainsi celui qui ne fait que des bonnes actions éprouve aussi de la souffrance car il aspire à atteindre un niveau plus élevé encorede béatitude.  En faitil est sûr que tout ce qui précède n'est que souffrance.

30) Ceux qui ont codifié le Karman l'ont divisé en bonnes et mauvaises actions. La chaîne qui lie deplus en plus les consciencesqui se sont incarnées dans les corps est faite d'actions pures et impures.

31) Celui quine désire le fruit de l'acte ni dans ce monde ni ailleurs renonce à la finalité de l'action, abandonne les injonctions dites obligatoires et occasionnelles et s'engage dans le chemin indiqué par le Yoga.

Jnânakânda

32)  Quand le Yogi intelligent a pris conscience de l'importance du Karmakânda, ily renonce. Il doit abandonner les notions de bien et de mal et entrer dans la voie du Jnânakânda.
"L'importance" a un sens négatif. Tout autant que le ritualisme, l'attachement aux vertus culturelles écrase l'être humain dans le plan de la forme, rigidifie sa discrimination dans le filtre de l'ego. Tout ceci attise les sentiments, les humeurs et éloigne de la perception de la pure énergie.

33) Les textes traditionnels affirment que l'on doit voir ou rechercher la Conscience même dans ce qui le cache.  Ces textes doivent être étudiés avec ardeur parce qu'ils confèrent la libération et guident sur la voie de la connaissance.

34) Cet intellect qui dirige le comportement de l'homme vers la notion de bien et de mal, c'est Moi. Tout le monde composé d'être animés et d'être inanimé vient de Moi.  Tout est une manifestation de Moi et toutse dissout en Moi. Je suis inséparable de ce monde et rien ne peut exister sans Moi.

35)  Dans les innombrables puits pleins d'eau se reflètent les rayons du soleil, bien que le soleil soit unique et toujours identique. De la même façonque dans les puits se trouve l'essence absolue qui est aussi dans le soleil,  ainsi en est-il aussi dans les êtres où est présente la même essence que dans la Conscience.

36) De la même façon dans le rêve l'imagination créatrice, bien qu'elle soit unique, crée une multitude de choses différentes. Pourtant au réveil elle redevient une.  Ainsi en advient-il également de l'Univers qui est unique mais habillé de formes multiples.

37) Comme une corde peut être prise pour un serpent, ou la perle de l'huître pour de l'argent, ainsi tout ceci est la manifestation de la Conscience Suprême. 

38) De la même façon que l'idée du serpent s'évanouit dès que l'on se rend compte qu'il s'agit d'une corde, cet univers fait d'illusions s'évanouit égalementquand on s'aperçoit que la trame de la réalité est la conscience.
Cet univers n'est pas irréel puisqu'il est Îshvara lui-même mais la perception que nous en avons est fausse. Cette fausse perception vient de la limitation et de la déformation sensorielle. L'intellect, le mental ne sont nourris que par ces erreurs de perception. Le concept qui s'en suit ne peut qu'être de la même nature: celle de l'erreur.

39) Dès que l'on reconnaît l'huître, la fausse impression de l'argent s'en va. De même dès que l'on reconnaît la conscience la fausse idée du monde s'évanouit.

40)  Comme un homme, dont la vue serait brouillée par des grains de sable, prend un bambou pour un serpent, ainsi faisons-nous aussi, selon le même principe d'erreur,  quand nous voyons ce monde à travers la représentation habituelle et subjective de l'intellect.  

41) Mais l'erreur s'évanouit quand nous reconnaissons la conscience, de la même façon qu'il n'y a plus de serpent quand on reconnaît la corde.  Comme le jaune peut sembler être blanc quand on est sous l'effet d'une maladie oculaire, analogiquement la conscienceet le monde peuvent sembler être identiques à cause de l'ignorance. Voilà la confusion délicate à éliminer.
Bien que la conscience, le monde, l'être humain et ses facultés de perceptionviennent d'Îshvara nous sommes dans l'incapacité de faire la discrimination qu'impose la vision des divers plan cosmique à travers la Connaissance. Mâyâ la magicienne nous leurre en nous faisant croire à la réalité de son tour d'illusionniste.

42) Mais comme quand la maladie est finie le malade perçoit et reconnaît le blanc, ainsi en est-il quand l'ignorance est détruite parce que l'on arrive à saisir la conscience. 

43) Comme une corde ne peut être un serpent dans le présent, ni n'a jamais pu l'être dans le passé et ne le sera jamais dans le futur, ainsi la conscience qui est pure, privée d'attribut, ne peut pas être prise pour ce monde. Voilà le grand paradoxe: la Conscience ne peut pas être prise pour le monde bien que le monde soit une émanation d'elle. Voilà le piège dans lequel tombe les humains. 

44) Les sages, versées dans les Shastra, qui ont acquis la connaissance de l'Esprit, ont pu vérifier que les dieux, à commencer par Îshvara, naissent et meurentet qu'ilssont instables parce qu'assujettis à la mort. 
Tout ce qui prend forme individuelle s'expose tôt ou tard à la destruction. Les dieux eux-mêmes ne saurait échapper à cette loi cosmique.

45)  Comme l'écume apparaît sur l'océan à cause du vent, ainsi le Samsâra qui est une incessante altération de tout, apparaît dans la conscience.

46) L'amalgame est toujours inévitable, la différence essentielle n'étant pas visible. Le fruit de cette erreur est l'apparition de la multiplicité.

47) Ce qui a été et ce qui doit être,  ce qui a ou n'a pas de forme, tout ce monde se manifeste par la conscience suprême. 

48) Les constructions de l'intellect produisent comme fruit la fausse connaissance qui est à la base de toutes les erreurs.  Si la source de cette connaissance est une erreur comment ce monde peut-il avoir la réalité qu'on lui donne? 
L'intellect est encore une fois montré comme l'ennemi...Cette obsession récurrente du Hatha-Yoga n'a de cesse que dans l'abandon au silence et à l'immobilité.

49) Toutce monde mobile et immobile est produit par la conscience. C'est pourquoi le sage se réfugie en elle quand il a renoncé à tout.

50) A l'image de l'espace qui empli l'intérieur et l'extérieur de la jarre, de la même façon la conscience pénètre l'intérieur et l'extérieur de toutes choses.

51) Comme l'espace qui ne se mélange pas avec les cinq éléments composant la matière, de même la conscience ne se confond en aucune façon avec les multiples choses.

52)  Tout le monde, en commençant par Îshvara est imprégné entièrement de la Conscience qui est unité et plénitude sans aucune dualité et composée par Sat, Cit et ânanda. 

53) C'est pourquoi la Conscience ne brille pas par autre chose qu'elle même. Sa lumière irradie d'elle-même car la nature de l'esprit est lumineuse.
Voir la "lumière" de la Conscience c'est atteindre la source de toutes choses.

54) Puisqu'il n'existe dans la Conscience aucune limitation faisant référence au temps et à l'espace, elle est réellement le Tout.

55) Puisque la destruction ne s'applique qu'aux cinq éléments de la matière qui produisent l'erreur, il s'en suitque la Conscience est éternelle et qu'elle ne peut être détruite.

56) Puisqu'il n'existe rien au-delà de la Conscience, celle-ci est éternellement unique. Et puisque ce qui n'est pas la Conscience est irréel, il s'en suit qu'elle est la réalité ultime.

57)  Dans le samsâra, qui est empreint d'ignorance,  la félicité - qui n'est autre que la cessation de la douleur et qui est sans début ni fin -  vient de la Connaissance. C'est pourquoi la Conscience est félicité. 

58) Puisque l'ignorance, cause de l'Univers, est détruite par la Connaissance, il s'en suit que la Conscience est Connaissance et qu'elle est éternelle.
Etre (la Conscience) c'est connaître (la Connaissance). La Conscience est immobile et silencieuse. C'est pourquoi elle est au-delà du temps et de l'espace. 

59) L'univers, quiest la multiplicité, tire son origine du temps alors que la conscience est éternellement unique et étrangère à toute tentative de définition.
La Conscience est étrangère à toute tentative de définition, autant verbale que temporelle ou spatiale. Tout ce que l'on peut en dire est faux dès le départ.

60) Tous les éléments (de la matière) sont détruits par l'usure du temps tandisque la conscience qui ne peut jamais être définie par des mots existe dans la parfaite non-dualité.

61) Ni l'espace, ni le vent, ni le feu, ni l'eau, ni la terre, ni la combinaison des uns et des autres ne sont parfait, pas même Ishvara. Il n'y a que la conscience qui soit parfaite. 

 62) Lorsque le Yogi a renoncé à tous ses désirs et qu'il a abandonné les chaînes du monde illusoire, il reconnaît alors en lui la conscience par l'intermédiaire du Soi.
Le renoncement au désir, qui implique l'être dans le temps et dans l'espace, ne signifie pas le renoncement à la jouissance. En effet la jouissance maintient dans la conscience de l'instant quelque soit l'objet de jouissance. La jouissance attache le jouisseur à la borne de l'instant présent, fumée insaisissable dans l'espace imaginaire éthéré du spectateur.

63)  Reconnue intérieurement grâce au Soi, la conscience qui est éternelle et qui a comme qualité la félicité,  grâce à l'intensité provoquée par le samâdhi produit la jouissance dans l'être humain détaché de tout.

64) Il n'y a que Mâyâ qui soit la matrice de tout. Lorsqu'elle disparaît grâce à la prise de conscience de la réalité toutes les apparences disparaissent.

65) Celui qui comprend que tout ce monde n'est que l'oeuvre de Mâyâ n'éprouve plus de joie ni dans les richesses, ni dans la jouissance du corps, ni dans les plaisirs mondains. 

66) Le monde nous apparaît sous trois aspects: ennemi, ami, indifférent. C'est ainsi et non pas autrement que se déroule la vie de chacun. On retrouve la même distinction d'ennemi, d'ami et d'indifférence dans tous les éléments de la nature.
Ces trois aspects sont une réalité universelle. Ils ignorent les appréciations personnelles et sentimentales, les opinions psycho-spirituelles qui veulent nous ancrer dans la dualité et l'illusion en nous faisant croire à un monde séparé entre bien et mal. Les termes ennemi, ami ou indifférent n'ont aucune résonance morale mais exprime une tendance de l'énergie qui détruit, construit, soutient ou ignore. L'homme s'approche d'une salade avec un sentiment ami. La salade le voit approché avec un sentiment ennemi. L'ordre du monde est respecté, il n'y a entre la salade et l'homme qu'un rapport de force entre leurs énergies.

67) En fait la conscience, à travers la limitation corporelle, devient fils, père, mère, etc. Une fois que le Yogi a compris, grâce à la révélation intérieure, que tout l'univers et une oeuvre de Mâyâ, il doit détruire cette illusion qui ne produit que l'erreur et refuser les croyances fausses. 

68) Quand l'être humain devient libre de toutes les limitations il peut se voir fait uniquement de connaissance et parfaitement pur.
Sa pureté n'est pas fonction des actes qu'ils croit bons mais quand par le retournement intérieur il atteint la Connaissance qui lui ouvre le chemin de la Conscience. L'acte extérieur ne peut permettre cela. C'est pourquoi tout acte extérieur - réputé bon ou mauvais - ne peut produire que l'enchaînement au Karma. 

69) Le Purusha crée les êtres par la puissance de sa volonté et c'est de là que naissent l'ignorance et l'erreur.
Icchâ qui, sur le plan humain, est la volonté personnelle, peut devenir volonté cosmique quand la vie se déroule dans le non-faire de l'acte 

70) Liés temporairement dans cette création le pur Brahman et l'ignorance s'accouplent. De cette union naît Brahmâ qui crée à son tour akâsha.
Prakriti, Shakti, Mâyâ sont ontologiquement ignorance dans leur formes dégradées et activités pures dans leurs aspects les plus hauts. La création est le fruit de cette union entre la Conscience Absolue et l'Energie. La mise en mouvement de cette union implique la dégradation de l'énergie qui va se diversifier, se segmentarisé, prenant ainsi au fur et à mesure des enveloppes de plus en plus épaisse jusqu'à recouvrir d'un voile opaque et inaltérable la conscience qui perdra jusqu'à la notion de son existence.

71) De celui-ci vient le vent, du vent le feu, du feu l'eau, de l'eau la terre, telle est l'émanation.
Vient ensuite l'explication de la création et de la structure universelle et humaine.

72) Le vent est créé par l'espace; le feu est créé par l'espace et le vente; l'eau est créée par l'espace, le vent et le feu; la terre est créée par l'espace, le vent, le feu et l'eau.

73) La qualité de l'espace est le son, celle du vent est le mouvement et le toucher, celle du feu est la forme, celle de l'eau est le goût, celle de la terre est l'odorat. Voilà la réalité.

74) On dit que l'espace a une qualité, que le vent en a deux, que le feu en a trois, que l'eau en a quatre et que la terre en a cinq: son, toucher, forme, goût et odeur. Voilà ce qu'ont dit les sages.

75 et 76) La forme est perceptible par l'oeil, l'odeur par le nez, le goût par la langue, le toucher par la peau, le son par l'oreille. Ceci est une certitude.

77) Tout ce monde composé d'être mobiles et immobiles vient de la Conscience. Que les apparences soient vraies ou fausse est une question de point de vue, par contre il est sûr que la conscience existe.

78) La terre devient subtile et disparaît dans l'eau, l'eau dans le feu, le feu dans l'air, l'air dans l'espace et l'espace s'évanouit dans l'ignorance quielle-même disparaît dans l'Absolu.

79) Il existe deux énergies, vikshepa et âvaranâ qui sont illimitées et dont la forme est la béatitude. La grande Mâyâ, quand elle se présente sous son aspect non conscient, a trois qualités qui sont sattva, rajas et tamas.

80) Quand cette grande Mâyâ non consciente est animée par l'énergie âvaranâ, le monde des formes se manifeste par le pouvoir de l'énergie vikshepa.

81) Quand l'ignorance a un excès de tamas l'énergie se manifeste sous la forme de Durgâ ayant comme maître Îshvara. Quand c'est sattva qui domine la belle Lakshmî se manifeste ayant comme maître Vishnu.

82) Quand l'ignorancea en excès rajas c'est Sarasvatî qui agit ayant comme maître Brahmâ.

83) Tous les dieux sont dans la sphère de l'Absolu. Mais les corps, la matière inanimée, et tout le reste sont dans la sphère de l'ignorance.

84) C'est de cette façon que les sages ont décrit l'origine de l'univers. Tattvaet attatva apparaissent-ils ainsi de différentes manières.

85) Toute chose apparaît comme objet de connaissance et la différence réside uniquement dans les mots et les noms qui les définissent et pas ailleurs.

86) En fait rien n'existe à part l'Absoluqui crée l'apparence. On croit que les choses ont une réalité parce qu'elles ont une forme qui semble réelle.

87) L'Absolu, qui n'est que béatitude et plénitude, origine de toutes choses, est le seul à exister. Celui qui arrive à rester constamment dans cette perception est libéré de la mort, du samsâra et de la souffrance.

88) Quand on a pris conscience de l'état illusoire des perceptions et que toute croyance fausse a été éliminée, alors tout se dissout et il ne reste plus que l'Absolu. Plus rien d'autre ne peut émaner des pensées.

89) La conscience se réincarne, en accord avec les traces des vies passées,  dans un corps physique issu d'un père. Les sages considèrent que ce superbe corps est fait de douleur parce que la conscience doit y expérimenter ce qui n'a pas encore été fait dans le passé.

90) Ce temple fait de jouissance et de souffrance, de chair, d'os, de tendons, etc., parcouru par tout un réseau de veines, existe en fait pour jouir de la souffrance.

91) Ce corps, issu du merveilleux Brahmâ, composé des cinq éléments,  que l'on appelleoeuf de Brahmâ, sert à expérimenter la souffrance et la joie.

92) Bindu est Shiva, Rajas est Shakti. De l'union de cette conscience immobile et de cette énergie naissent spontanément toutes les créatures.

93) Tous les innombrables objetsvisibles qui sont dans le monde sont le fruit du mélange des cinq éléments. Sous l'effet du karma la conscience incarnée se trouve prise en eux. Tout dérive des cinq éléments et le jîva est condamné à jouir des fruits de leurs actions.

94) C'est Moi qui détermine l'union du jîva et du corps en accord avec le karma passé. La conscience individuelle n'est pas limitée et avec le corps matériel elle expérimenteles conséquences des actes.

95) La conscience individuelle (jîva) qui est liée à l'enchaînement de la matière par l'effet de son propre karma est nommée de différentes façons. Ainsi on se réincarne dans le monde sous l'effet du pouvoir de Brahmâ afin de trouver l'expérience dans l'action.

96) Quand la conscience individuelle a épuisé les potentialités de son karma elle peut se dissoudre dans l'Absolu.

Chapitre II

Le microcosme

1) Dans ce corps se trouve le Mont Méru entouré par 7 îles. Là sont 7 fleuves, des mers, des montagnes, des champs et des propriétaires des champs.
Il s'agit là d'une image classique décrivant le corps humain. Le mont Méru qui est l'axe du monde est, dans le corps humain, la colonne vertébrale. 

2) Il y a des Rishi et des Muni, toutes les étoiles et les planètes, les lieux sacrés et les lieux Saints, ainsi que leurs divinités.
Les sages, les dieux et les déesses ainsi que les étoiles et les planètes peuples les Cakra. 

3) Ici se meuvent le soleil et la lune qui produisent création et destruction. Il y a ici l'espace cosmique, l'air, le feu, l'eau et la terre.
La lune et le soleil sont le plus souvent les nâdî Idâ et Pingalâ. Les éléments qui suiventsont dans les Cakra à partir du centre de la gorge.

4) L'ensemble des éléments qui se trouvent dans les 3 mondes sont également dans le corps. Entourant le Mont Méru ils accomplissent leurs fonctions. 

5) Celui qui connaît tout cela est sûrement un vrai Yogin.
Connaître cela revient à connaître le microcosme, ce qui est l'axe principal de la recherche du Yoga. 

6) Au sommet du Mont Meru , dans ce corps nommé "Oeuf de Brahmâ". se trouve celle qui mesure 8 Kalâ et qui distille le nectar.
C'est la lune qui se trouve à ce sommet. 

7)  Celle-ci tourne sa face vers le bas et distille jour et nuit son ambroisie. Cette ambroisie se divise ensuite en deux parties subtiles:
Cette ambroisie rend l'être humain immortel tant qu'elle n'est pas épuisé. Jusqu'à la consommation de cette dernière goutteil n'est pas possible de quitter cette vie. Reliée aux souffles cette ambroisie en détermine le nombre que chacun aura à en faire. Inversement le ralentissement des respirations implique une consommation ralentie de ce nectar. D'autres moyens, particulièrement des bandha et des mudrâ, servent à économiser ce nectar afin de prolonger la vie. Cette prolongation a pour but de donner un peu plus de temps afin d'atteindre la délivrance dans cette vie même: nous sommes ici au coeur d'un mythe et d'une obsession hatha-yogique. 

8) Une nourrit le corps à travers le canal de gauche Idâ. Comme le fait l'eau du Gange descendant sur la terre, elle alimente sûrement tout le corps en parcourant Idâ.
Quand la lune alimente l'être de nectar, le canal de gauche vient souvent s'appeler Gangâ ou Mandâkinî. 

9) Cette ambroisie aux rayons de nectar se tient sur le côté gauche. L'autre partie de cette ambroisie, de couleur aussi blanche que le lait, coule de ce Cakra goutte à goutte et, traversant le MontMéru en passant par le canal central, devient une énergie créatrice.
Le Cakra dont il est question ici est, le plus souvent, Ajnâ.Traversant Sushumnâ en son centre, ce nectarse consume au contacte du Cakra du ventre. Cette combustion est aussi une alchimie qui transforme ce nectar en énergie créatrice qui remonte dans la voie de droite, Pingalâ. 

10) Le soleil, mesurant 12 kalâ, est situé à la base du Mont Méru. Prajâpati fait monter le fluide créateur des rayons solaires à travers le canal de droite.
Sur le plan vital, le soleil étend son influence jusqu'à la base de la colonne grâce au Cakra du ventre. Ce qui a fait dire à certains sages et qui l'a fait représenté quelques fois comme étant le départ du Mont Méru. En fait le soleil est aussi Pingalâ comme nous l'avons vu plus avant.  

11)  Le feu dévore le nectar lunaire. Ainsi les sept constituants du corps se meuvent-ils dans le cercle du vent.
Il s'agit du feu du ventre. Quand ce nectar l'atteint il s'y brûle. Khecharî mudrâ sera une des armes favorites du Yogi pour éviter cela. 

12) Ce canal de droite, Pingalâ, est un autre aspect du soleil qui peut conférer le nirvâna.  Ce dieu (le soleil), maître de la création et de la destruction, peut être actif en Pingalâ grâce à des conjugaisons favorables.
Certaines pratiques de remontée de l'énergie à travers Pingalâ ont la puissance de charmer Kundalî et d'en produire l'éveil tant convoité. Les conjugaisons favorablessont la connaissance juste des pratiqués enseignées par le Maître et pratiquées aux moments opportuns de la journée, des cycles solaire et lunaire.

13) Il y a dans le corps humain 350 000 nâdî. Les principaux sont au nombre de 14:

14 et 15) Sushumnâ, Idâ, Pingalâ, gândhârî, hastijihvikâ, kuhû, sarasvatî, pûshâ, shamkhinî, payasvanî, vârunî, alambusâ, vihvodarî, yashasvinî. Les trois principaux nâdî sont: Sushumnâ, Idâ, Pingalâ.

16) Entre ceux-ci le plus important est Sushumnâ qui est adorée par les Yogi. Les autres nâdî ne sont actifs que par le soutien de Sushumnâ. 

17) Ces trois nâdî ont leur ouverture tournée vers le bas et ressemblent à des tiges de lotus. Ils sont autour de la colonne vertébrale et renferment les énergies du soleil, de la lune et du feu.
Le soleil est dans Pingalâ, la lune dans Idâ et le feu dans Sushumnâ.

18)  Dans la partie la plus intime de ces trois nâdî se trouve citrâ, la préférée. Au coeur de citrâ se cache le très subtil Brahmarandhra. 

19) Citrâ, étincelante de 5 couleurs, pure, coule au centre de Sushumnâ. Citrâ est la source des énergies corporelles et le coeur de Sushumnâ.
Citrâ est aussi nommée citrinî. A l'intérieur de Citrâ est la porte (brahmarandhra) qui ferme la voie divine. Cet accès est dans le svayambhûlinga qui se trouve au coeur du mûlâdhâra cakra. C'est autour de ce svayambhû que se tient endormie la terrible déesse. Son endormissement est celui du félin prêt à jaillir, soit pour détruire l'aventurier imbécile n'agissant pas selon les directives éternelles, soit pour s'engouffrer dans la voie divine pétrifiant la colonne en axe de foudre, pulvérisant toutes résistances vaines sur son passage. 

20) Dans citrâ se trouve un passage appelé "voie divine". Celui-ciconfère la béatitude et l'immortalité. Le yogi qui le contemple sans cesse détruit son ignorance.
Contempler se passage oblige à s'approcher dangereusement de Kundalî. La pureté de coeur et la certitude absolue dans la voie sont indispensable pour que ce serpent redoutable ne produise plus son venin mortel mais le transforme en énergie de connaissance, de vie et d'immortalité.

Mûlâdhâra

21)  Juste deux doigt au-dessus de l'anus et deux en dessous du pénis, se trouve l'âdhâra qui mesure quatre doigts. 

22) Au coeur de ce lotus appelé âdhâra se trouve le triangle de la superbe Yoni, dont l'existence est tenue secrète dans tous les Tantra.
Ce triangle de la Yoni est Kâmarûpa. C'est en lui que se tient le svayambhûlinga. 

23) Ici, brillante comme l'éclair et ressemblant à une liane, est la déesse suprême, Kundalî, enroulée trois fois et demi sur elle-même, immobile sur l'ouverture de la Sushumnâ.
Kundalinî est la gardienne du seuil, la garante des secrets. Nul ne peut s'y approcher ou a toucher sans risque s'il n'y a pas été préparé. La Shiva-Samhitâ va s'échiner, dans les deux derniers chapitres, à indiquer les modalités secrètes permettant d'y parvenir!

24) Elle symbolise la forme de la force créatrice de l'univers, elle soutient éternellement l'activité de la création. Elle est la déesse de la parole qu'aucune parole ne peut décrire, elle est vénérée de toute éternité par les autres dieux. 

25) Le nâdî Idâ qui se trouve sur le côté gauche tourne autour de Sushumnâ jusqu'à la narine droite.
Il s'agit là d'une erreur volontaire du narrateur, comme cela se fait fréquemment dans ce genre de texte, qui estdestinée à tromper les apprentis du premier niveau. Ce genre d'erreur veut éliminer facilement les amateursqui auraient, par inadvertance, connaissance de ce texte et qui, n'ayant pas reçu l'enseignement directe, se croiraient capables et habilités à en appliquer les techniques. Pour les niveaux plus subtils le texte ne perpétue pas d'erreur mais décrit des pratiques systématiquement incomplètes afin qu'elles soient inefficace entre les mains de non-initiés. Cette méthode est aussi fréquemment employée dans ce genre de textes (voir par exemple certains passages de la Hatha-Yoga-Pradîpikâ).

26) Le nâdî Pingalâ qui se trouve sur le côté droit tourne autour de Sushumnâ jusqu'à la narine gauche. 

27) Entre Idâ et Pingalâ se trouve enfin Sushumnâ. Les Yogi connaissent les 6 points de Sushumnâ dans lesquels se trouvent six forces et six lotus.
Il s'agit des 6 centres classiques de la base au front et de leurs prânavâyu.

28) Cinq de ces points sont nommés de différentes manières. On doit les connaître précisément, tels qu'ils sont enseignés dans les textes. 

29) D'autres nâdî, moins importants, naissent de Mûlâdhâra. Après avoir atteint certaines parties du corps telles la langue, le sexe, les yeux, les pieds, les dents, les oreilles, le ventre, les aisselles, les pouces, l'anus, le scrotum, ces nâdî retournent à leur point de départ.
La source des nâdî est le kanda, souvent situé dans l'ensemble formé par svâdhisthâna cakra et mûlâdhâra cakra.

30) De ces nâdî en dérivent d'autres et ainsi de suite jusqu'à arriver à  350 000 nâdî  dont chacun a un trajet et une fonction précise.

31) Ces nâdî, qui sont dans le corps et le remplissent, véhiculent les perceptions et guide les cheminements des souffles. 

32) Le soleil, qui est au centre et qui mesure douze kalâ, se trouve dans la région du ventre. Il est comme une flamme qui brûle et digère la nourriture. Ce feu universel, qui est une partie de ma propre énergie, se trouve dans tous les corps pour digérer les nourritures de toutes les créatures.
Il s'agit de toutes les formes de nourritures, physiques, énergétiques, invisibles. 

33) Ce feu vital, qui produit la force et qui soutient, remplit le corps d'énergie étant ainsi à l'origine de la destruction des maladies.
Il est classique de considérer le Cakra du ventre comme celui de la guérison. D'ailleurs le vieux Rudra s'y trouve, remplissant la fonction de "médecin".  

34) C'est pourquoi le Yogi plein de sagesse, après avoir attisé le feu nommé vaishvânara selon la méthode prescrite, offre chaque jour la nourriture en sacrifier selonles instructions de son Maître.
Cette énergie vaishvânara est assimilée, dans le centre du ventre, à Shiva/Agni. C'est celle que tout le monde possède, tant que le corps est en bonne santé.

35) Le corps, appelé "Oeuf de Brahmâ", est composé d'une multitude de parties. Moi, j'ai énoncé dans ce texte celles qu'il faut connaître.

36) Les différentes parties du corps humain portent des noms si variés qu'il n'est pas possible de toutes les énumérer.

Jîvâtman

37) Dans le corps, tel qu'il a été décrit, se trouve la Conscience incarnée, présente dans tous les lieux du corps, affublée d'un chapelet de désirs trompeurs et sans fin, ainsi que des liens produits par le karman.
Jîvâtman est prise au piège de la Nature. Désirs, causes et effets sont les attributs fatidiques de Prakriti qui n'a de cesse que de voiler le chemin de la liberté à la Conscience ainsi que de l'étourdir dans la mouvance incessante de ses tourbillons. L'immobilité du corps, du souffle, des énergies et des pensées, archétype même du Yogi défiant les lois de la Nature, est la seule chance pour retrouver dans ce brouhaha le contacte avec la conscience qui n'est dans son statut anthologique qu'immobilité.

38) Cette Conscience, douée de qualités multiples, concernée par toutes les actions, jouit des différents karman accumulés durant les vies passées.

39) Tout ce que l'on peut voir dans le monde est affecté par le karman et chacun jouit de ce qui dérive de son propre karman. 

40) Les désirs, les erreurs ou toutes autres choses qui produisent joie ou douleur viennent toutes du karman dans lequel la Conscience est liée.
Le karman est la loi de la nature. Sa cessation équivautà sortir , à s'extraire du procédé implacable de la cause et de l'effet dans lequel est prise la Conscience. Joie et douleurs n'appartiennent pas à la conscience bien qu'elle les éprouve, mais à la Nature. La Conscience est Sat, Chit, Ananda, jouissance pure non qualifiée, dont le grand Nâda est l'expression sur le plan de l'univers manifesté. L'énergie, avant de se dégrader, est aussi jouissance pure à travers la vibration. de là vient l'obsession Tantrique de la jouissance qui permet au Yogi de se situer à côté de la joie et de la souffrance sans en expérimenter l'emprise. Joie et souffrance son une perversion du karman qui maintient ainsi l'être humain dans la sphère mentale de l'expérience duelle. La jouissance est au-delà du mental, donc de la dualité, du bien et du mal, par conséquent de la joie et de la souffrance. C'est ce qui fera dire sans faille au Tantrique, quoiqu'il arrive et sur n'importe quel sujet qu'on le questionne que tout est bien à sa place dans l'ordre des choses.

41) Celui qui a accomplitdes actions adéquates aux besoins de son évolution en tire profit dans cette vie. Recueillant donc la conséquence de ses expériences, il peut maintenant en jouir.
Les actions adéquates aux besoins de notre évolutions sont les expériences par lesquelles ont doit passer pour dépasser nos tendances et qu'il nous faut nous même choisir sans attendre qu'un sort favorable le fasse à notre place. Le Tantrique n'esquive pas l'expérience utile à son travail, il la provoque choisissant ainsi le moment et le lieu de la confrontation. Il n'entrevoit pas d'autres méthode que l'enfoncement même dans ce que l'on doit dépasser pour s'en libérer. 

42) Selon la puissance de son karman, l'homme est heureux ou en peine. Celui qui ne discrimine pas ses erreurs ne connaît jamais la paix et ne peut se défaire de son karman. Il n'existe pas d'autre réalité que le karman. Toutes les choses existantes en ce monde sont produites volontairement par le voile de Mâyâ.
C'est donc bien dans l'expérience elle-même que se trouve la solution. S'il y a karman à dépasser c'est bien dans ce qui compose le notre qu'il faut se frotter, et s'il y a immobilité à rejoindre c'est bien dans l'action et le mouvement que l'on y parviendra.

43) De la même façon qu'au moment opportun toutes sortes de créatures naissentpour jouir de leur karman, ainsi en est-il aussi du Brahman qui est confondu avec la manifestation cosmique, par l'effet du karma et selon le même principe d'erreurqui fait prendre la perle de l'huître pour de l'argent. 

44) L'erreur naît du désir; quant la Conscience Béatifique apparaît dans l'être humain, alors nous pouvons détruire le désir.
Bien qu'il soit le moteur même de la vie, le désir est aussi la cage. Le désir est la recherche du bonheur à travers ce qui nous est extérieur. La légende le dit: le créateur désira être deux, ainsi commença l'univers. Il accomplit son désir dans un élément extérieur. Le désir projette ailleurs et lie l'humain dans le processus du temps et de l'espace, donc de la cause et de l'effet, c'est-à-diredu karman. La jouissance par contre est une vibration dans l'ici et maintenant qui déconditionne l'homme du plan mental en le rivant à l'instant fugace et éternel d'une extase qui le rapproche et le relie à Ananda.

45) Nous voyons surtout le personnel par la suite de cette illusion qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Il n'y a pas d'autres causes, je peuxl'affirmer.

46) Quand se manifeste la Conscience Absolue, qui oeuvre dans la manifestation, alors l'erreur qui vient des perceptions sensorielles est anéantie. "La Conscience n'existe pas", telle est l'erreur qui ne permet pas de se libérer du samsâra. 

47) Si l'on arrive à discriminer, l'erreur s'évanouit. Dans le cas contraire, cette erreur ne disparaît pas et l'on continue à prendre pour de l'argent ce qui n'en est pas.
Nous vivons dans le mirage constant de ce que nous croyons voir. Les apparences nourrissent grassement le mental qui n'utilise qu'elles comme référence. Son fonctionnement est si rapide et incessant qu'il est impossible de ne pas les utiliser comme première valeur de jugement ou d'appréciation. Des ces apparences nous déduisons les causes et les effets, bouclant ainsi la boucle.

48) Tant que ne surgit pas la Connaissance, les perceptions ne sont pas pures, et le monde apparaît sous des formes multiples et diverses. 

49) Ce n'est que quand le corps, formé par les éléments du karman, devient le temple dans lequel on atteint le nirvâna, que le fait de posséder un corps est vraiment fructueux.
Sacraliser le corps est, pour le Tantrisme, la seule porte qui nous permette d'en faire un lieu de saint dans lequel on puisse contacter notre nature divine, ou qui puisse être un tremplin pour libérer la Conscience. Sacraliser le corps revient à modifier la nature même des éléments qui le compose et, par cette alchimie, dénaturer d'une telle façon le karman lui-même qu'il ne puisse plus être une entrave.  

50) Telle est la source du désir qui accompagne la Conscience incarnée, mais égalementl'égarement dont est victime l'être humain quand il veut se conformer à la notion des bonnes ou mauvaises actions.
Bonnes et mauvaises actions qui maintiennent, l'une et l'autre, l'humain dans la dualité prosternante et accablante du karman. 

51) Si le Yogin veut traverser l'océan du samsâra, il doit accomplir les devoirs de l'âshrama dans lequel il se trouve, tout en renonçant aux fruits des actions qu'il y accomplit.
A chaque saison ses fruits, comme à chaque âge de la vie ses activités. Ainsi les champ des expériences sera-t-il complet et vécu en profonde harmonie avec les énergies de chaque époque.  Chaque âshrama permet d'explorer une partie des expériences utiles à la vie extérieure et à la vie intérieure et ainsi de s'en libérer. Ce n'est pas à 80 ans que l'on doit chercher l'accomplissement dans la sexualité ou dans les richesses, ni y renoncer d'ailleurs.

52) Les hommes qui sont attachés aux objets sensoriels, qui sont désireux de tirer de ceux-ci uniquement du plaisir, qui gâchent par de vains discours leurs chances d'atteindre le nirvâna,  se lient par leurs actions mêmes.
Il n'y a personne, à part nous-mêmes, qui soit responsable de notre vie, de ce qui nous arrive et de ce que nous en faisons. C'est notre attitude dans tout cela qui nous liera ou nous déliera, et non une quelconque raisons extérieure ou antérieure.

53) Si quelqu'un voit le Soi par l'intermédiaire du soi, il ne peut plus rien voir d'autre dans le monde, et même sil transgresse ses devoirs, j'affirme qu'il ne commet aucune faute.
Les devoirs et les règles ne concernent que les êtres ordinaires baignant dans les méandres de la dualité. Celui qui voit la Réalité n'est plus concerné par la danse des éléments subalternes, quoiqu'il en fasse ou quoiqu'il fasse dans la ronde des mirages mondains formés par nos sociétés, nos religions ou nos constructions mentales.

54) Ce n'est que grâce à la Connaissance que les désirs et tout le reste peuvent disparaître. Et quand les tattva ne voilent plus la Conscience, il y a vision de la Réalité.

Chapitre III

Le vâyu

1) Dans le coeur se trouve un lotus divin, orné d'un merveilleux linga possédant les vibrations des 12 phonèmes qui vont de ka à tha.
C'est Banalinga, la flèche qui atteint sa cible à tous les coups, harponnant la personne de tous les liens de l'ego et des émotions. Dans ce Linga se trouve le deuxième granthi, le noeud de Vishnu qui est le symbole de la force de conservation.  Cette force de conservation agissant au coeur de la personnalité fait espérer, à tous les humains, une continuité de ce qu'ils sont et de ce qui leur arrive. C'est l'espoir, l'attachement aux choses et aux êtres que l'on aime, le souhait de ne jamais les perdre.  

2) Le prâna, uni à l'ego, se trouve ici, accompagné des désirsintenses et de son karman sans commencement.
C'est dans le coeur que se trouve la Conscience Incarnée avec ses tendances énergétiques et la somme de ses actes anciens remontant aux débuts des temps. "Le prâna uni à l'ego" laisse entrevoir que l'immobilité du souffle peut amener l'immobilité de la pensée personnelle.

3) De la modification des qualités du prâna viennentles noms différents qu'on lui donne: on ne peut tous les énumérer.

4) Prâna, apâna, samâna, udâna et vyâna sont les cinq premiers. On rajoute nâga, kûrma, krikara, devadatta, dhananjaya,

5) pour obtenir les dix noms principaux que je vais mentionner dans ce texte.  Ceux-ci adaptent les mouvements de leurs fonctions aux activités respectives de chacun d'entre eux. 

6) Entre ces dix souffles cinq ont une importance majeure. Entre ces cinq souffles deux sont essentiels: ce sont prâna et apâna.
Ces deux souffles ont des cours opposés. L'un tire vers le haut, la légèreté, la pensée, l'intérieur - c'est prâna - l'autre vers le bas, l'inertie, la matière, l'extérieur - c'est apâna. Si le yogi arrive à réunir et à immobilisersuffisamment longtemps ces deux forces, l'explosion qui en suModern_ut être de nature à libérer le courant ascensionnel et à  produire l'éveil de Kundalinî.

7) Prâna se tientdans le coeur et apâna dans l'anus. Samânaest dans le ventre, udâna dans la gorge et vyânadans tout le corps.

8) Les cinq autres souffles, en commençant par nâga, agissent sur le corps en provoquant le vomissement, l'ouverture des yeux, la faim, la soif, le bâillement et enfinle hoquet.

9) Celui qui grâce à eux arrive à connaître le microcosme ne commet plus d'erreur et atteint un état de connaissance élevé.

10) Maintenant je vais indiquer très directement comment on peut obtenir le succès dans le Yoga, en sachant que le yogi ne doit jamais mollir dans sa pratique du Yoga!

Le Maître

11) Il n'y a que la connaissance enseignée directement par un maître qui soit efficiente. Sans cela elle ne produit rien, elle estinefficace et carrément dangereuse.
La place du Maître ou de l'instructeur est centrale dans la voie tantrique. La puissance des pratiques justifie cela car cette puissance doit oeuvrer dans le vide intérieur afin de développer tout le potentiel supérieur du yogi. Sans cela le risque est important de voir ces mêmes pratiques fortifier l'intellect, l'imaginaire et la personnalité, ce qui aboutit à l'opposé du but.

12) Grâce à sa relation très engagée auprès de son Maître, celui qui s'investit complètement dans la recherche de la connaissance en obtientles fruits. 

13) Il faut servir le Maître sous toutes les formes possible, par l'action, par la pensée et par la parole car il est en fait pour le disciple en même temps son père, sa mère et l'incarnation de Dieu.
Le Maître devient la référence absolue, ce qui est le moyen le plus sûr d'éliminer les doutes et les questionnements. Le disciple devient une offrande vivante, ce qui lui assure d'éviter l'écueil de l'ego.

14) Grâce aux pouvoirs du Maître on obtient tout ce qui est bon pour notre propre évolution, c'est pourquoi il faut l'honorer avec ferveur. Sans cela tout devient aléatoire.

15) Pour rendre hommage au Maître il faut d'abord faire trois fois la pradakshinâ et toucher avec la main droite ses pieds de lotus.

Les conditions pour réussir

16) Ceux qui ont acquis la maîtrise intérieure, qui ont éliminé tous les doutes, obtiennent sûrement le succès, tandis que les autres non. Voilà pourquoi on doit pratiquer avec une intense ardeur le Yoga.
Maîtriser les forces intérieures et ne pas connaître le doute sont deux éléments décisifs qui reviennent fréquemment.

17) Ceux qui sont encore liés par les désirs, ceux qui n'ont pas confiance, ceux qui n'honorent pas leur Instructeur, ceux qui oeuvrent pour obtenirdes avantages mondains, ceux qui mentent comme ils respirent, ceux qui font du mal même si ce n'est qu'en paroles, ceux qui ne font pas ce qu'il faut pour satisfaire le Maître (dans leur pratique), aucun de ceux-ci n'obtiennent le succès.
On pourrait dire différemment : "ceux qui ne sont pas tournés vers l'intérieur n'obtiennent pas le succès" car la liste ici donnée est une énumération de ce qui entraîne vers l'extérieur.

18) La première condition pour obtenir le succès est la certitude que l'on peut atteindre la réalisation, la deuxième estla confiance en soi, la troisième est le respect du Maître, la quatrième est la conscience de l'unité universelle, la cinquième est le contrôle sensoriel, la sixième est la modération dans la nourriture. Il n'y a pas de septième condition.
Avoir la certitude absolue qu'il est inévitable d'atteindre les plus hauts niveaux dans cette vie même est l'élément le plus fort de toute la sâdhanâ du yogi, l'obsession qui emplit tous les sillons de l'intériorité. Cette certitude absolue est au-delà du personnel tant sa force récurrente doit imprégner chaque fibre du corps, chaque souffle, chaque espace de la pensée, chaque graine de conscience. Le non-doute vient après car il est déjà "un exercice de style" relevant de l'effortpersonnel. La purification dans la nourriture concerne tout ce que le yogi absorbe, qu'il s'agisse de nourriture physique, énergétique ou mentale.

19) Le yogi qui a trouvé un instructeur expert dans l'enseignement du Yoga et qui a bien appris tout ce qu'il doit faire, se met à pratiquer le Yoga avec humilité et ferveur tout en restant très attentif aux instructions du Maître.

20) Il se retire alors dans sa pièce, s'assoit confortablement sur son siège dans la posture du lotus et pratique le prânâyâma.

Le prânâyâma

21) Le yogi doit d'abord maintenir son corps droit avec fermeté. Les mains en anjali-mudrâ il doit s'incliner vers le Maître, puis saluer à droite Ganesha, celui qui ôte les obstacles, et s'incliner à gauche pour saluer les gardiens du monde et Ambikâ.
Ambikâ est la Déesse, un des aspects de la Shakti.

22) Ensuite il doit fermer avec le pouce pingalâ, inspirer l'air par idâ et le retenir le plus longtemps possible. Enfin il expire par pingalâ lentement et avec douceur.

23) Et de nouveau il inspire par pingalâ, retient l'air le plus longtemps possible, puis expire par idâ, sans forcer, tout doucement.
L'auteur décrit la pratique de nâdî-shodhana avec rétentions de souffle excessivement prolongées.

24) En suivant cette technique unique du Yoga il faut faire 20 kumbhaka chaque jour, avec une fermeté absolue en étant intérieurement immobile.
Un cycle fait 20 rétentions de souffle de plusieurs minutes chacune. Fermeté et immobilité intérieures sont requises. Durant chaque rétention un travail spécifique de purification de nâdî doit être effectué.

25) On doit faire quatre séries de ces kumbhaka à quatre moments de la journée: à l'aube, à midi, au crépuscule et à minuit.

26) Si l'on fait assidûment ainsitous les jours pendant trois mois on obtient immédiatement la purification des nâdî.
Purifier les nâdî revient également à purifier les énergies qui y circulent et à rendre fluide leur écoulement. Les tendances intérieures véhiculées dans les nâdî par les énergies se trouvent à leur tour "nettoyées" et le yogi atteint la pureté stable.

27) Quand ils sont purs, les nâdî permettent de percevoir la réalité. Alors le yogi voit beaucoup de ses défauts détruits et atteint le niveau que l'on nomme ârambha.

28) Quand les nâdî ont été purifiés on trouve dans le corps du yogi différents signes que je vais brièvement décrire:

29) Le corps de celui qui pratique ce prânâyâma devient harmonieux, il sent bon et devient beau. Dans tous les systèmes de Yoga il y a quatre niveaux de prânâyâma: ârambha, ghata, parichaya, nishpatti.

30) Ârambha a déjà été décrit. Nous allons maintenant décrire les autres niveaux et les avantages d'une parfaite fluidité des souffles vitaux: ils détruisent les souffrances dans lesquelles se noient les humains.

31) Le yogi a un bon appétit et une bonne digestion. Il est joyeux et la beauté émane de tout son être. Il a grand coeur, beaucoup de force et d'énergie. Voilà comme est le yogi qui a pratiqué.

32) Maintenant je vais décrire les obstacles au Yoga les plus importants. Ces obstacles doivent être évités par le yogi qui veut atteindre un état supérieur etdépasser le samsâra qui n'est qu'un océan de souffrance.

Ce qu'il faut éviter

33) Le yogi doit éviter avec détermination ce qui suit: les substances acides, astringentes et piquantes, le sel, la moutarde, ce qui est amer, trop marcher, les ablutions à l'aube, ce qui est frit dans l'huile, le vol, la violence, l'agressivité envers les gens, l'égoïsme, la tromperie, le jeûne, le mensonge, la compagnie permanente des femmes, le rituel avec le feu, trop parler aussi bien des choses plaisantes que déplaisantes, trop manger.

Les moyens

34) Je vais maintenant exposer le moyen par lequel on peut obtenir un succès rapide dans le yoga. Cette méthode doit être tenue secrète parce que les pratiquants atteignent le succès à coup sûr.

35) Le yogi fera toujours et uniquement ce qui suit: Il prendra du beurre clarifié, du lait, de la nourriture douce, du bétel nature, du camphre, des aliments doux, sans peau. Il s'installera dans une jolie pièce ayant une petite porte. Il écoutera des paroles qui sonnent juste. Il accomplira avec détachement ses devoirs de chef de famille. Il répétera sans cesse le nom de Vishnu. Il écoutera les sons les plus subtils qui soient. Il cultivera en lui la fermeté, la patience et la pureté. Il pratiquera l'ascèse tout en étant modeste et humble. Il rendra hommage à son Maître.

36) C'est toujours quand le souffle passe dans le canal solaire que les yogi doivent se nourrir et quand il passe dans le canal lunaire qu'ils doivent se reposer.

37) Les yogi doivent pratiquer prânâyâma après avoir mangé et non quand ils ont faim. Pour cela il faut prendre du lait et du beurre clarifié.

38) Quand la pratique est bien installée il n'est plus besoinde se tenir à de telles limitations. Celui qui pratique prânâyâma doit manger peu mais souvent et au début s'exercer inlassablement aux kumbhaka. 

39) Lorsque le yogi obtient le pouvoir recherché sur le souffle en ayant la capacité de le maîtriser à son gré, grâce à cela kumbhaka réussit. Si kumbhaka réussit complètement le yogi obtient le succès où il veut.
La maîtrise des "véritables rétentions" donne au yogi le pouvoir sur le souffle donc sur les énergies. A ce moment là il y a peu de domaines qui ne soient pas sous son pouvoir car tout relève de l'énergie.

Premier niveau du prânâyâma

40) Au premier stade le corps du yogi commence à transpirer. Le yogi devrait se frotter avec la transpiration afin de garder ses dhâtu.
L'auteur indiqueles manifestations naturelles d'une pratique correcte du prânâyâma de façon à ce que le yogi ne s'inquiète pas et qu'il sache sûrement où il en est.

 

Deuxième et troisième niveau du prânâyâma

41) Dans le second stade du prânâyâma les tremblements apparaissent. Dans le troisième le pratiquant saute comme un daim, et lorsque la pratique est parfaite ilentre en lévitation.

Vâyusiddhi

42) Quand le yogi, assis en padmâsana, quitte la terre et se meut dans les airs, on constate alors qu'il a acquis le vâyusiddhi qui fait passer au-delà de l'opacité du samsâra.
La lévitation n'est jamais recherchée, c'est le résultat normal de la pratique. Elle délimite un niveau à partir duquel la pratique change (le yogi peut se passer des prescriptions et des limitations du Yoga) et dans lequel le yogi obtient certains pouvoirs.

43) Ainsi, jusqu'à ce moment, le pratiquant doit suivre les indications et les limitations prescrites dans le yoga. Il s'en suivra une diminution du sommeil, de l'urine et des excréments. 

44) Le yogi qui perçoit ainsi la Réalité se libère de la maladie et de la tristesse; son odeur et sa salive ne sont plus désagréables et ses intestins sont purifiés.
La traduction littérale est: "Il n'a plus de vers intestinaux".

45) Lorsqu'il n'y a plus d'augmentation de flegme, de vent ou de bile dans le corps du pratiquant, alors il peut de nouveau prendre de la nourriture comme il le veut.
La traduction littérale est "de façon irrégulière".

46) Si le yogi mange trop peu, trop ou même pas du tout cela ne l'affecte plus. Grâce à sa pratique, il acquiert le pouvoir nommé bhûcarî, c'est-à-dire qu'il peut sauter comme le fait une grenouille quand l'on frappe dans ses mains.

47) Il y a énormément d'obstacles très durs et presque insurmontables mais le yogi doit continuer, même s'il a l'impression qu'il va mourir.
L'auteur ne laisse aucune échappatoire, les faibles et les timorés devront changer ou renoncer car certains passages sont aussi effrayants et vertigineux que des abîmes mortels. L'issue sera certainement heureuse pour celui qui saura garder fermeté, détermination, et une confiance aveugle dans la voie et dans son Maître.

48) Pour détruire les obstacles, le pratiquant, ayant acquis la maîtrise de ses sens, devra se retirer dans un lieu calme et prononcer en permanence le son OM.

49) Grâce à la pratique du prânâyâma, le sage peut détruire les effets du karman issus des vies passées ou de la vie présente.
Encore et toujours cette même affirmation qui laisse entrevoir au yogi un espace de liberté inconcevable pour les membres du troupeau qu'il a quitté depuis longtemps. Toujours identique aux autres en apparence il a le pouvoir de défier et de transgresser les lois qui asservissent toujours ses anciens compagnons de galère. 

50) Grâce aux seize prânâyâma un vrai yogi peut annihiler les effets des actions méritoires ou des erreurs accumulés durant les vies précédentes.
Le texte ne parle pas des effets des actions, méritoires ou non, accumulés dans les vies précédentes du yogi maisparle en général. Selon un point de vue largement répandu dans les milieux du Hatha-Yoga les constituants qui viennent des vies antérieures sont des amalgames de maintes personnesqui se sont cristallisés pour former un nouveau "véhicule", celui qu'emprunte le yogi dans cette vie. Il ne s'agit donc pas d'un karman personnel mais plutôt d'un karman collectif ou de parties collectives.  

51) A l'instar du feu qui détruit un amas de coton, le prânâyâma détruit tous les liens produits par les erreurs. Puis lorsque le yogi est détaché, il détruit même les liens produits par les bonnes actions.
En fin de compte seule l'action pure est libre. Dès qu'elle devient "mauvaise" ou "bonne" elle se personnalise et englue l'acteur dans les liens du karman.

52) L'excellent yogi qui a obtenu grâce au prânâyâma les huit pouvoirs et qui a dépassé le niveau des vices et des vertus, peut côtoyer librement les êtres des trois mondes. 

53) La pratique du yogi devra atteindre progressivement trois ghatikâ  s'il veut obtenir à coup sûr les pouvoirs qu'il désire.
3 ghatikâ représentent environ une heure trente de pratique en kumbhaka.

 

Siddhi

54) Voici quels sont les pouvoirs des yogi: le pouvoir de prophétie (vâkya siddhi), le pouvoir de se transporter où l'on veut (kâmachâri), Le pouvoir de clairvoyance (duradrishti), le pouvoir de clair audience (durashruti), le pouvoir de voir l'invisible (sukshma drishti), le pouvoir d'entrer dans le corps d'un autre (parakâypravesana), le pouvoir de changer les métaux en or avec seulement des excréments et de l'urine, le pouvoir de devenir invisible et celui de voler dans les airs.

Ghata

55) Lorsque le yogi obtient la perfection dans le stade de ghata grâce au prânâyâma, il n'existe alors plus rien qu'il ne puisse accomplir dans l'univers.

56) Ce stade de ghata devient définitif chez celui où  prâna/apâna, nâda/bindu, jîvâtman/paramâtman unis agissent ensemble

57) Lorsque le pratiquant réussit à retenir son souffle durant trois heures, il atteint alors en toute sécurité et d'une façon définitive le merveilleux état du pratyâhâra.

58) Cet excellent yogi voit la conscience dans tous les objets perçus. Quelle que soit la chose que perçoivent ses sens il n'en est pas troublé.

59) Grâce à la pratique, lorsque le yogi peut retenir un kumbhaka complet durant trois heures, c'est-à-dire lorsqu'il s'arrête de respirer pendant 8 danda, alors ce sage a le pouvoir - par exemple - de se maintenir en équilibre sur un doigt de pied, au risque de passer pour un fou.

Parichaya

60) Avec de la pratique le yogi arrive ensuite au stade appelé parichaya, qui se réalise quand l'air, ayant quitté la lune et le soleil, s'immobilise pour s'engouffrer d'une façon durable dans l'espace infini de sushumnâ.
Quand l'air a quitté la lune et le soleil, idâ et pingalâ, l'arrêt du souffle se produit car il ne circule plus ni dans la narine gauche, ni dans la narine droite. Si cet arrêt se prolonge le temps nécessaire, le souffle empruntera la voie royale du milieu. C'est ce que cherchent à produire prânâyâma ou même certaines postures comme paschimottâsana.

61) Le yogi, qui se maintient fermement dans le stade parichaya parce qu'il a obtenu le pouvoir d'action (kriyâ-shakti) et celui de pénétrer dans les Cakra, peut sûrement voir, grâce à cette pratique, le triple effet des actions.

62) Le yogi peut alors détruire l'ensemble de son karmanavec le son OM. Il accomplit le kâyavyûha qui lui permet d'épuiser son karman dans cette vie même.
Il se libère définitivement des attaches corporelles.

63) C'est alors que ce grand yogi doit faire la quintuple concentration pour devenir maître de la terre et des autres éléments. Ce pouvoir lui permet de ne plus être manipulé par les tendances de ces éléments.
N'étant plus manipulé par ces tendances il s'en libère.

64) Le sage se concentre durant 5 ghatikâ sur le lotus âdhâra, puis encore 5 ghatikâ sur la région du Linga, 5 encore sur la région du ventre, 5 encore sur la région du coeur, 5 encore sur la région de la gorge et 5 enfin sur l'espace intersourcillier. Grâce à cela ce grand yogi sera protégé de tous les ennuis que pourraient lui faire la terre ou les autres éléments.

65) Le yogi qui pratique la concentration sur les éléments ne meurt plus, même à travers 100 cycles de Brahmâ.

Nishpatti

66) Avec la pratique graduelle le yogi arrive au stade de nishpatti. Là il pourraéchapper à toutes les implications du karman, bien que celui-ci soit éternel, et boire la liqueur d'immortalité.
Le yogi sort de l'emprise du karman et continue à vivre mais "à côté de cette loi universelle". Il devient immortel car il sort également du temps divisé en trois sections, passé, présent et futur.

67) Quand pour le yogi serein, devenu jîvanmukta grâce à ce qu'il a fait, se réalise l'accomplissement du samâdhi, et quand cet accomplissement du samâdhi peut être atteint volontairement, alors, tenant fermement sous son pouvoir la chetanâ, l'air et la force d'action, il peut avec une grande impétuosité vaincre tous les Cakra et se fondre dans jnânashakti.
Vaincre les Cakra c'est les posséder et en devenir maître. L'auteur entend aussi bien les Cakra intérieurs au yogi que ceux qui lui sont extérieurs.

Vâyusâdhana

68) Maintenant il nous faut décrire le vâyusâdhana dont la finalité est de détruire ce qui fait souffrir. Par ce moyen on peut immédiatement éliminer les plaisirs et les douleurs qui agitent le samsâra.

Etre dans le samsâra implique d'osciller entre plaisirs et douleurs. En sortir verse le yogi dans la béatitude totale et unique.

69) Le sage qui place systématiquement sa langue à la base du palais boit l'essence du prâna grâce à quoi il anéantit toutes les maladies.

70) Le sage qui boit l'air froid avec sa langue ayant la forme d'un bec de corbeau, s'il connaît les lois qui président à prâna et à apâna devient prêt pour la libération.
Les grandes pratiques de shitalî et ses dérivés sont des prânâyâma supérieurs ouvrant la voie royale à travers le Cakra du coeur.

71) Le sage qui boit l'air frais tous les jours selon les règles détruit en lui la fatigue, la fièvre, la vieillesse et la maladie.

72) Le superbe yogi qui, pointant sa langue en haut, arrive à boire le nectar lunaire est sûr de vaincre la mort dans l'espace d'un mois.
Khecharî mudrâ possède les réputations les plus extraordinaires dont celle de conférer l'immortalité.

73) S'il boit le nectar lui-même après avoir fermé puissamment la glotte selon les prescriptions du Yoga tout en méditant sur Kundalinî, il devient un sage et un poète dans l'espace de six mois.

74) S'il boit l'air avec le "geste du corbeau" à l'aube et au crépuscule tout en méditant sur la bouche de Kundalinî il guérit de la phtisie.

75) Si le yogi boit durant des jours et des nuits le souffle du prâna par le "geste du corbeau", il se libère de toutes maladies et obtient les pouvoirs de clairvoyance, clair audience et de discrimination.

76) S'il boit lentement l'air en fermant les dents sur les dents et en posant sa langue en haut, le yogi vainc rapidement la mort.
L'auteur parle de sitkarî prânâyâma, laissant le soin à l'instructeur d'expliquer en détail la pratique à son disciple.

77) S'il accomplit cette pratique chaque jour durant six mois, libre de toutes attaches, il peut réellement anéantir toutes les maladies.
Chaque allusion aux maladies doit être interprétée comme faisant partie du langage secret. Il faut entendre une autre signification que ce que les mots veulent dire pour tromper le néophyte. Un Tantra développe cette idée: Shiva s'adressant à Parvatî déclare: "Maîtresse de ma vie! Le langage secret est nécessaire pour éviter de diluer le pouvoir des enseignements. Il aide à  protéger de l'atteinte de ceux qui n'y sont pas préparés ou qui les violeraient le sens des mystères. En formulant les enseignements en langage à niveaux multiples de signification, l'authenticité de l'initiation est préservée... Ainsi les Tantra sont protégés par des mots à double sens, des allégories et des paradoxes. Le langage secret favorise la compréhension de l'inexplicable... Les enseignements peuvent, par exemple, substituer un mot pour un autre, comme dans un code. Seuls les initiés qui ont reçu oralement la clé du code peuvent saisir la véritable signification de ces enseignements."

78) S'il accomplit cet exercice durant un an il deviendra sûrement Bhairava, et après avoir obtenu le pouvoir animâ ainsi que tous les autres il pourra dominer l'ensemble des éléments.

79) S'il arrive à rester une demi-seconde la langue en haut, le yogi se libère dans l'instant de la maladie, de la mort et de la vieillesse.

80) S'il médite en appuyant la langue et en la mélangeant avec le prâna il ne peut plus mourir. C'est la vérité, j'affirme que c'est la vérité.

81) Le yogi, grâce à cette pratique de Yoga, devient en fin de compte un autre Kâmadeva, il ne connaît plus ni la faim ni la soif, ni le sommeil, ni aucune faiblesse.

82) De cette façon ce superbe yogi devient libre sur la terre et ne craint plus aucun malheur.

83) Avec cette méthode il ne renaît plus, il devient indépendant des vices et des vertus et partage la félicité des dieux.

Asana

84) Il y a quatre-vingt-quatre postures différentes. Après en avoir choisi quatre je les énonce: il s'agit de siddhâsana, padmâsana, ugrâsana et svastikâsana.

85) L'âsana que je vais maintenant décrire se nomme siddhâsana. Il donne le succès à ceux qui le pratiquent. Il faut se retirer dans un lieu à part et silencieux. Le pratiquant, expert en Yoga, doit appuyer avec soin un talon sur le périnée et l'autre sur le sexe tout enmaintenantses yeux vers le haut et en regardant dans l'espace intersourcillier, immobile, les sens maîtrisés et le corps parfaitement droit.

86) Celui qui veut atteindre rapidement l'accomplissement du Yoga grâce au pouvoir de cette technique, doit sans arrêt pratiquer ce magnifique siddhâsana en contrôlant son souffle.

87) Avec cette posture on quitte le samsâra et le yogi peut atteindre la libération. Il n'existe pas sur terre d'âsana meilleur et plus secret: avec lui le yogi, immergé dans la contemplation, se libère de ses liens.
La Shiva-Samhitâ ne retient que quatre postures dans lesquelles tout se fera. Deux postures pour la respiration et la méditation, une pour l'éveil de Kundalinî et la dernière comme cadre magique permettant d'explorer cet aspect de l'univers.

88) Maintenant je vais décrire padmâsana qui écarte toutes les maladies. Il faut mettre soigneusement les pieds, plantes vers le haut,  sur les cuisses et les mains de la même façon paumes vers le haut. Ainsi le pratiquant fixe le bout du nez, en appuyant sa langue à la racine des dents, avec le menton vers le haut et la poitrine soulevée. Lentement il doit inspirer l'air de la façon la plus subtile possible et s'en remplir. Lentement il doit ensuite l'expirer d'une façon la plus égale possible.
La description qui en est faite est dangereuse pour le kumbhaka, il faut déjà être aguerri.

89) Cet âsana ne peut être fait par n'importe qui. Seul le sage le réussit.

90) Avec cet âsana et cet exercice le souffle du pratiquant devient régulier et coule immédiatement d'une manière harmonieuse, il n'y a là aucun doute.

91) J'énonce la vérité: si le yogi, assis en padmâsana, respire selon la méthode relative à prâna et à apâna, il obtient la libération: voilà la vérité.

Ugrâsana

92) Se tenant les jambes non unies l'une à l'autre, le pratiquant saisitsolidement les orteils avec les mains et porte la tête sur les genoux. Cette posture est appelée ugrâsana, elle stimule la circulation de l'air et élimine la fatigue; on l'appelle aussi pascimattânâsana. Si le sage exécute chaque jour cette excellent âsana, le flux de l'air circule à travers la voie postérieure.

93) Ceux qui pratiquent cet exercice obtiennent tous les pouvoirs, c'est pourquoi le yogi cherche avec ardeur à obtenir le succès dans cette pratique.

94) Cet âsana, au moyen duquel on obtient facilement le succès dans le contrôle de la respiration qui détruit beaucoup de souffrance, doit être tenu secret et ne doit pas être révélé à quelqu'un de non qualifié.

Svastikâsana

95) Mettre les plantes des pieds correctement entre les genoux et les cuisses, tenir le corps droit comme un bâton et s'asseoir avec aisance: voilà svastikâsana.

96) Si le sage yogi pratique de cette façon le prânâyâma, son corps n'est plus altéré par la maladie et il obtient vâyusiddhi.

97) Cet âsana est aussi appelé sukhâsana; il détruit toutes les souffrances. Les yogi doivent impérativement tenir secret cet excellent svastikâsana.

Chapitre IV

Le quatrième chapitre de la Shiva-Samhitâ est essentiellement consacré aux bandha et mudrâ. Bien qu'il ne faille pas enfermer la chronologie de l'exposé dans une rigueur trop grande, il est tout de même notable de voir que les mudrâ sontproposées après les âsana et le prânâyâma indiquant par là une pratique tantrique marquée. Ceci correspond également à une logique de la méthode qui indique qu'une fois la posture et les souffles maîtrisés il est possible d'éveiller Kundalinî. A ce niveau de la pratique, la présence du Maître et l'héroïsme du disciple jouent un rôle important. S'il est vrai que cette dernière qualité est le ferment de la réussite, il ne faut pas oublier pour autant que l'amateurisme et l'initiative personnelle risquent de mener à l'échec et que dans ce cas la note risque d'être lourde à payer tant la belle déesse est exigeante envers qui la courtise.

Yonimudrâ

1) Le pratiquant doit tout d'abord fixer son mental sur mûlâdhâra Cakra en contractant le périnée qui se trouve entre l'anus et le sexe 

2) Qu'il médite ensuite sur Kâma qui se trouve dans la brahmayoni et qui est identique à la fleur de bandhûka, resplendissant comme 10 millions de soleils et frais comme 10 millions de lunes. Dessus s'y trouve une flamme subtile, la belle Kalâ, qui a la forme de l'intelligence. Qu'il imagine que l'union entre lui-même et Kalâ se produit.
Kâma est l'amant divin par excellence auquel le Yogi doit s'identifier pour séduire l'endormie. Le procédé de méditation ne se base pas sur l'imagination ordinaire mais sur le processus d'analogie qui transforme le méditant au point de le faire devenir l'objet même de sa concentration. Il ne s'agit pas de l'imagination profane utilisant le mental dans ses modalités courantes mais d'une qualité nouvelle, obtenue par la pratique, permettantde se relier à la divinité ou à l'archétype sans passer par le plan mentalpour "entrerdans sa peau", autrement dit la ou le dévorer. 

3) Qu'il s'imagine parcourir la voie de Brahmâ, après avoir perforé l'un après l'autre les trois Linga, après avoir bu la liqueur céleste qui procure la béatitude suprême, qui est de couleur rouge, qui éclate dans sa splendeur, qui distille de son lieu suprême le nectar, appelé kulâmrita, qui revient dans Kulâ.
On indique ici tout le parcours par lequel doit passer Kundalinî. 

4) Qu'il entre de nouveau dans le Kulâ grâce au Mâtrâ-Yoga et non d'une autre façon. Dans ce Tantra j'ai décrit le Yonimudrâ qui est dit être aussi précieux que la vie.
Le Mâtrâ-Yoga est un autre nom du prânâyâma que l'on peut traduire par "Yoga des rythmes" en se rappelant obsessionnellement la relation microcosme/macrocosme.

5) Qu'il se fonde de nouveau dans cette Yoni où se trouve le feu de la mort ayant les qualités de Shiva. Voilà le grand yonimudrâ: j'en ai décrit la pratique afin que l'on puisse l'exécuter. C'est seulement en la pratiquant que tout réussit. 

6) Les mantra tronqués, bloqués, paralysés, consumés par le feu, privés de flamme, de couleur obscure, ceux qu'il faut mieux abandonner, ceux qui sont faibles, jeunes, vieux, arrogants, orgueilleux à cause de leur jeunesse, ceux qui sont passés à l'ennemi, les fragiles, sans vitalité ou énergie, ceux qui sont discontinus ou dispersés en cent parties, tous ceux-là deviennent rapidement puissants grâce à cette méthode et produisent facilement succès et libération s'ils sont enseignés par un Maître quand il a initié son disciple selon le rite et après qu'il l'ait aspergé mille fois. J'ai décrit ce mudrâ afin que l'on puisse acquérir le pouvoir des mantra.
Les mudrâ sont des pratiques initiatiques. Le plus souvent ces mudrâ se déclinent en 5 niveauxcorrespondant aux 5 plans classiques de l'initiation shivaïte.  Ceci implique que dès le premier niveau il ne peuvent être donnés que par un Maître ayant l'habilitation à conférer une initiation. Il est évident que les descriptions ici faites sont complètement tronquées,  qu'il manque l'essentiel,  afin que l'aspect sacré, initiatique et secret soit protégé.

7) Grâce à yonimudrâ même si quelqu'un tuait mille brahmanes ou tous les habitants des trois mondes il ne commettrait pas de faute. 

8) Celui qui tuerait le Maître, ou boirait du vin, ou volerait, ou qui aurait des rapports sexuels avec la femme de son Maître ne serait entaché d'aucune faute grâce à yonimudrâ.
Il ne s'agit pas là que de simples images pour marquer l'esprit de simples pratiquants. Ce texte s'adresse à des gens déjà engagés dans une filiation et non au premier venu.

9) Celui qui désire la libération doit donc faire en permanence yonimudrâ. Avec ce mudrâ il obtient le succès et la libération.

10) En pratiquant on obtient la Connaissance, en pratiquant on maîtrise le yoga, en pratiquant on acquiert le succès dans ce mudrâ, en pratiquant on conquiert vâyusâdhana, en pratiquant on trompe la mort, en pratiquant on arrive à vaincre la mort. 

11) La pratique de yonimudrâ donne le pouvoir de prédire l'avenir et de se mouvoir où l'on veut pour son plaisir. Il faut absolument tenir yonimudrâ secret et en aucun cas ne le révéler à n'importe qui, même si on est menacé de mort.
Rien ne peut justifier la trahison d'une initiation et d'une pratique secrète.

L'éveil de kundalinî

12) Je vais maintenant révéler une excellente méthode pour atteindre le succès dans le Yoga. Elle doit être tenue secrète. Il s'agit d'une forme de Yoga difficile à réaliser même par les plus forts.

13) Quand la Kundalinî endormie se réveille grâce au pouvoir du Maître, tous les lotus et tous les noeuds sont transpercés.

14) C'est pourquoi le pratiquant doit accomplir avec toute son attention l'ensemble des mudrâ afin de réveiller la Déesse qui dort dans l'ouverture du brahmarandhra.

15) De tous les mudrâ il y en dix supérieurs: mahâmudrâ, mahâbandha, mahâvedha, khecharî, jâlandhara, mûlabandha, viparîtakriti, uddâna, vajronî et shakticâlana.
L'auteur classe ensemble bandha et mudrâ ce qui est assez fréquent dans ce genre de texte.

Mahâmudrâ

16) Dans ce Tantra je vais décrire mahâmudrâ, ô très chère. Les sages des temps passés, Kapila et les autres, obtinrent le succès après l'avoir appris. 

17) Il faut presser doucement le périnée, qui se trouve entre l'anus et le sexe, avec le talon gauche. Très attentif aux instructions du Maître, il faut tenir avec les deux mains le pied droit allongé devant, fermer les neuf portes, appuyer le menton sur la poitrine et concentrant tout son mental, le Yogi doit pratiquer vâyusâdhana. Voilà mahâmudrâ, gardé secret dans tous les Tantra. Après l'avoir pratiqué sur le côté gauche, le Yogi doit ensuite le faire du côté droit en maintenant immobile son mental par la pratique du prânâyâma.
La pratique de vâyusâdhana est en fait la rétention excessivement prolongée durant laquelle tout un travail sur apâna, prâna et samâna doit être fait.  La friction de ces éléments produit ce qu'indique le verset suivant pour finir par l'éveil de Kundalinî.

18) Grâce à cette pratique, même le Yogi le moins doué obtient la stimulation de l'énergie dans tous les nâdî, le contact immobile avec le bindu, l'extrême activité dans le rajas, la destruction des liens, la fin de toutes maladies, l'augmentation du suc gastrique, l'éclatante pureté de la beauté, la disparition de la vieillesse et de la mort, les fruit de tous les bien-être désirables, la félicité, la maîtrise des sens. Le Yogi immergé dans le Yoga, peut obtenir tous les avantages énoncés ci-dessus s'il utilise cette pratique: il est évident qu'il ne doit pas hésiter à la pratiquer.

19) Ce geste, ô la plus vénérable des déesses, doit être tenu secret. Les Yogi qui l'ont appris se libèrent du monde. 

20) Ce geste, que je viens de révéler, qui exauce tous les désirs de qui le fait, doit être exécuté selon une méthode secrète et ne pas être révélé à n'importe qui.
Ceci implique que l'auteur ne l'a pas révélée dans les lignes précédentes. Cela est vrai aussi dans les autres textes, et ceux qui pratiquent en suivant scrupuleusement les indications données dans ce genre de textes rentrent dans des pratiques fausses ou incomplètes et pour peu qu'ils les enseignent à d'autres ils entretiennent la confusion, mais l'essentiel est préservé car le véritable enseignement reste caché des ignorants.

Mahâbandha

21) Après avoir pris le pied droit et l'avoir mis sur la cuisse gauche, après avoir contracté le périnée, avoir tiré vers le haut apânavâyu et l'avoir uni au samânavâyu, et après avoir fait descendre prânavâyu, le sage les unit tous les trois afin de les faire monter ensemble. J'ai décrit ainsi mahâbandha qui ouvre la voie au succès. En le pratiquant, l'ensemble des énergies monte vers la tête du Yogi à travers le filet des nâdî. Le Yogi fait cette pratique alternativement avec les deux pieds, avec prudence.

22) Avec l'habitude le vâyu entre dans le canal central de Sushumnâ et tout le corps est revigoré, la colonne vertébrale devient solide et plus dense, le coeur du Yogi se remplit de joie. Ces avantages, ainsi que tout ce qu'il désire, sont obtenus par le Yogi qui pratique ce bandha.

Mahâvedha

23) Ô déesse des trois mondes, le grand Yogi, quand il a bien uni prâna et apâna grâce à mahâbandha et qu'il a empli d'air la région du ventre, doit se taper les fesses par terre. Je nomme ce geste mahâvedha.
Nous mettons en garde les amateurs de sensations fortes: il ne suffit pas de se taper les fesses par terre durant un long moment pour éveiller kundalinî. D'autres techniques non décrites ici sont à inclure et il est particulièrement important d'être attentif au canal qui est en fonction et de le modifier si besoin est.

24) Le grand Yogi qui a ouvert avec le vâyu le noeud qui se trouve sur le chemin de Sushumnâ, transperce aussi le noeud de Brahmâ grâce à vedhamudrâ.

25) Celui qui fait en permanence mahâvedha, pratique éminemment secrète, obtient le vâyusiddhi destructeur de la vieillesse et de la mort.

26) Les dieux qui se trouvent dans les Cakra tremblent sous la pression du souffle et Mahâ-Mayâ-Kundalî fulgure dans le Kailâsa. 

27) Mahâmudrâ et mahâbandha ne sont pas efficients sans mahâvedha. C'est pourquoi le Yogi doit les pratiquer tous les trois avec ardeur.
La pratique de Mahâmudrâ et de Mahâbandha avec Mahâvedha doit êtreimpérativement apprise de quelqu'un qui connaît ces techniques.

28) Celui qui pratique ces trois mudrâ quatre fois par jour vainc sans aucun doute la mort dans l'espace de six mois.

29) Il n'y qu'un siddha, et personne d'autre, qui peut connaître le pouvoir de ces trois mudrâ. En l'apprenant de lui les pratiquants obtiennent le succès à tous les coups.

30) Les Yogi qui désirent le pouvoir doivent tenir par tous les moyens cela secret. Sinon il est sûr qu'ils n'obtiendront pas le succès en pratiquant les mudrâ.
Le secret dévoilé laisse évaporer sa puissance redevenant ainsi quelque chose d'ordinaire perdanttoute sa force

Khecharîmudrâ

31) Le grand sage, assis en toute quiétude en vajrâsana, fixant fermement son regard sur le point intersourcillier, doit mettre avec soin sa langue retournée à l'intérieur dans la cavité qui se trouve sous la glotte, là où coule le nectar. J'ai expliqué ce mudrâ, nommé khecharî, pour la réalisation des désirs de ceux qui suivent ma voie. 

32) Ce geste, source de toutes les réussites, m'est plus cher que la vie elle-même. C'est en le pratiquant incessamment, chaque jour, que le Yogi peut boire le nectar qui est le moyen d'obtenir le vigrahasiddhi et, tel un lion,  de vaincre l'éléphant de la mort.
Vigrahasiddhi est le pouvoir de quitter son corps, de se libérer de la matière.

33) Qu'il soit pur ou impur, à quelque niveau qu'il se trouve, si kecharîmudrâ est fait correctement, il deviendra sans aucun doute pur.

34) Celui qui le pratique, même durant seulement une demi-minute, arrive à traverser le grand fleuve de l'ignorance et peut goûter aux plaisirs des dieux ou renaître dans une famille spirituelle.
Littéralement une noble famille. Si on le pratique d'une façon parfaite pendant très peu de temps ce geste confère la libération. Nous retrouvons ici l'affirmation commune qui dit qu'une technique pratiquée à la perfection produit ses effets dans l'instant. Le problème est qu'il faut s'y entraîner des heures, des mois, voire des années durant pour arriver à ces quelques secondes de perfection. Ceci sous-entend que la qualité et la justesse de la pratique sont essentielles, qu'il ne suffit pas de faire un nombre incalculable de fois en imitant bêtement comme une singe ou en laissant s'implanter l'habitude. Il faut au contraire une extrême vigilance, une spontanéité permanente qui permet de saisir et d'exploiter où l'on est parfaitement au coeur de la pratique et de soi-même, dans l'espace même où se découvre une faille dans l'ordinaire de l'état abrutissant de la matière.

35) Voilà kecharîmudrâ: celui qui le pratiquera le mental serein et concentré ne verra plus de différence entre un instant et cent cycles de Brahmâ.

36) Grâce aux instructions de son Maître, un sage qui apprend ce mudrâ, même s'il est encore très attaché, atteindra la libération.

37) Ô toi qui est vénéré des dieux, ce geste, aussi précieux que la vie, ne doit pas être révélé à n'importe qui, mais être tenu secret avec beaucoup de soins.

Jâlandharabandha

38) Le Yogi doit contracter la gorge afin de fermer l'ensemble des nâdî en appuyant le menton sur la poitrine. Ceci se nomme jâlandharamudrâ que même certains dieux ont du mal à exécuter. Le feu du ventre consume, chez les êtres vivants, tout le nectar qui coule du lotus aux mille pétales. C'est pourquoi il faut pratiquer ce bandha.
Cette pratique arrête l'écoulement d'Amrita ce qui permet au Yogi d'économiser ce précieux élixir de vie. Suivant les techniques Jâlandharabandha est maintenu en permanence, particulièrement dans certains prânâyâma et concentrations. On peut le réaliser très fermement en appuyant fortement le menton sur la poitrine sortie ou bien plus subtilement en réalisant ce que l'on appelle le crochet qui consiste surtout à baisser légèrement le menton et à faire une contraction intérieure de la gorge très hermétique.

39) Avec ce bandha, le sage boit le nectar et devient immortel. Il atteint la félicité dans les trois mondes.

40) Ce jâlandharabandha confère la réussite aux siddha. Le Yogi qui veut le succès doit le pratiquer sans arrêt.

Mûlabandha

41) Le Yogi doit d'abord fermer les sphincters de l'anus avec la pression du talon, puis tirer puissamment vers le haut apânavâyu, enfin le faire monter doucement. Ceci est mûlabandhamudrâ qui détruit vieillesse et mort.

42) Si, en faisant ce bandha, on arrive à unir prâna et apâna, on accomplit également yonimudrâ.

43) Si l'on fait yonimudrâ qu' y a-t-il que l'on ne puisse accomplir dans le monde? Grâce à ce bandha le Yogi vainc la paresse et, assis en padmâsana, il quitte la terre pour se mouvoir dans l'espace.

44) Si le grand Yogi veut traverser le fleuve du samsâra qu'il accomplisse ce bandha dans un lieux isolé et secret.
Traditionnellement mûlabandha est prescrit en permanence non seulement dans toutes les pratiques mais aussi à chaque instant de la vie profane.

Viparîtakaranîmudrâ

45) Le Yogi doit mettre la tête au sol et monter ses jambes en l'air. Ceci est viparîtakriti tenue secrète dans tous les Tantra.

46) Le Yogi qui accomplit sans arrêt cette pratique, tous les jours durant trois heures, peut vaincre la mort et même ne pas disparaître dans le pralaya.

47) Celui qui boit l'ambroisie devient similaire aux siddha, celui qui fait ce bandha est honoré par toutes les créatures.
Viparîtakaranîmudrâ désigne ici toute pratique dans laquelle la tête est en bas et les jambes sont en l'air, que le corps soit appuyé sur les épaules ou directement sur la tête. 

Uddîyânabandha

48) Déplacer à gauche l'intestin sur et en dessous de l'ombilic: ceci est uddîyânabandha qui détruit le fleuve des souffrances. Porter l'intérieur de la cavité abdominale gauche sous l'ombilic: ceci est uddîyânabandha, le lion qui domine l'éléphant de la mort.

49) Le Yogi qui accomplit cette technique quatre fois par jour obtient la purification du ventre grâce à laquelle les souffles se purifient.

50) Le Yogi qui fait cette technique durant six mois est sûr de vaincre la mort. Son feu intérieur se ravive et ses fluides aussi.

51) En outre on peut obtenir vigrahasiddhi et être certain d'éliminer toutes les maladies.

52) Même appris du Maître ce bandha est réellement très difficile à réaliser. Le sage doit donc le pratiquer avec zèle dans un lieu secret et confortable.
Uddîyânabandha doit se faire d'une manière évolutive quant à la rétention du souffle durant laquelle il convient de faire certaines visualisations et d'employer certains mantra spécifiques. Une pratique classique consiste à commencer par tenir la première fois une trentaine de secondes pour à chaque fois à rajouter dix secondes et arriver ainsi à une minute. Il est important de ne pas intercaler de respiration de confort après chaque rétraction du ventre.

Vajronîmudrâ

Ce texte décrit assez précisément vajronî (ou vajrolî) mudrâ ce qui est somme toute assez rare. On peut remarquer la présence du Maître aux côtés du couple tantrique en train d'accomplir ce geste durant un acte sexuel. Lepersonnel n'ayant plus rien à faire à ce niveau de pratique,  le Maître aussi bien que les disciples ne font pas de différences entre les différentes parties de leur corps. Ainsi le Maître peut toucher le sexes des disciples, ou les disciples toucher le sexe du Maître, comme s'il s'agissait de n'importe quelle partie du corps. Le corps est corps, les tendances sont tendances, les énergies sont énergies, et les tabous ou la morale ne s'appliquentqu'au troupeau et non pas aux héros.

53) Par amour pour ceux qui suivent ma voie, je vais décrire brièvement la très secrète vajronî qui détruit l'obscurité du samsâra.

54) Même celui qui vit dans le monde en suivant uniquement ses propres plaisirs, sans appliquer les règles du Yoga, peut obtenir la libération, au même titre que celui qui fait une ascèse, s'il pratique à chaque fois vajronî.
Le problème est qu'il est presque impossible de réaliser vajronîmudrâ sans maîtriser le Yoga...

55) Avec la pratique vajronî donne la libération au Yogi, même s'il est encore attaché aux plaisirs terrestres. C'est pourquoi les Yogi doivent pratiquer vajronî avec acharnement.

56) En premier lieu, après avoir absorbé selon les règles les sécrétions du sexe féminin dans le corps à travers le canal, il introduit son sexe dans le vagin, retenant son sperme, il commence à bouger son sexe. Si, par hasard, il commence à éjaculer il doit faire remonter son sperme vers le haut avec Yonimudrâ,  en le dirigeant vers la gauche. Durant un instant il immobilise son sexe dans le vagin, puis de nouveau il peut recommencer à le bouger en suivant les instructions de son Maître. Il doit répéter le mantra "hum" "hum", tout en tirant avec puissance apânavâyu vers le haut, et en absorbant les sécrétions de la femme.

57) C'est ainsi que le Yogi, pour réussir dans le Yoga, doit accomplir spontanément vajronîmudrâ et se nourrir de lait, tout en l'offrant en hommage aux pieds de son Maître.

58) Il faut savoir que le bindu est de nature lunaire et que rajas est de nature solaire. Il faut amener leur union dans le corps.

59) Je suis le sperme, et rajas est shakti. Quand les Yogi arrivent à réunir les deux dans leurs corps, qui est le temple du rituel, ils obtiennent un corps divin.

60) Avec la perte du sperme arrive la mort, mais avec sa rétention on augmente la vie. C'est pourquoi, avec beaucoup de précautions, il faut retenir son sperme.

61) Il est sûr que les hommes naissent et meurent grâce au sperme. Sachant cela que le Yogi pratique en permanence la rétention. 

62) Qu'y a-t-il qu'il ne puisse obtenir sur terre celui qui peut retenir son sperme? C'est grâce à cela que j'ai obtenu mon pouvoir: il en est ainsi!
Retenir son sperme est une pratique de pouvoir. Il ne faut pas comprendre ici la chasteté car le tantrisme préconise l'union sexuelle, la jouissance, mais exige le maintien du sperme dans le corps.

63) Le sperme donne joies et douleurs à tous les êtres enfermés dans l'existence mondaine, en prise à l'erreur et sujets à la vieillesse ainsi qu'à la mort. C'est pourquoi ce Yoga, qui donne le succès aux Yogi, est réellement le meilleur.

64) Avec cette pratique, même l'homme qui est resté attaché aux plaisirs obtient la libération. Même s'il a n'a vécu sur terre que pour le profit, au moment de sa mort il deviendra un siddha.

65) Après avoir joui pleinement de tous les instants de béatitude, grâce à ce Yoga, les Yogi obtiennent le succès absolu.

66) C'est pourquoi les Yogi font cette pratique avec beaucoup de plaisirs.

67) Sahajoni et amarânî sont des autres noms de vajronî. A chaque fois le Yogi doit retenir le sperme.

68) Si par hasard, dans l'excitation, le sperme est émis, et que c'est le moment d'unir la lune et le soleil, le Yogi doit le réabsorber avec son canal: ceci est amarânî.
D'où l'importance extrême de suivre les souffles dans les narines, de savoir s'ils passent à gauche ou à droite ou si c'est le moment pour les faire passer au milieu.

69) Avec yonimudrâ, le Yogi doit maintenir le sperme qui veut s'échapper: alors il réalise sahajoni, tenue secrète dans tous les Tantra.

70) La distinction vient de la différence des noms, mais le résultat est le même. C'est pourquoi, s'ils veulent le succès, les Yogi doivent toujours pratiquer ce mudrâ avec application.

71) C'est vraiment par amour pour ceux qui suivent ma voie que j'ai révélé ce Yoga. Il doit être tenu secret et ne doit pas être donné à n'importe qui.
 Aujourd'hui plus encore qu'à l'époque on comprend pourquoi de telles pratiques doivent être tenues secrètes. Avec la prolifération de ces gens qui croient avoir tout comprisune fois qu'ils ont fait un stage ou deux, lu un texte ou discuté avec d'autres personnes soi-disant avisées ou initiées, il est prudent de rester très discret si l'on ne veut pas voir un jour quelques gogos reprendre ces pratiques et les enseigner dans un stage sous couvert d'ésotérisme pour attirer le chaland et satisfaire leur propre envie de chair fraîche. Ils oublient seulement que dans les pratiques tantriques le ou la partenaire est le plus souvent choisi par le Maître et qu'il peut donc être très laid ou très vieux!

72) Ce Yoga est vraiment secret et il y en a pas d'autre pour arriver à ce niveau. C'est pourquoi les sages doivent s'engager à le garder secret.

73) Quand le Yogi urine, après avoir absorbé avec force le vâyu, il doit faire couler goutte à goutte l'urine et la réabsorber vers le haut suivant la méthode indiquée par les sages. Celui qui fait ainsi tous les jours arrive à retenir son sperme. Cette pratique donne de grands pouvoirs.

74) Celui qui pratique tous les jours vajronî en suivant les instructions de son Maître, ne perdra plus son sperme, même s'il s'unit avec cent femmes

75) Quand il a obtenu le succès dans la rétention du sperme, que peut-il rater? Grâce au pouvoir de cette pratique, ô Pârvatî, j'ai obtenu ma force, vraiment difficile à obtenir.

Shakticâlanamudrâ

76) Le sage peut éveiller Kundalinî, profondément endormie dans l'âdhâra, en la tirant avec force vers le haut par le moyen d'apânavâyu. Ceci est shakticâlanamudrâ, qui donne tous les pouvoirs.

77) Celui qui pratique tous les jours shakticâlana obtient d'allonger sa vie et d'éliminer toutes les maladies.

78) Abandonnant son sommeil, il est sûr que le serpent se dresse tout seul. Voilà pourquoi le Yogi qui veut réussir pratique cette technique.

79) Celui qui pratique sans cesse, en suivant les instructions de son Maître, ce superbe Shakticâlana, obtient le vigrahasiddhi, qui donne le pouvoir animan ainsi que les autres siddhi. Ainsi comment peut-il craindre la mort?

80) Celui qui fait durant seulement deux secondes, avec ardeur, au moment opportun shakticâlana voit arriver le succès. Shakticâlana doit être exécuté par le Yogi en posture adéquate.

81) Tels sont les dix mudrâ dans lesquels on ne peut être et on ne sera jamais identique. En les pratiquant un après l'autre on réussit, si l'on procède d'une autre façon on ne peut devenir un siddha.

 

Chapitre V

1) La Déesse, si belle, dit: "Révèle-moi, Ô Maître, quels sont les obstacles que rencontrent les êtres humains sur le sentier de la Réalité Suprême. Je t'en prie, dis-le moi, Ô Shankara" 

Obstacles issus du plaisir

2) Le Maître répondit: "Ô Déesse, écoute, je vais te dire quels sont les obstacles qui se mettent toujours en travers de la route. L'attachement au plaisir est le principal obstacle pour la libération humaine."

3) Les femmes, les lits, les sièges, les vêtements, la richesse, le bétel, la nourriture, les voitures, le royaume, le pouvoir, l'or, l'argent, les bijoux, le fait de vouloir amasser, l'érudition, les Veda et les Saintes Ecritures, la danse, les chants, la beauté, la flûte, la vînâ, le tambour, conduire des éléphants et des chevaux, sa femme et ses enfants, les biens matériels: tout ceci sont des obstacles dérivés du plaisir (si l'on y est attaché). Maintenant écoute les obstacles qui proviennent du ritualisme.

Obstacles issus du ritualisme

4) Les ablutions rituelles, les cérémonies, l'observance des cycles de la lune, l'offrande sacrificielle aux dieux par l'intermédiaire du feu, une conduite trop exclusivement tournée vers l'obtention de la délivrance, les jeûnes commandés par la religion, les pénitences, le silence, le contrôle des fonctions sensuelles, la contemplation et les objets de la contemplation, les mantra, les offrandes, la préoccupation de sa réputation dans le monde, les plans d'eau, les marres, rester mais aussi aller, la construction des temples et des jardins, les sacrifices et les jeûnes réglés sur la lune, les pénitences et les divers pèlerinages. Tels sont les obstacles qui proviennent du ritualisme.

Obstacles issus de la connaissance

5) Ô femme sublime au beau visage, je vais te dire les obstacles qui viennent de la connaissance: rester dans la posture de la tête de vache, pratiquer les nettoyages, avoir la connaissance de tout le réseau des nâdî ainsi que de leur fonctionnement, le contrôle des sens, bouger rapidement son ventre, percevoir à travers les indriya. Ecoute maintenant quel est le régime erroné.

6) C'est une erreur que de vouloir manger ou boiredes choses comme du gingembre sec coupé en petit morceaux ou pressé en jus et d'autres ingrédients du même genre en croyant qu'ils peuvent être une aide pour la réalisation finale. Ecoute maintenant quelles sont les erreurs qui naissent d'un préjugé trompeur.

7) Dire: "Il ne faut fréquenter que les sages et éviter la compagnie des mauvais hommes" est une erreur au même titre que d'inciter à calculer le poids ou la légèreté de l'air inspiré et expiré.

8) Il est complètement faux de penser que des affirmations du genre: "Le Brahman est présent dans le corps, il est contenu dans la forme, il a une forme ou il n'a pas de forme" donnent la paix dans le coeur. Telle est la liste des obstacles issus de la connaissance.

Les quatre formes de Yoga

9) Mantra-Yoga, Hatha-Yoga, Laya-Yoga et Râja-Yoga qui mène à la non-dualité, sont les quatre formes de Yoga.

10) Il faut savoir aussi qu'il existe quatre types de pratiquants: les tièdes, les moyens, les ardents et les très ardents.

Définition du pratiquant tiède

11) Ceux qui sont indolents, ignorants, malades, qui dénigrent le Maître, les avares, ceux qui ont une nature méchante, ceux qui mangent trop ou qui sont trop attachés aux femmes, ceux qui sont inconstants, timorés, de faible constitution, ceux qui ne sont pas libres, ceux qui sont cruels ou qui ont mauvais caractère ainsi que ceux qui sont fragiles sont tous des pratiquants tièdes. Ils peuvent obtenir le succès souhaité avec beaucoup d'effort en 12 ans. Leur Maître doit les diriger vers le Mantra-Yoga.

Définition du pratiquant moyen

12) Ceux qui sont indifférents aux choses du monde, qui sont impatients, qui aiment la vertu, ceux qui sont affables ou qui sont équilibrés quoiqu'ils fassent, entrent dans la catégorie des moyens. Ceux qui agissent comme cela doivent être instruits dans le Laya-Yoga - qui concerne la délivrance - par leur Maître.

Définition du pratiquant ardent

13) Ceux qui ont le mental stable, qui ont pratiqué le Laya-Yoga, qui sont libres, pleins d'énergie, qui ont un grand coeur et sont ouverts aux autres, qui sont patients, sincères, courageux, puissants, qui ne connaissent pas le doute et sont respectueux envers leur Maître, dont la pratique du Yoga est l'acte le plus important, sont considérés comme des pratiquants ardents. Ils peuvent atteindre le succès en 6 ans. Ces êtres de grande force doivent être instruits dans la voie du Hatha-Yoga.

Définition du pratiquant très ardent

14)  Ceux qui sont actifs, doués d'une formidable énergie, qui aiment ce qui est agréable, qui sont courageux, qui connaissent les textes, qui sont experts dans la pratique du Yoga, qui ne sont plus dans l'illusion, qui sont calmes et pleins de jeunesse intérieure, qui ne sont plus possédés par les passions, sûrs d'eux-mêmes, sur qui l'on peut compter, habiles en toutes choses et généreux, qui protègent tous les êtres, dont l'avis est fiable, qui sont fermes, sages, qui savent être agréables, patients et bien disposés envers tout le monde, qui savent respecter ce qu'il convient de faire, qui accomplissent leur devoir sans ostentation et qui sont affables, experts dans tous les textes, qui savent rendre hommage aux dieux et aux maîtres, qui ont une santé parfaite, qui connaissent ce qu'il faut faire pour atteindre un état supérieur et qui savent pratiquer toutes les formes de Yoga. Ceux-là obtiendront le succès sans aucun doute en 3 ans et sont, de toute évidence, capables de pratiquer toutes les formes d'union.

Invocation de l'ombre

15) Il faut pratiquer la méditation sur l'ombre qui purifie à tous les coups le pratiquant et lui permet d'obtenir des fruits visibles et invisibles.

16) Lorsque le Yogi se concentre sur son être absolu qui se reflète dans la forte chaleur du soleil, si, les yeux ouverts, il regarde le ciel, il verra durant un instant son image dans la voûte céleste.

17) Celui qui voit chaque jour sa propre image dans le ciel arrive à prolonger sa vie et même à ne jamais mourir.

18) Celui qui voit sa propre image pleine dans le ciel devient vainqueur et, ayant acquis le contrôle de l'énergie du souffle, peut aller où il veut.

19) Celui qui accomplit régulièrement cette pratique en se concentrant sur l'Absolu devient, grâce à son ombre, un être plein de béatitude.

20) Le Yogi doitinvoquer son ombre lorsqu'il est sur le point de partir en voyage ou de connaître une union, ou d'entreprendre un acte important ou dangereux, parce qu'elle lui permet d'éviter les erreurs et de faire toujours au mieux.

21) En faisant constamment cette pratique le Yogi peut savoir avec précision ce qu'il est au coeur de lui-même. Ainsi il devient maître de son mental et obtient la libération.

22) Si le Yogi ferme ses oreilles avec les pouces, ses yeux avec les index, ses narines avec les majeurs et la bouche avec les autres doigts, et qu'en même temps il arrête sa respiration, il verra sa conscience sous forme de lumière.

23) Lorsque quelqu'un voit très clairement cette lumière, même si c'est durant un court instant, il se libère des limites et obtient l'émancipation.

24) Le Yogi qui fait cette pratique de façon ininterrompue voit ses erreurs s'évanouir et lorsqu'il perd la perception de ses différents corps, il atteint l'union avec la Conscience.

25) Celui qui s'investira sans interruption dans cette pratique et d'une façon très secrète, s'absorbera dans l'Absolu, et ce quelque soit son mode de vie.

26) Ce Yoga, qui m'est très cher, doit toujours être tenu secret avec beaucoup de soin, car il est extrêmement fiable et permet aux hommes d'atteindre le nirvâna. En le pratiquant graduellement, on finit par obtenir la connaissance intérieure.

Nâda: le son intérieur

27) Ô ma bien aimée, sache que le premier son est semblable à celui d'une abeille ivre, puis vient celui de la flûte, puis de la vînâ. Ensuite avec la pratique du Yoga, qui permet de traverser l'obscurité du Samsâra, on entend un son identique à une cloche, puis un autre similaire au tonnerre. Le Yogi, libre de toutes attaches, qui médite sur ce son obtient la libération.

28) Quand le mental d'un yogi s'immerge dans le son toutes choses extérieures disparaissent et ainsi s'absorbe-t-il complètement dans le son.

29) Grâce à cette pratique, le Yogi peut conquérir les qualités fondamentales et, libre de toutes limitations, il s'absorbe dans l'espace de la Conscience.

30) Il n'existe pas de posture aussi parfaite que siddhâsana, il n'y a pas de pouvoir supérieur à celui donné par la kumbhaka, il n'y a pas de geste qui égale la khecarî et pas de puissance d'intériorisation comparable à celle du son.

31) Maintenant, très chère, je vais décrire l'expérience de la libération. Même s'il agit n'importe comment, celui qui l'a connue peut l'obtenir à son gré.

32) Après avoir rendu hommage à Îshvara et au Maître et après avoir pratiqué le meilleur Yoga, le sage réunit toutes les conditions pour pouvoir s'investir dans cette forme de Yoga.

33) Après avoir donné au Maître qui l'instruit dans le Yoga ce qui lui est cher ainsi que tout ce qui lui appartient, puis l'avoir satisfait avec empressement, le sage doit pratiquer ardemment ce Yoga.

34) Le sage entièrement désintéressé, quand il s'est relié à l'Absolu grâce à des objets qui lui conviennent, et après s'être purifié dans mon propre temple, doit commencer à pratiquer le Yoga qui est vraiment propice.

35) Ensuite quand, ayant fait de la sorte, il n'est plus attaché à son propre corps ainsi qu'au reste, parce qu'il a tout divinisé, il peut s'initier au Yoga qui est décrit de la sorte.

36) Après qu'il a compris la vanité du monde social, le Yogi, ayant pris la posture du lotus, doit fermer avec deux doigts le vijnâna-nâdî.

37)  Grâce à la réussite de cette pratique il obtient une tenue parfaite et il n'est plus torturé par la passion. S'il veut atteindre cette perfection il doit s'engager sans retenue.

38) Celui qui s'attache à cette pratique obtient le succès en peu de temps ainsi que, petit à petit, les pouvoirs du souffle. Il n'y a aucun doute là-dessus!

39) Le Yogi qui une seule fois accomplit à la perfection ceci peut détruire tout ce qui l'entraîne dans l'erreur. De cette façon, sans aucun doute, son souffle peut entrer dans le canal central.

40) Ainsi, grâce à la réalisation de cette pratique, il est admiré par les dieux eux-mêmes. Quand il a obtenu le siddhi animan, et tous les autres, il est libre et se meut dans les trois mondes.

41) Par la maîtrise du contrôle du souffle, le Yogi devient indépendant de son corps, il atteint un état de Conscience supérieur et, bien que encore lié à son corps, il peut jouir de tout ce qu'il désire en ce monde.

42) Ce Yoga éminemment secret ne doit pas être révélé à une personne ordinaire, mais seulement à quelqu'un de sûr possédant la véritable connaissance.

Dhâranâ

43) Si le Yogi s'assoit en lotus, qu'il se concentre dans l'espace au fond de sa gorge en mettant sa langue à la base du palais, il se libère de la faim et de la soif.

44) En dessous de la cavité de la gorge se trouve un nâdî resplendissant qui s'appelle kûrma. Le Yogi qui fixe son attention dessus obtient une grande stabilité mentale.

45) Lorsque le Yogi se concentre sur l'ouverture dans la tête que l'on nomme "oeil de Shiva", il perçoit un feu magnifique qui ressemble à une masse de lumière énorme. Il lui suffit de le contempler pour qu'il ne commette plus d'erreurs et qu'il atteigne la libération, quand bien même il manquerait de discrimination dans ses actes.

46) S'il peut, jour et nuit, se concentrer sur cette lumière, il peut se relier aux Maîtres

47) Lorsque le Yogi médite sur le vide jour et nuit, qu'il soit immobile ou actif, qu'il dorme ou qu'il mange, il devient de la même nature que cet espace et s'absorbe dans chidâkâsha.

48) Si un Yogi désire obtenir le succès il devra sans cesse rechercher cette connaissance. Accomplissant cette pratique d'une façon ininterrompue, il deviendra sans nul doute semblable à moi. Grâce à la puissance d'une telle connaissance, le Yogi deviendra pour tous les êtres un sujet d'admiration.

49) Le Yogi qui est devenu maître des éléments, qui s'est libéré des espoirs, qui est capable de renoncer à ce qui l'attache, qui fixe la pointe de son nez en padmâsana, arrive à immobiliser son mental et obtient le pouvoir que l'on appelle khecarî.

50) Le merveilleux Yogi qui, grâce à la force de cette pratique, voit la lumière pure et blanche qui est identique à celle de la montagne sacrée, obtient la capacité de la garder en permanence.

51) S'il se couche sur le dos et qu'il médite sans interruption afin de dissiper toute lassitude et qu'il se concentre sur la partie supérieure de sa tête, le Yogi obtient de vaincre la mort. Voilà comment est décrit partout l'effet produit par la fixation du point intersourcillier.

52) Le fluide produit par les quatre types de nourriture est de trois sortes: le meilleur nourrit le corps subtil, le second le corps grossier composé des sept humeur.

53) Le troisième est ce qui continue dans le corps sous la forme des matières fécales et de l'urine. Tous les nâdî contiennent les deux premiers types de fluide et alimentent le corps et les souffles de la tête aux pieds.

54) Si le vâyu se meut à travers tous les nâdî, alors l'essence de la nourriture est distribuée d'une façon équilibrée dans tout le corps

55) Parmi les 14 nâdî principaux, ceux qui exercent les fonctions les plus importantes sont trois: en eux coulent librement le prâna.

Mûlâdhâracakra

56) Deux doigts au dessus de l'anus, un doigt sous le pénis, se trouve un espace de quatre doigts de large similaire à une racine ayant la forme d'un bulbe.

57) Dans cet espace entre l'anus et le pénis, avec la face tournée en arrière, se trouve la Yoni; cet espace est appelé kanda; ici réside en permanence kundalinî, qui entoure tous les nâdî et qui fait trois tours et demi sur elle-même, tenant sa queue dans sa bouche, immobile dans l'ouverture de la sushumnâ.

58) Resplendissant comme la lumière, elle est endormie tel un serpent, immobile au milieu de ce passage, elle est la Déesse de la parole appelée bîja.

59) Elle doit être connue comme la puissance de Vishnu, forte, plus belle que la lumière de l'or, mère des trois qualités: Sattva, Tamas et Rajas.

60) Ici, similaire à la fleur du bandhûka, similaire à l'or noir se trouve le kâmabîja, décrit dans le Yoga comme étant éternel.

 61) La Sushumnâ l'enlace également: l'excellent bîja est ici, similaire à la lune d'automne, identique à un million de soleils, froid comme un million de lunes.

La Déesse Tripurabhairavî se compose de ces trois éléments unis (le feu, la lune et le soleil), qui sont nommés bîja (source) et aussi appelés Suprême Energie (Tejas).

62) Celui-ci est doué de capacité d'action et de perception et tourne à l'intérieur sur lui-même, il se lève, entre dans l'eau, il est subtil, sa pointe est rouge, il est l'excellente énergie qui réside dans la yoni et il est appelé svayambhûlinga.

63) Celui-ci est le lotus de la base (âdhâra padma) dans lequel kanda est ici yoni: il a quatre pétales et sur chacun on y voit les quatre lettres va, ça, sha, sa.

64) Près du svayambhûlinga se trouve la région appelée kula qui a la splendeur de l'or, son pouvoir (siddha) est dviranda (l'oeuf double, le sage), la déesse est Dâkinî. Au milieu de ce lieu se trouve la yoni où réside kundalinî, elle est enveloppée par la brillante splendeur du kâmabîja. Le sage qui médite sur mûlâdhâra obtient le pouvoir de dârdurî et, graduellement, peut se soulever de terre.

65) La beauté du corps est accrue, le flux gastrique augmenté, le Yogi obtient la santé, la sagesse et la connaissance suprême.

66) Il connaît ce qui est, ce qui a dû être et ce qui sera, toutes les causes et aussi toutes les sciences inconnues avec leurs secrets.

67) Dans sa bouche danse éternellement dans un tourbillon la déesse Sarasvatî et il obtient le pouvoir contenu dans le mantra seulement en le répétant: il n'y a aucun doute là-dessus.

68) Le Maître dit: "La vieillesse, la mort et la souffrance sont détruites". Celui qui pratique le prânâyâma doit s'adonner à la contemplation suprême: ce n'est que grâce à cela que l'excellent Yogi se libère de chaque erreurs

69) Quand le Yogi contemple le mûlapadma et la svayambhûlinga, alors subitement, en un seul instant, l'ensemble de ses erreurs devient sans conséquences.

70) Il obtient le fruit de tout ce qu'il désire: avec cette pratique effectuée d'une façon ininterrompue il voit celui (Shiva, la conscience) qui donne la libération, qui est meilleur dedans comme dehors, qui doit être honoré avec toutes les attentions. Il n'y a rien de supérieur à cet enseignement.

71) Celui qui abandonne la conscience (Shiva) qui réside à l'intérieur et s'occupe de ce qui est à l'extérieur estcomme celui qui, jetant la nourriture qu'il a dans la main, erre à la recherche de moyens de subsistance.

72) Le Yogi qui rend continuellement hommage au véritable svayambhûlinga chaque jour, aura la réussite totale: il ne peut y avoir aucun doute.

73) Avec la pratique ininterrompue dans un laps de temps de six mois il obtient le succès et son souffle (vâyu) entre en toute sécurité dans la sushumnâ.

74) Il dépasse ses facultés mentales, il obtient le contrôle de la respiration et du sperme et a le succès dans ce monde et dans l'autre: il n'y a aucun doute.

Svadisthânacakra

75) Le second lotus se trouve à la base du pénis et a six pétales resplendissants tout à l'entour, qui portent les six bîja ba, bha, ma, ya, ra, la. Le lotus s'appelle Svâdhisthâna et il est rouge; le sage tutélaire a pour nom Bâla et la déesse est Râkinî.

76) Toutes les femmes aux belles hanches, pleines de passion, s'unissent à celui qui contemple sans cesse le lotus Svâdhisthâna.

77) Il peut réciter sans peur les différents Shâstra jamais entendu avant, il devient sans maladie et vit dans le monde sans crainte.

78) Il vainc la mort et n'est vaincu par personne, il obtient le succès suprême qui confère tous les pouvoirs a commencer par celui appelé animâ (le pouvoir de devenir aussi infime que l'atome ou d'être le plus subtil); le souffle (vâyu) circule dans son corps, il a en toute sécurité un accroissement des humeurs et une augmentationde la pure ambroisie qui coule du lotus céleste.

Manipûracakra

79) Le troisième lotus, que l'on appelle manipûra, se trouve dans le ventre. Il est de couleur dorée, orné de dix lettres: da, dha, na, ta, tha, da, dha, na, pa, pha.

80) Ici le sage est Rudra qui confère toutes sortes de bienfaits et Lâkinî en est la très belle déesse.

81) Si le Yogi médite sans cesse sur manipûra il obtient pâtâlasiddhi qui donne un bonheur incommensurable. Il peut aussi obtenir la fin de la souffrance et de la maladie, tant convoitée par tout le monde, ainsi que le pouvoir de vaincre la mort et la capacité de pénétrer dans le corps de n'importe qui.

82) Il peut enfin acquérir la capacité de transmuter l'or, de contacter tous les sages, de connaître les plantes médicinales et de découvrir tous les trésors.

Anâhatacakra

83) Le quatrième lotus que l'on nomme anâhata est dans le coeur. Il a 12 pétales ornés des lettres: ka, kha, ga, gha, na, ca, cha, ja, jha, na, ta, tha. C'est le centre du plaisir, il est de couleur rouge vif et s'y trouve le vâyubîja (yam).

84) Dans ce lotus se trouve une grande flamme appelée bânalinga. Il suffit de la contempler pour obtenir les fruits de toutes les choses visibles ou invisibles.

85) Ici le sage est Pinâkin et la déesse Kâkinî. Celui qui médite inlassablement sur le lotus du coeur séduit toutes les énergies qui sont prises de passion pour lui.

86) Il obtient la connaissance absolue du passé, du présent, du futur, la clairvoyance, la clair audience, ainsi que le pouvoir de se déplacer à loisir dans l'univers.

87) Il entre en contact avec tous les sages et toutes les yoginî, il peut se mouvoir dans les airs et vaincre tous les êtres qui s'y trouvent 

88) Celui qui médite toujours sur ce deuxième linga, superbe, que l'on appelle bâna, obtient les pouvoirs de khecarî et de bhûcari. Cela ne fait aucun doute.

89) Il est impossible de décrire la puissance que donne la méditation sur ce cakra. Tous les dieux, et Brahmâ lui-même, tiennent secrète cette merveilleuse pratique.

Vishuddhacakra

90)  Vishuddha est le cinquième lotus. Il se tient dans la gorge. Il est d'une couleur dorée prononcée et possède 16 pétales ornés de lettres. Le sage est Chagalânda et la déesse Shakinî.

91) Celui qui médite en permanence sur ce lotus devient un homme de savoir, le meilleur parmi les Yogi et n'a plus besoin de quoique ce soit extérieur à lui-même. Les quatre Veda, et leurs enseignements secrets, resplendissent dans ce cakra comme s'il était le lieu de leur origine.

92) Quand le Yogi éprouve un sentiment de colère alors qu'il se concentre sur ce cakra secret, les trois mondes eux-mêmes se mettent à trembler.

93) Egalement, si, par hasard, son mental s'absorbe dans ce lieu, le Yogi se retire du monde extérieur et jouit de son intimité.

94) Grâce à la puissance acquise ici son corps de s'affaiblira jamais plus quand bien même devrait-il vivre mille ans et il deviendra plus inaltérable que le fer.

95) Si l'excellent Yogi interrompe cette sage méditation, mille années de ce monde lui apparaîtront comme un instant.

Âjnâcakra

96) Âjnâ se trouve au centre du point intersourcilier. Il a deux pétales supportant les lettres ha et ksa. Sa couleur est resplendissante, Mahâkâla et Hâkinî y résident 

97) C'est ici que s'épanouit le bîjaimmortel semblable à la lune d'automne. Si le meilleur des sages le connaît il devient également immortel.

98) Ce bîja est la grande lumière tenue secrète dans tous les Tantra. Celui qui médite sur elle obtient ce qu'il désire: ceci ne fait aucun doute.

99) Je suis le troisième linga qui donne accès à l'état turîya, je donne la libération. Le simple fait de méditer sur moi permet au Yogi de devenir comme moi.

100) Le deux nâdî idâ et pingalâ sont en fait Varanâ et Asî. L'espace qui se trouve entre eux est appelé Vârânasî: c'est que demeure Vishvanâtha.

101) Les sages qui ont la Connaissance directe ont décrit, dans divers textes, la grandeur et la puissance de ce lieu sacré. Ils ont également dit qu'il contenait tous les secrets.

Sahasrâracakra

102) La Sushumnâ parcourt le Mont Méru jusqu'au point où se trouve le brahmarandhra. Elle fait ensuite un détour pour aller à droite d'Âjnâ jusqu'à la narine gauche. Ici on l'appelle Gangâ.

103) Sahasrâra est le lotus qui se trouve dans le brahmarandhra. La lune demeure en son coeur dans yoni. C'est de ce lieu, de forme triangulaire, que s'écoule lentement et en permanenceamrita. La lune produit sans cesse cet amrita qui s'écoule sans discontinuer dans idâ. Il atteint la narine gauche. Les yogi le nomment alors Gangâ.

104) Idâ parcourt le côté droit d'Âjnâ pour arriver à la narine gauche. On la nomme ici Varan

105) Le Yogi doit alors se concentrer sur l'espace qui se trouve entre les deux nâdî en le concevant comme Vârânasî. De la même façon pingalâ  dans l'âjna arrive à la narine droite. On l'appelle alors Asî.

106) Le cakra qui se trouve dans mûlâdhâra a quatre pétales et dans son centre est le yoni au coeur duquel brille le soleil.

107) Du cercle du soleil s'écoule continuellement un poison. Ici, c'est dans pingalâ que le soleil place ce poison.

108) Pingalâ transporte ce poison dans un fluide qui arrive à la narine droite.

109) Précédemment on a déjà décrit pingalâ qui naît dans la partie gauche d'âjnâ pour arriver à la narine droite. Pingalâ s'étend vers le Nord et on l'appelle d'abord Asî.

110) Nous avons décrit ce cakra âjnâ dans lequel se trouve Maheshvara. Les Yogi indiquent qu'il existe trois lieux sacrés placés au dessus de lui. Ils s'appellent bindu, nâda et Shakti et se tiennent sur le cakra du front.

111) Celui qui s'immerge continuellement dans la contemplation du cakra secret âjnâ annule sans efforts le karman accumulé dans des vies précédentes.

112) Si le Yogi se concentre sans cesse sur cet espace, il finira par réaliser que tous les simulacres, tous les rites ou toutes les prières sont sans valeur.

113) Tous les yaksha, les raksha, les gandharva, les apsarÂ, les kinnara vénéreront les pieds de ce Yogi et seront à ses ordres.

114) Après avoir placé et retourné la langue dans la cavité qui se trouve après la partie molle du palais, le Yogi doit pratiquer la méditation qui élimine la peur. Toutes les erreurs qui ont pu maintenir le mental du Yogi dans l'instabilité se dissolvent en un instant.

115) Tous les bénéfices que nous avons décrits comme découlant de la concentration sur les cinq cakra, peuvent être obtenus à travers la connaissance intégrale d'âjnâ.

116) Le sage qui se concentre toujours sur âjnâ élimine le grand lien produit par l'erreur et atteint le bonheur.

117) Si, à la fin de sa vie, le sage habile meurt en contemplant ce cakra, il partira dans la Suprême Conscience.

118) L'homme qui se concentre sur ce cakra qu'il se tienne immobile ou qu'il marche, qu'il dorme ou qu'il soit éveillé, saura que tout ce qu'il fait est juste, même s'il commet des actes très condamnables.

119) Grâce à cette lumière, le Yogi se libère des liens du karman. Il est vraiment impossible de décrire le pouvoir de ce cakra à deux pétales. Tous les dieux, jusqu'à Brahmâ lui-même, peuvent y apprendre quelque chose sur moi.

120) Au-dessus de lui, tout au-dessus de la cavité du palais, il y a le cakra aux mille pétales dans lequel se trouve la racine de Sushumnâ.

121)  De la base du palais la Sushumnâ se retourne pour arriver en bas à mûlâdhâra et au périnée. Tous les nâdî convergent ici. Ils sont l'essence de la réalité et indiquent le chemin qui mène vers l'Absolu.

122) Le cakra qui est au-dessus du palais se nomme sahasrâra. Dans son centre se trouve yoni que l'on doit imaginer la face tournée vers le bas.

Le brahmarandhra

123) En son milieu se trouve la racine de sushumnâ avec son espace ouvert. C'est cela que l'on appelle brahmarandhra. Il est relié au mûlâdhâra cakra.

124) Saches ma bien aimée que dans ce brahmarandhra se trouve en permanence, dans sushumnâ, la belle kundalinî. Dans Sushumnâ se trouve aussi la shakti nommée citrâ. Si tu veux suivre mon enseignement c'est en ellele brahmarandhra et les autres cakra.

125) Pour connaître la voie de Brahmâ il suffit de lier contact avec elle en s'en souvenant. Grâce à cela toutes les erreurs commises sont gommées et on évite de renaître.

126) Le Yogi doit introduire son pouce dans sa gorge en la tenant bien fermée. De cette façon l'air qui circule dans le corps se trouve immobilisé.

127) C'est à cause de l'air que les hommes errent sans cesse dans le cercle du samsarâ et c'est pour cela que les Yogi essayent de l'immobiliser coûte que coûte.  Quand tous les nâdî sont fermés au niveau des huit noeuds et que seule la kundalinî est libre le passage de Brahmâ peut s'ouvrir.

128) Lorsque les souffles sont totalement immobilisés dans tous les nâdî, la kundalinî, après qu'elle ait percé les noeuds, peut alors, en se frayant un passage, jaillir hors du brahmarandhra.

129) L'énergie du souffle circule en permanence dans sushumnâ. Au milieu de mûlâdhâra se trouve yoni que sushmunâ traverse en son centre entre idâ et pingalâ, qui se trouvent à gauche et à droite.

130) Le passage de sushumnâ dans le cercle de la base se nomme brahmarandhra. Le sage qui le connaît se libère des liens du karman.

131) Dans la bouche de brahmarandhra on est sûr d'atteindre les trois nâdî. Celui qui s'immerge ici obtient certainement la libération.

Trivenî

132) Entre Gangâ et Yamunâ court Sarasvatî. Le veinard qui se baigne à leur confluent se libère définitivement.

133) On dit que idâ c'est Gangâ et que pingalâ est la fille du soleil. Sushumnâ, qui se tient au milieu, c'est Sarasvatî. Le lieu où ces trois rivières fusionnent est vraiment très difficile à atteindre.

134) Celui qui se baigne mentalement dans ce confluent blanc et noir se libère de toutes ses erreurs et atteint le Brahman.

135) Celui qui accomplit au coeur de trivenî les rites sur le passé, libère ce passé et obtient donc pour lui-même l'émancipation finale.

136) Même celui qui accomplit tous les jours les rituels obligatoires, occasionnels ou facultatifs peut obtenir de grands bénéfices s'il médite mentalement sur ce lieu.

137) Celui qui réussit une seule fois cette immersion jouit dans le ciel d'une félicité sans égal. Tout ce qui l'entrave dans l'instant est brûlé et il devient un Yogi au mental pur.

138) Qu'il soit pur ou impur, à n'importe quel niveau qu'il soit tombé, c'est seulement en effectuant cette immersion qu'il se purifiera, et pas d'une autre façon.

139) Celui qui quitte la vie en voyant son propre corps immergé dans trivenî obtient la libération à l'instant dela mort 

140) Il n'y a pas, dans les trois mondes, de secret égal à celui-ci. Il faut donc le garder avec soin et ne jamais en parler.

141) Si quelqu'un qui se concentre sur brahmarandhra arrive à être aspiré ne serait-ce qu'une demi-seconde par cette méditation, il se libère de tout et obtient l'émancipation.

142) Le superbe Yogi qui a pu immerger son mental de la sorte, après qu'il a joui selon son bon plaisir d'animan et des autres pouvoirs, s'unit complètementà moi.

143) Dans ce monde, il suffit qu'un homme se concentre sur brahmarandhra pour qu'il me soit cher. Ainsi il éliminera tous les obstacles, il deviendra un guide expert et tout en diffusant la connaissance, il aidera à se libérer un nombre incroyable de personnes.

 

144) Les trente dieux, y compris Brahmâ, et les Yogi devront s'incliner avec rigueur devant ce trésor que j'ai décrit, le très secret brahmarandhra.

La lune

145) Comme je l'ai déjà indiqué, dans le sahasrâra se trouve yoni qui contient la lune sur laquelle doivent méditer les Yogi.

146) Par le simple fait de se relier à cela, le yogi devient digne d'admiration dans le monde. Il est également respecté par les dieux et les sages.

147) Il faut méditer sur la mer de lait qui se trouve dans l'ouverture du crâne, puis en y restant immobile se concentrer sur la lune qui se trouve dans sahasrâra.

148) Il faut méditer sur la lune qui resplendit de l'amrita et qui est aussi pure que le cygne, qui a seize kalâ, qui se situe dans l'ouverture du crâne. En pratiquant cela sans arrêt, dans l'espace de trois jours, il est certain que le Yogi la verra.  Le simple fait de la voir lui permettra d'anéantir tous les obstacles.

149) Ainsi il connaîtra le futur, son mental sera définitivement purifié, et même s'il avait commis ce que l'on nomme les cinq grands péchés, immédiatement ceux-ci auraient été effacés.

150) Les êtres célestes deviennent auspicieux et tous les dangers s'évanouissent, les malheurs s'apaisent et l'on obtient le succès dans les luttes que l'on doit mener. C'est également en contemplant la lune laiteuse qui se trouve dans l'ouverture du crâne que naissent les pouvoirs de khecarî et de bhûcarî. On peut tout obtenir de cette contemplation: il ne faut pas en douter. En vérité ce n'est qu'avec la pratique constante du Yoga que le yogi devient un siddha. En vérité, oui vraiment, il peut sans nul doute s'unir à moi. Un engagement tourné entièrement vers l'étude du Yoga permet au yogi d'obtenir ce qu'il désire.

151) Au dessus, resplendissant, se trouve le cakra sahasrâra. Celui-ci qui se tient en fait en dehors du corps et qui est le lieu de la libération est appelé "oeuf de Brahmâ".

152) Sonnom est Kailâsa. C'est la demeure de Maheshvara, nommé aussi Nakula. Il est exempt de destruction et de modification.

153) Il est suffisant aux hommes de connaître se lieu pour éviter de renaître dans le samsâra. Grâce à la pratique constante du Yoga, le Yogi obtient le pouvoir de créer ou de détruire l'ensemble des éléments.

154) Lorsqu'il a pu immerger son mental dans ce lieu suprême que l'on appelle Kailâsa, qui est aussi le lieu où se trouve le cygne, le Yogi se libère de la maladie, élimine tous les soucis, vit une vie longue et pleine de plaisir, enfin il se libère même de la mort.

155)  Lorsque les modifications mentales sont absorbées par Îshvara, aussi appelé Kula, en même temps que la plénitude du Samâdhi le Yogi rentre dans un état immuable.

156) Par cette contemplation le Yogi s'isole du monde et acquiert alors une puissance surprenante.

157) Le Yogi boit sans arrêt le nectar qui coule. Grâce à cela il obtient le pouvoir sur la mort et la maîtrise du kula. C'est dans ce cakra que se réabsorbe la shakti Kundalinî que l'on nomme aussi Kulâ. Enfin la quadruple création est engloutie dans la Conscience Suprême.

Râja-Yoga

158) Ayant ainsi atteint l'objectif de cette Connaissance le Yogi voit son mental trouver l'immobilité absolue qui lui permet désormais d'agir sans être tiraillé par le désir.

159) Lorsque le processus mental se dissout dans ce cakra on devient Yogi, on connaît le sans forme qui est la connaissance de l'Absolu.

160) Quand il s'est vu en dehors du monde, comme indiqué précédemment, et après qu'il estentré dans le grand vide, le Yogi se trouve dans un état de méditation constante.

161) Lorsque l'on s'est concentré sur le vide qui est toujours de la même qualité que ce soit en son début, en son milieu ou en sa fin, qui brille avec l'intensité de mille soleils et qui fascine comme mille lunes, on peut obtenir la réalisation de ce que l'on souhaite.

162) Si le Yogi pratique sans arrêt cette méditation avec acharnement tous les jours, dans l'espace d'une année il aura tout réussi, il ne faut pas en douter.

163) Quelqu'un qui arriverait à fixer son mental sur ce vide ne serait-ce que pour quelques dizaines de secondes deviendrait dans l'instant un Yogi.

164) Il serait également reconnu comme tel dans le monde entier et verrait disparaître l'effet de toutes les erreurs qu'il aurait pu commettre.

165) Après avoir maintenu sa vision dans cela il échappe à la mort et au samsâra. Voilà pourquoi il faut méditer avec ténacité à travers le passage de Svâdhisthâna.

166) Il est impossible de décrire le pouvoir que donne cette méditation. Seul celui qui la pratique le connaît et me devient très cher.

167) Celui-ci, par cette contemplation, connaît les pouvoirs de cette vision hors du commun, il devient, sans nul doute, maître du pouvoir animan ainsi que des autres siddhi.

Râjâdhirâja-Yoga

168) J'ai révélé ce qu'est le Râja-Yoga, tenu secret dans tous les Tantra. Maintenant je vais décrire brièvement le Râjâdhirâja-Yoga.

169) Dans une pièce vide et agréable, il faut prendre svastikâsana et après s'être relié à son Maître, le Yogi se consacre avec empressement à la méditation.

170) Lorsqu'il a compris par une vision juste des choses que jîva est indépendant, et lorsqu'il est arrivé à maintenir son mental sans fluctuations, le sage fixe sa pensée dans le vide.

171) C'est de cette contemplation que vient le succès. Lorsqu'ainsi le mental a été immobilisé le Yogi atteint un état de plénitude.

172) Le yogi qui réalise très souvent cette pratique n'est plus tourmenté par la passion. Il ne se confond plus avec le "je" mais se voit Conscience en permanence.

173) Y-a-t-il un lien et même une émancipation pour le yogi qui est toujours dans l'unité? Celui qui fait toujours cette pratique sera toujours libre, sans aucun doute.

174) Celui qui peut voir ce qu'il est à l'intérieur de parce qu'il a compris que Jîvâtman et paramâtman sont unis comme "je" et "suis", parce qu'il n'est plus dans la dualité du "toi" et du "moi", celui-là est un vrai yogi, un véritable sage vénéré dans l'univers entier. Libéré de toutes les attaches il peut se fondre dans ce bîja dans lequel tout disparaît grâce à la connaissance de adhyâropa et de apavâda.

175) Les gens se perdent lorsqu'ils abandonnent la recherche de l'invisible et de la connaissance, l'extase et la plénitude et, s'enfonçant dans l'erreur, se contentant de parler de l'invisible et du visible ils deviennent des imbéciles.

176) Celui qui ne s'occupe que de l'univers manifesté dans ses aspects mouvants et statiques, ne se reliant plus à l'Absolu à cause de cela, est complètement enchaîné dans cet univers.

177) Le yogi, libre dans le monde, qui pratique sans cesse avec application la recherche de la Connaissance évite ainsi d'être atteint par l'ignorance.

178) Le sage, qui est libéré des chaînes mondaines, lorsqu'il a maîtrisé l'ensemble de ses sens en les coupants de leurs attaches avec les objets, n'est absolument plus troublé par les objets des sens.

179) Avec la pratique continue de cela tout ce qui nous est cher se réalise. Tout ceci est possible grâce au pouvoir de buddhi. Alors l'enseignement du Maître prend fin. Grâce à la force que donne la pratique le yogi avance vers la Connaissance Unique.

180) La véritable connaissance, qui ne peut se mettre en mots et qui ne peut être saisie par la pensée, se manifeste spontanément grâce à la pratique.

181) On ne peut faire du Râja-Yoga sans Hatha-Yoga, ni du Hatha-Yoga sans Râja-Yoga. C'est pourquoi le yogi doit entreprendre la pratique du Hatha-Yoga sous la guidance d'un bon Maître.

183) Le Yogi doit se souvenir que pendant qu'il pratique sa nourriture doit être équilibrée et pas trop abondante, sans quoi, même s'il possède la sagesse, il ne pourra atteindre le succès.

184) Quand il est en compagnie le yogi ne doit dire que des paroles sages et parler peu. Il doit manger uniquement pour se substanter et rester seul le plus souvent possible, sans quoi, il ne pourra se libérer. J'ai dit ce qui est juste.

185) Il doit se mettre à pratiquer dans un lieu isolé où il est seul. Dans la vie quotidienne il doit agir normalement mais sans être attaché aux valeurs de la société. Et si son action tend à n'être seulement qu'un pur instrument, il ne peut commettre d'erreurs.

186) S'il est convaincu de cela et qu'il agit avec habilité, même s'il est chef de famille, il obtiendra sans aucun doute le succès.

187) La pratiquant qui est libéré de la dualité des bonnes et mauvaises actions, qui a maîtrisé son corps et qui est libre, même s'il reste chez lui ne vivant que dans le cadre familial, sera à l'abri des erreurs et ne sera pas gêné par les honneurs. En pratiquant sans cesse le Yoga, même s'il est chef de famille et qu'il commet des erreurs dans l'accomplissement de son devoir ou dans ses relations avec les autres, tout cela sera sans conséquence.

Le mantra

188) Je vais maintenant parler du mantra qui est le moyen le plus puissant pour obtenir un bonheur sans ombre dans ce monde et dans l'autre.

189) Avec la connaissance du meilleur des mantra on obtient le succès dans le Yoga. Ce succès, renforcé par la pratique du Yoga, confère toutes sortes de joies et de pouvoirs au pratiquant qui est très habile.

190) Le mûlâdhâra est un lotus à quatre pétales. Enson centre se trouve le bîja de la parole, brillant comme la lumière.

191) Dans le coeur se trouve le bîja de l'amour, semblable à la fleur de bandhûka. Dans âjnâcakra se trouve le bîja du pouvoir qui brille comme un million de lunes. Ces trois bîja qui donnent jouissance et libération doivent être tenus secrets. Si le yogi récite ces trois mantra, il obtiendra tous les succès.

192) Après qu'il les ait appris directement de son Maître, le yogi doit les réciter ni trop lentement ni trop vite, en connaissant les liaisons entre chaque et avec le mental vide de doutes.

193) Occupé et absorbé uniquement dans cela, le sage, en respectant ce qui est dit dans les textes, faitcent mille offrandes à la déesse à l'aide du feu et récite trois cent mille fois le mantra.

194) A la fin de cette récitation, le sage fait l'offrande avec le sucre, le lait, le beurre fondu et les fleurs de laurier mis sur un plateau ayant la forme d'un Yoni.

195) Le rite célébré, la déesse Tripurabhairavî, déjà satisfaite par la pratique précédente devient alors auspicieuse et exhausse les désirs.

196) Celui qui a contenté son Maître en obéissant à ses consignes, quand il a obtenu le mantra suprême, grâce à cela même celui qui habituellement n'a pas de chance arrive à réussir.

197) Par le simple fait de le voir, sans gêne et sans peur, les femmes seront bouleversées et tomberont amoureuses auxpieds du pratiquant qui a récité le nombre de fois voulu ce mantra et qui a dominé ses sens.

198) S'il récite deux foisle nombre voulu ce mantra, ceux qui habitent les régions voisines viendront vers lui comme s'ils allaient vers un tîrtha. Ils se libéreront des liens familiaux, lui donneront tout ce qu'ils ont et se mettront sous sa protection.

199) S'il répète ce mantra trois fois le nombre voulu, les divinités protectrices de la terre et même la terre entière tombera sous son charme, il n'y là-dessus aucun doute.

200) S'il répète ce mantra six fois le nombre voulu, il deviendra comme un roi entouré de serviteurs et sera dépositaires de tous les pouvoirs. 

201) S'il répète ce mantra douze fois le nombre voulu, les maîtres des yaksha, des raksas et des uraga tomberont en son pouvoir et tous se mettront à ses ordres.

202) S'il répète ce mantra quinze fois le nombre voulu, le sages, les vidyâdhara, les gandharva, les apsaras, et les plus belles femmes, tous seront subjugué par la puissance du sage et habile pratiquant. Il obtiendra sans aucun doute d'une façon spontanée le pouvoir de tout sentir et de tout connaître.

203) S'il répète ce mantradix huit fois le nombre voulu, le pratiquant se met à léviter. Il obtient un corps divin et peut se promener dans le monde selon son bon plaisir et il est capable de pénétrer les interstices de chaque particules de la matière.

204) S'il répète ce mantravingt huit fois le nombre voulu, le pratiquant devenu très sage sera la Maître des vidyâdhara et il deviendra aussi beau que l'amour. S'il répète ce mantratrentefois le nombre voulu, il deviendra l'égal de Brahmâ et de Vishnu. S'il répète ce mantrasoixante fois le nombre voulu, il devient Rudra. S'il répète ce mantraquatre vingt fois le nombre voulu, il devient immortel. S'il répète ce mantra cent fois le nombre voulu, ce superbe yogi s'absorbera dans le suprême Brahman. Un tel pratiquant est difficile à rencontrer dans les trois mondes.

205) Ô Tripurâ, Le sage obtient sans nul doute tout ce qu'il désire c'est-à-dire Shiva Tripurâ, cause initiale et absolue, exempt de modification, qui est de la même nature que le mantra Tad, qui n'est que sérénité, illimité, qui est sans douleur.

206) La Science de Shiva est la plus grande Science, elle est toujours cachée avec attention, ô Maheshvarî! Tous les sages doivent garder secrète cette Science que je viens de révéler.

207) Un yogi qui désire le succès doit impérativement tenir dans le plus profond secret la Science du Hatha-Yoga, parce qu'il est puissant s'il est caché, mais inefficace s'il est révélé.

208) Le sage qui lira sans interruption ce texte du début à la fin obtiendra progressivement et sans aucun doute le succès dans le Yoga. Le sage qui le vénérera obtiendra la béatitude.

209) Il faut faire étudier ce texte à tous les sages qui désirent cette béatitude. Le succès appartient à celui qui s'investit dans la pratique, car comment obtenir quoique ce soit si l'on ne fait rien?

210) Voilà pourquoi le yogi qui veut être efficace doit pratiquer le Yoga selon ce qui vient d'être exposé. Celui qui peut se contenter de ce qui lui arrive naturellement, qui a maîtrisé ses passions, même s'il est chef de famille, il pourra être complètement libre grâce à la pratique du Yoga.

211) Les chefs de famille peuvent obtenir le succès s'ils récitent le mantra ets'ils vivent selon les règles du Yoga. Pour un tel but, le chef de famille doit se consacrer vigoureusement aux pratiques du Yoga.

212) Le chef de famille peut atteindre la félicité s'il s'imprègne de ma philosophie, s'il sait prendre du recul en toutes circonstances, s'il sait pratiquer en secret le Yoga et voir les signes qui indiquent le succès, même s'il continue à vivre chez avec sa femme et ses enfants.

Lire la suite